Toutes les Nouvelles (Rambouillet / Chevreuse)
Berthe Morisot retrouve la maison où elle a peint au sommet de son art
Ce sera un espace d’interprétation consacré à l’artiste impressionniste qui occupa les lieux, de 1881 à 1884.
La maison de Berthe Morisot, avenue de la Drionne, est en travaux.
Biens avancés, ceux-ci vont s’achever cet été pour une ouverture au public lors des journées du patrimoine, les 21 et 22 septembre prochains.
150 ans de l’Impressionnisme
« Nous fêterons à cette occasion les 150 ans de l’Impressionnisme », annonce Luc Wattelle, maire (SE) de Bougival.
L’une des rares peintres féminines impressionnistes, avec Marie Laurencin, Mary Cassatt, belle-soeur d’Edouard Manet,
Berthe Morisot louait cette petite maison à Bougival.
Le corps central XIXe est le bâtiment d’origine, connue par la peintre, avant d’être agrandi au siècle suivant.
La ville a acheté le site en 2015, qui abritait un cabinet médical.
Après un an d’arrêt, dû à la défection d’une entreprise de gros oeuvre, les travaux ont repris à l’automne 2022.
Des travaux particulièrement spectaculaires. « L’intérieur des structures a été démoli pour ne garder que les murs. L’escalier de la maison, qu’a sans doute connu Berthe Morisot, une partie des poutres de la maison d’origine, ont été conservés. Nous avons décaissé le sous-sol pour construire un auditorium au niveau bas. Pendant ces travaux de reprise en sousoeuvre, les murs étaient soutenus par des butons. C’est un travail de précision qui a été fait par l’entreprise versaillaise Chapelle », témoigne Régis Grima, architecte du patrimoine, en charge du chantier.
Plusieurs toiles emblématiques de Berthe Morisot ont été peintes sur ce lieu de séjour bougivalais : La Fable, les Roses trémières, Dans la véranda ou encore Eugène Manet et sa fille dans le jardin.
« Sur l’une d’elles, peinte dans le jardin, on aperçoit un balcon. C’est probable qu’il s’agisse de celui encore en place au deuxième étage, là où se trouvait la chambre de l’artiste », note l’architecte.
Dans la verdure
L’avenue de la Drionne n’existait pas au temps de Berthe Morisot, percé pour desservir le nouveau pont de Bougival, mis en service en 1969. Devant la maison, sur ce qui est devenu une 2X2 voies, était un espace arboré, longé par la rue de la Princesse qui monte vers le coteau de Louveciennes, aujourd’hui coupée par le carrefour. La maison, dont l’intérêt architectural est très commun, a miraculeusement échappé à la démolition lors de ces grands travaux routiers des années 1960.
Une photo aérienne début XXe témoigne, de ce Bougival disparu. Outre l’escalier, une fenêtre murée a été mise à jour, témoignant de ce qu’était la maison à l’époque de sa célèbre occupante.
« Lors des curages, avant la démolition des planchers et cloisons, nous avons trouvé plusieurs carreaux au pied de l’escalier. Ils seront présentés dans le parcours d’interprétation, avec la forte probabilité qu’ils soient d’époque », se réjouit Régis Grima.
Un parcours scénographique, signé Violette Cros, va permettre de parcourir les différentes pièces de la maison Berthe Morisot, comme si le visiteur entrait chez elle.
Jardins, véranda, cuisine, salle à manger, bureau, chambre, constitueront la déambulation, plongée dans l’univers XIXe, avec des objets, tableaux, évoquant l’artiste, l’Impressionnisme.
L’atelier sera le point d’orgue du parcours avant de revenir vers l’espace d’accueil par un beau jeu de niveaux et d’escaliers organisé par l’architecte. Un espace d’accueil et d’exposition temporaire, en cours d’aménagement, construit entre la maison et la propriété voisine.
« Il fait le lien entre la propriété mitoyenne, reprenant ses proportions, pour s’intégrer dans ce contexte urbain. Cette construction sera recouverte d’une résille métallique qui fera apparaitre le portrait de Berthe Morisot », détaille l’architecte.
Avec la Villa Viardot, tout juste réouverte, la Datcha Tourguéniev, la maison Bizet qui fait l’objet d’un projet culturel, le futur Centre Européen de musique et la maison Berthe Morisot, la petite ville de Bougival se pose comme une capitale culturelle en Île-de-France.