Toutes les Nouvelles (Rambouillet / Chevreuse)

Janvier se prépare à exposer au Sénat

- • Philippe COHEN

Toute une vie consacrée à la peinture. Dans son appartemen­tatelier de Grenonvill­iers, où il travaille depuis 50 ans, Janvier alias Jacques Renault, conserve toute sa carrière d’artiste. Des portraits de gens simples saisissant­s, des scènes dans des paysages de parc pleines de lumière et de sérénité. « Je suis né en 1937 à Paris et enfant, le parc du Bois de Boulogne était l’endroit où j’aimais m’échapper », se souvient l’artiste qui a connu les guerres, la Seconde avec un papa résistant, le souvenir des chars allemands devant le même jardin du bois de Boulogne, puis la guerre d’Algérie, et la vie d’artiste « où on ne roule pas toujours sur l’or ».

« J’admire l’Abbé Pierre »

Sa force est de saisir l’attitude et le visage des plus humbles comme Jacote, la SDF de Rambouille­t qui est décédée dans la rue, ou encore l’Abbé Pierre auquel Jacques Renault voue un culte. « Je l’admire. C’était une tête brûlée, il n’hésitait pas à braver le danger. Je l’ai représenté, la moitié du corps dans l’eau et le visage tourné par son appareil photo, car c’était un amoureux de la photograph­ie et de l’image », commente Janvier devant une grande huile. « Je peins avec de l’huile de Carthame puisée au Moyen-Orient, très célèbre au XIXe siècle pour fixer les couleurs des teinturier­s. Aujourd’hui, elle fixe très bien les couleurs et résiste aux UV. Beaucoup de restaurate­urs du Louvre l’utilisent », explique Janvier devant un grand format où l’artiste peint, mais aussi ponce. « La peinture, ce n’est pas seulement le pinceau. J’utilise les mains, des bouts de bois pour travailler ma toile ».

Dans son atelier, des centaines de toiles révèlent son parcours d’ancien pastellist­e qui se consacre depuis plusieurs décennies uniquement à l’huile, et des oeuvres exposées dans des lieux prestigieu­x comme la Maison Caillebott­e, mécène des impression­nistes. Chaque tableau à une histoire : « Ici, c’est Jean-Louis Barrault dans les Enfants du paradis. Et beaucoup de portraits à partir de croquis sur le vif. J’aime les gens simples. Je comprends ceux qui souffrent, car j’ai moi-même souffert », confiet-il. C’est pourquoi il essaie lors de chaque exposition de vendre une partie de ses oeuvres aux enchères et de renverser la moitié à la Fondation Abbé Pierre.

Il veut organiser une vente aux enchères

Cet été, il a l’infime chance d’être sélectionn­é par le Sénat pour exposer dans l’Orangerie du jardin du Luxembourg ! Il veut profiter de l’occasion pour organiser une vente aux enchères, mais en dehors du site de l’exposition.

Il recherche un lieu de vente proche du Sénat et des bénévoles pour assurer le suivi et la permanence de l’exposition en août. « Lors de ma dernière exposition à Rambouille­t, j’avais pu récolter 30 000€ pour la Fondation », se souvient Janvier, pinceau à la main, sous la lumière montante du champ du Grenonvill­iers, racontant ses maîtres : « Bien sûr Monet, mais surtout les Anglais et John Constable (peintre paysagiste), plus grand que le grand Turner ! Peintre, c’est finalement être honnête et sincère. »

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