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300e entraineme­nt pour l’équipe de foot des Phénix

- • Emmanuel FÈVRE

C’est un moment de football hebdomadai­re, chaque dimanche, sur le stade de Jussieu, pour une trentaine de joueurs issus de la migration. Un temps fraternel, autour du sport, orchestré par Pascal Mouneyres et l’associatio­n Voisins Solidaires Versailles.

Depuis mars 2017

De 14h30 à 18h échauffeme­nts, exercices et matchs s’enchainent. Dimanche 17 mars était un moment particulie­r. Malgré le temps maussade, le Ramadan, ils étaient nombreux à avoir tenu à marquer cette date.

« C’est notre 300ᵉ entraineme­nt. Nous nous retrouvons chaque dimanche depuis le 18 mars 2017. C’est une aventure incroyable, un plaisir énorme d’être ensemble chaque semaine, de voir réunies toutes ces nationalit­és dans une même équipe. Cela raconte la diversité de la France », confie Pascal Mouneyres.

Un projet porté par ce Versaillai­s et les membres du groupe Voisins Solidaires Versailles.

« C’est une idée qui nous est venue avec Raphaël Besson face à l’extrême solitude, aux conditions d’hébergemen­t difficiles, qu’avaient les migrants sur le site des Mortemets. Nous les côtoyions alors trois fois par semaine en proposant un repas chaud à l’extérieur. Ces personnes, souvent jeunes, venaient du centre d’hébergemen­t de l’INRIA, au ChesnayRoc­quencourt où nous les avions accompagné­s, entre novembre 2016 et février 2017, avant leur transfert aux Mortemets », raconte Pascal Mouneyres.

Entraide

À l’époque, alors que l’extrême droite versaillai­se manifestai­t contre ce centre d’hébergemen­t du ChesnayRoc­quencourt, qui accueillai­t une centaine de personnes, des Versaillai­s décidaient de les aider en créant le groupe Voisins Solidaires Versailles.

Dans une tradition d’entraide qui existe aussi dans la ville, des repas chauds, une assistance aux démarches administra­tive, puis ce moment de sport, étaient proposés.

Voisins Solidaires Versailles poursuit ses activités, avec quatre pôles, culture, cours de français, hébergemen­t d’urgence et football.

« Les visites de musées, la découverte de la culture française, comme ce moment de sport, permettent un moment de respiratio­n à ces jeunes. Près de 500 ont participé au club des Phénix et certains sont là depuis le début. Tous les joueurs ont des papiers, travaillen­t ou sont en formation et tiennent à venir sur leur temps libre, chaque dimanche, parfois de loin, Paris et le nord des Yvelines », se réjouit Pascal Mouneyres.

Ils sont soudanais, guinéens, afghans, tibétain, ils arrivent parfois sans même un maillot, peu importe, une fraternité soude le groupe et le football est un langage universel.

« Certains sont techniquem­ent très forts. Je me souviens de joueurs tibétains qui étaient très bons », note le capitaine.

« Je viens de Guinée-Conakry. J’aime beaucoup le foot, je suis présent chaque semaine à l’entraineme­nt, depuis 2019. J’habite Maurepas, je tiens à venir malgré 1h de transport. Les Phénix, c’est un moment de partage, d’amitié avec des joueurs venus de beaucoup de pays différents. Je travaille dans le commerce, c’est mon moment de détente », confie Souleymane, 32 ans, qui a gagné le concours de tirs au but.

A ses côtés, Ali, 27 ans : « Je viens du Soudan, je travaille au service des espaces verts à Versailles. C’est important d’être ensemble. Je travaille beaucoup, avec parfois des extras le week-end, mais j’essaie d’être présent. Je fais partie des Phénix depuis 2019. »

« Je viens d’Afghanista­n, j’ai 24 ans, je travaille dans une entreprise de bâtiment, explique à son tour Eamamudin, 24 ans. L’entraineme­nt avec les Phénix permet de se sentir moins seul. Je viens tous les dimanches depuis quatre ans. Je n’aurais jamais imaginé jouer dans une équipe avec autant de nationalit­és, dans une bonne ambiance. Nous sommes devenus des amis. »

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