Toutes les Nouvelles (Rambouillet / Chevreuse)

L’escroc au SMS s’offre des téléphones et un aspirateur

- • F. D.

Lunettes transparen­tes, accoudé sur le box du tribunal de Versailles, Thibaud semble décontract­é. Le rappel à l’ordre est sévère. « Nous ne sommes pas au bar ici. Tenez-vous correcteme­nt ! » Comme un diable sortant de sa boîte, le jeune homme de 23 ans se redresse.

Dans la salle d’audience, ce vendredi 15 mars 2024, tout le monde qualifie son escroqueri­e de détestable. Elle vise une retraitée de 68 ans, habitant à Saint-Arnoult-en-Yvelines. Elle a perdu beaucoup d’argent et des bijoux en or.

Un faux SMS de Darty

Le 27 décembre 2023, la sexagénair­e reçoit un soi-disant SMS de Darty. « Validez votre achat de 2 199 euros. Si vous n’êtes pas à l’origine de cet achat, appelez le 09… »

Immédiatem­ent, elle compose le numéro. Un homme lui répond comme étant le conseiller fraude du Crédit mutuel. Elle est rassurée car il s’agit bien de sa banque. Le piège s’est refermé.

« Le code de sécurité est TRX261»

Le faux banquier demande à la retraitée son numéro de carte bancaire et son code. « C’est OK, je vais tout bloquer. Je vais envoyer quelqu’un récupérer votre CB. On va en profiter pour mettre vos bijoux en sécurité. Glissez-les dans une enveloppe et marquez dessus République française gendarmeri­e nationale. »

L’homme lui donne un code de sécurité à vérifier auprès de son coursier : TRX261.

Il dépense 12 000 euros

Quelques instants plus tard, un homme se présente. Il murmure le fameux code. Elle remet ses biens. Il ne faudra que quelques minutes à l’escroc pour lancer un virement, faire des retraits et se rendre à Paris pour faire ses courses chez Apple, Samsung et Dyson. Il dépensera près de 12 000 euros.

Ces mêmes achats vont confondre Thibaud. Car tout a été enregistré par les caméras de surveillan­ce. Les enquêteurs n’ont eu qu’à recouper les horaires avec les prélèvemen­ts sur le compte de la victime.

Un rictus effacé par la sentence

Face aux gendarmes, ce livreur Uber sans activité, vivant à Versailles, a soutenu qu’il était étranger à tout cela. Il a préféré garder le silence lors de son procès. Il s’est contenté d’un léger sourire lorsque le procureur de la République a pointé du doigt «la difficulté pour les victimes à se faire rembourser les économies d’une vie dans des escroqueri­es de plus en plus fréquentes ».

Un rictus vite effacé par les réquisitio­ns puis la condamnati­on : 15 mois de prison, dont 6 avec sursis. Ce qui se traduit par 9 mois d’incarcérat­ion immédiate.

Newspapers in French

Newspapers from France