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Des agriculteurs du pays houdanais s’opposent au bitumage des chemins au profit d’une piste cyclable
Des agriculteurs ont manifesté leur opposition au goudronnage de certains chemins communaux, mercredi 10 avril entre Bazainville et Houdan, envisagé par la communauté de communes du pays houdanais pour développer l’usage du vélo.
« Non au goudron dans les chemins. » « La CCPH détruit notre nature. » « Non à l’imperméabilité des sols ». Les slogans présents sur les pancartes préparées par une trentaine d’agriculteurs, réunis mercredi 10 avril en fin de matinée devant le siège de la Communauté de communes du pays houdanais (CCPH) à Houdan, résument les griefs. D’autres pancartes ont fleuri à l’entrée des chemins communaux ou en bord de route ces derniers jours.
C’est ainsi que ces agriculteurs s’opposent au projet de la communauté de communes d’aménager une partie des chemins communaux entre Bazainville et Gressey en passant par Tacoignières et Richebourg en piste cyclable. « Ce n’est pas tant la création de la piste qui nous pose problème que le revêtement qui sera utilisé, explique François Lecoq, président de l’Union de Houdan de la Fédération départementale des syndicats des exploitants agricoles (FDSEA) Île-de-France. Cela représente 10 000 m² de goudron utilisé pour 5 km. On veut se battre contre cette imperméabilisation des sols qui est vraiment incompréhensible. »
Partis de Bazainville
Une vingtaine de tracteurs est partie un peu plus tôt dans la matinée de Bazainville pour joindre la cité houdanaise en convoi. Le rendez-vous avait été donné par la FDSEA Îlede-France au hameau de Guignonville à l’entrée d’un chemin communal.
« Nous sommes là aujourd’hui alors que nous avons du travail dans nos champs avec ce beau temps pour dire non à cette trame noire (en référence à la couleur du goudron-N.D.L.R) que la CCPH veut nous imposer, continue le responsable syndical. Il est inconcevable de couper cet ilot agricole, élément important des trames verte et bleue, avec du goudron. »
Ce dernier préférerait que de la grève calcaire soit utilisée pour la création de la piste cyclable. ❝
Il est inconcevable de couper cet ilot agricole, élément important des trames verte et bleue » FRANÇOIS LECOQ
Président de l’Union de Houdan de la Fédération départementale des syndicats des exploitants agricoles (FDSEA) Île-de-France
À ses côtés, Jérôme Duchalais, administrateur de la Fédération interdépartementale des chasseurs d’Île-de-France, parle « d’une aberration écologique ». « Les chemins représentent des réservoirs de biodiversité avec notamment des oiseaux qui nichent au sol, comme le busard Saint-Martin, assure-t-il. Les chevreuils aiment se mettre dans les bosquets au moment des naissances sans parler des cailles, faisans et lièvres. »
Pour Jean-Marie Tétart, président de la CCPH, la seule alternative au goudron serait l’usage de sable compacté. « Les vélos et trottinettes ont besoin d’une bande de roulement sans trou ni obstacle que les roues des tracteurs n’arracheront pas », précise-t-il.
Dans un courrier, le président de la CCPH précise qu’un « revêtement en sable compacté demanderait d’être scarifié et recompacté tous les trois à quatre ans pour supprimer végétation et raffinement. » Une expérimentation est toutefois envisagée sur les « tronçons sans passage de tracteurs ni d’engins lourds. »
Le maire de Houdan assure avoir travaillé avec la Région, le Département et l’Ademe pour concevoir une boucle de 34 km au total, dont 6,9 km sur des chemins communaux aménagés, reliant les équipements publics (gares, collèges, centres de santé, gymnases…) de huit communes (Houdan, Maulette, Tacoignières, Richebourg, Gressey, Saint-Lubin de La Haye et Havelu) et répondant aux nécessités du Plan Climat local.
Désaccord sur les usages futurs des pistes cyclables
Les craintes des agriculteurs seraient liées à une multiplication des conflits d’usage avec les cyclistes, promeneurs, coureurs ou cavaliers empruntant les futures pistes, selon Jean-Marie
Tétart. « Nous partageons déjà les chemins, on a l’habitude, assure Loïc Rivière, président des Jeunes agriculteurs (JA) du canton de Houdan. Cela se passe le plus souvent très bien dans le respect et le dialogue. »
Sur les usages futurs de la piste, collectivité et agriculteurs sont aussi en désaccord. « Nous poursuivons l’objectif d’augmenter la part des mobilités douces sur notre territoire afin qu’un déplacement du quotidien sur dix se fasse en vélo d’ici 2030, explique Jean-Marie Tétart. Les nombreuses réponses à l’enquête sur le schéma cyclable (1018, selon les données transmises — N.D.L.R) montrent qu’il y a une demande des travailleurs pour des itinéraires sécurisés et entretenus. » Des travailleurs prêts à braver la météo chaque jour, les agriculteurs n’y croient pas.
« Le passé a montré que les pistes servent avant tout aux balades du dimanche en famille », répond Pierre Rouland, éleveur de volailles et conseiller municipal à Bourdonné présent à la manifestation.
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À l’heure où le service des soins palliatifs ferme à l’hôpital de Houdan et où on a du mal à trouver des médecins, cet argent ne serait-il pas mieux utilisé ailleurs ? » LOÏC RIVIÈRE
Président des Jeunes agriculteurs
Le coût de la future boucle cyclable, 2,5 M€, fait enfin tiquer les manifestants. » À l’heure où le service des soins palliatifs ferme à l’hôpital de Houdan et où on a du mal à trouver des médecins, cet argent ne seraitil pas mieux utilisé ailleurs ? », interroge Loïc Rivière, président des Jeunes agriculteurs (JA) du canton de Houdan.
Parvenus devant la CCPH, les agriculteurs ont installé des carrés de pelouse synthétique au sol et tenu un court point presse. « Nous sommes venus verdir la ville puisque l’on veut bétonner notre plaine », a lancé François Lecoq.