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Ces ambulancie­rs sous tension ont proposé un « vis ma vie » aux élus

À l’occasion de la journée nationale des ambulancie­rs, le 8 avril 2024, 20 députés à travers la France étaient en opération « vis ma vie ». Béatrice Piron, députée de la 3e circonscri­ption des Yvelines, était à Versailles.

- • Manon VARALDO

Les ambulancie­rs sont sous tension. À tel point qu’ils ont décidé d’ouvrir leurs portes aux élus. Le 8 avril 2024, la députée de la 3e circonscri­ption des Yvelines a répondu à leur invitation. En observatri­ce.

A chaque journée, ses missions. Elles s’organisent derrière des écrans. Avant que les ambulancie­rs ne partent, c’est Julien, qui s’occupe de la régulation au sein du site de Jussieu secours Versailles. Il reçoit des appels, gère les prises de rendez-vous, l’interface en ligne.

« Il y a un système de géolocalis­ation pour voir l’avancée des missions avec un capteur sur chaque véhicule et sur le portable de l’ambulancie­r. En rouge sur l’écran, cela signifie que l’ambulance est à l’arrêt pour une prise en charge, et en vert qu’elle roule », explique Julien, à la régulation.

80 à 90 patients transporté­s par jour

La régulation doit être rapide puisqu’en moyenne 80 à 90 patients sont transporté­s par jour par les ambulancie­rs de Jussieu secours Versailles.

L’élue a répondu à l’invitation de la Chambre nationale des services d’ambulances (CNSA), première organisati­on profession­nelle à lancer cette opération de transparen­ce. « J’ai beaucoup apprécié la sortie que j’ai pu faire avec les ambulancie­rs, très profession­nels, lors de deux transports médicalisé­s planifiés », assure la députée Béatrice Piron.

Une profession qui manque de bras

L’opportunit­é de voir leur quotidien et les difficulté­s rencontrée­s par cette profession qui manque de bras. 15 000 postes sont vacants dans leur branche.

Ce même lundi, un accordcadr­e national initié par la CNSA avec l’ensemble des acteurs du transport a d’ailleurs été signé avec France Travail pour recruter. « Une quinzaine d’ambulancie­rs sont recherchés pour le site de Jussieu secours Versailles », indique Mohamed Kermine.

« Keolis santé comptabili­se 150 ambulancie­rs, et nous manquons de 150 personnes », ajoute Roland de Barbentane, président de Keolis santé et membre du conseil stratégiqu­e de la CNSA.

Renforcer l’attractivi­té de la profession

Pour recruter plus facilement, la profession demande à l’État de lui ouvrir la valorisati­on des acquis de l’expérience (VAE). Elle permettra d’accéder au diplôme d’état d’ambulancie­r. Avec ce sésame, les auxiliaire­s pourront accéder à un autre statut et bénéficier d’un salaire supérieur au Smic.

L’autre évolution souhaitée concerne le permis de conduire.

« Pour conduire une ambulance, il faut 3 ans de permis.

Un apprenti de 18 ans recruté doit donc avoir 21 ans pour s’installer au volant. Il faudrait abaisser l’âge légal de la formation au C1 directemen­t à 18 ans. Autrement dit : supprimer les 3 ans probatoire­s. Ce qui serait bénéfique pour les 150 apprentis que nous formons chaque année », explique Roland de Barbentane.

20 propositio­ns effectuées par la CNVA

Ces propositio­ns font partie des vingt formulées par la CNSA.

Elle rappelle que la profession réunit 5200 sociétés et 61 000 ambulancie­rs, femmes et hommes engagés, présents sur le territoire national 7jours/7jours, 24 h/24 h (métropole et outremer).

Elle gère 6,3 millions de patients transporté­s et 60 millions de trajets prescrits.

Cela représente 5,7 milliards de dépenses pour le transport de patients, comme l’a récemment déclaré Bruno Le Maire qui souhaite faire des économies. « Mais ce chiffre inclut aussi les taxis convention­nés. Il faut appliquer le numerus clausus pour les taxis convention­nés », plaide Roland de

Barbentane.

Pour faire des économies, il estime qu’il faut aussi « lutter contre la fraude avec une traçabilit­é digitale, c’est-à-dire un suivi numérique du temps de travail sur les véhicules sanitaires légers, les ambulances et les taxis convention­nés; avec une automatisa­tion de la facturatio­n », poursuit-il.

Autre idée : « Il est possible de mettre deux patients dans les ambulances en sortie des urgences. Ça les désengorge­ra. »

Nous avons 30 % d’urgence sur le site de Jussieu secours Versailles. Nos principaux trajets concernent des affections longue durée. MOHAMED KERMINE, DIRECTEUR DE SECTEUR DES YVELINES

On aimerait aussi que les gestes autorisés dans le cadre de l’urgence le soient à domicile. Il faut s’appuyer sur une profession déjà sur le terrain. Les ambulancie­rs pourraient aussi acquérir le statut d’assistant de téléconsul­tation. Mais il faut que cela soit codifié dans la loi. ROLAND DE BARBENTANE, PRÉSIDENT DE KEOLIS SANTÉ ET MEMBRE DU CONSEIL STRATÉGIQU­E DE LA CNSA

Faute d’être entendu, le président de Keolis santé redoute un désengagem­ent de la profession. Profession qui sera surement mobilisée lors des Jeux olympiques. « D’ailleurs, nous n’avons aucune visibilité sur l’événement malgré notre participat­ion aux réunions en préfecture… », déplore Mohamed Kermine.

 ?? Manon VARALDO ?? 80 à 90 patients en moyenne sont transporté­s par jour par les ambulancie­rs de Jussieu secours Versailles. La régulation était effectuée par Julien lundi 8 avril 2024.
Manon VARALDO 80 à 90 patients en moyenne sont transporté­s par jour par les ambulancie­rs de Jussieu secours Versailles. La régulation était effectuée par Julien lundi 8 avril 2024.
 ?? Manon VARALDO ?? Mohamed Kermine (à gauche) et Roland de Barbentane sur le site de Jussieu secours à Versailles.
Manon VARALDO Mohamed Kermine (à gauche) et Roland de Barbentane sur le site de Jussieu secours à Versailles.
 ?? Manon VARALDO ?? Béatrice Piron, députée de la 3e circonscri­ption des Yvelines, a découvert le quotidien des ambulancie­rs de Jussieu secours Versailles lors de l’opération « Vis ma vie », menée par le CNSA.
Manon VARALDO Béatrice Piron, députée de la 3e circonscri­ption des Yvelines, a découvert le quotidien des ambulancie­rs de Jussieu secours Versailles lors de l’opération « Vis ma vie », menée par le CNSA.

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