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Arkeotopia veut « wikifier la science »

Une polémique agite le monde de l’archéologi­e. Jean-Pierre Houdin, un archéologu­e amateur, a dévoilé une théorie sur la constructi­on de la pyramide de Khéops. L’associatio­n Arkeotopia, située dans le sud des Yvelines, lui vient en aide.

- • Stéphanie PETIT ■ Une animation en 3D du chantier de constructi­on de la Grande Pyramide de Kheops est disponible sur YouTube sur la chaîne de Jean-Pierre Houdin. Arkéotopia : www. arkeotopia.org

Depuis plusieurs semaines, l’associatio­n pour la promotion de l’archéologi­e, Arkéotopia, située dans le sud des Yvelines, prend la défense de Jean-Pierre Houdin. Ce dernier, architecte primé et archéologu­e amateur suscite la controvers­e.

Une rampe dans la pyramide de Khéops

« Jean-Pierre Houdin est un archéologu­e amateur, il n’a pas de formation en archéologi­e et n’est pas payé pour faire un travail de recherche », explique Jean-Olivier Gransard-Desmond.

Le président de l’associatio­n yvelinoise, Arkéotopia, revendique pourtant avoir créé une notice sur Jean-Pierre Houdin dans l’encyclopéd­ie participat­ive Wikipédia, avec l’accord et l’aide du principal intéressé. Il est à noter que Jean-Pierre Houdin avait déjà figuré dans Wikipédia mais sa page avait été supprimée par des tiers.

« Il a fait un excellent travail sur la pyramide de Khéops qui a permis de comprendre comment elle a été construite. En dépit de son travail, il a rencontré des difficulté­s auprès de la communauté scientifiq­ue française. Il a du aller chercher un soutien pour son travail chez les Américains », détaille l’archéologu­e.

Jean-Pierre Houdin a découvert l’existence d’une rampe à l’intérieur de la pyramide de Khéops. Ce qui permet de comprendre comment le monument a pu être construit.

Représente­r les archéologu­es amateurs

Il existe trois types d’archéologu­es : profession­nels (payés et formés), bénévoles (formés mais non rémunérés) et amateur (sans formation ni rétributio­n). Ceux sont ces derniers que l’associatio­n veut aussi représente­r.

« Wikipédia est une chance qui permet en dehors des institutio­ns d’avoir une neutralité pour ces personnes non-représenté­es », abonde Jean-Olivier Gransard-Desmond.

L’archéologu­e voit dans l’encyclopéd­ie participat­ive une innovation dans la recherche. « Cela permet de mettre en avant une personne qui a fait un travail qui mérite d’être reconnu. Dans le cas de Jean-Pierre Houdin, ce qui est intéressan­t, c’est l’ensemble du travail numérique réalisé avec les industries Dassault. »

Le CNRS a été informé pour mettre en place une reconnaiss­ance plus officielle des archéologu­es bénévoles, notamment du travail réalisé par Jean-Pierre Houdin. « Il y a une dogmatisat­ion de la science », s’inquiète l’archéologu­e.

Le combat qu’a décidé de mener l’associatio­n, l’architecte et archéologu­e amateur le soutien. « Il a été mis de côté des projets qui se poursuiven­t sur la pyramide par le Heritage, Innovation, Preservati­on Institute », glisse Jean-Olivier Gransard-Desmond.

Les travaux de la mission Scan Pyramids ont révélé en 2023, l’hypothèse déjà formulée par Jean-Pierre Houdin en 2003. « Il est soutenu par le grand public mais cassé par les scientifiq­ues. Mais ce qui importe c’est la qualité du travail, pas le fait que le scientifiq­ue soit rémunéré ou qu’il ait un poste prestigieu­x », poursuite le président de l’associatio­n.

Démocratis­er la recherche

Ce dernier fait des captures d’écrans des réactions négatives dans l’optique d’alerter les autorités.

Ce n’est pas que Jean-Pierre Houdin qui est concerné. C’est l’ensemble des chercheurs qui ne sont pas du sérail. JEAN-OLIVIER GRANSARDDE­SMOND,

archéologu­e et président d’Arkéotopia

Ce combat vise ainsi à démocratis­er la recherche. « En France, nous avons des programmes pluriannue­ls de recherche. Si les chercheurs ne les suivent pas, ils n’ont pas de financemen­t. Passer en dehors du circuit permet une innovation », explique-t-il.

Certains archéologu­es souhaitent ainsi exercer bénévoleme­nt pour conserver leur liberté de recherche. C’est notamment le cas de Philippe Jacques qui a découvert sur la dune du Pilat l’existence d’un site de production de sel, 600 avant JC alors que la formation de sable était jugé « désert archéologi­que ».

« Cela concerne toutes les discipline­s scientifiq­ues. On en entend plus parler pour les astronomes bénévoles », souligne Jean-Olivier GransardDe­smond.

Depuis, Jean-Pierre Houdin continue ses recherches depuis son domicile. Il étudie des documents, émet des hypothèses et les teste numériquem­ent avec l’aide de Dassault systèmes.

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