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D’ici 2028, une partie de la ville sera chauffée grâce à la géothermie

La Ville souhaite verdir son réseau de chaleur. Pour cela, elle va faire appel à la géothermie. Un dispositif avantageux financière­ment, mais aussi écologique­ment. Tout devrait être prêt pour novembre 2028.

- • Florie CEDOLIN

Àla menace climatique s’est ajoutée il y a deux ans une très forte volatilité des prix du gaz et de l’électricit­é. Depuis le Covid, la Ville de Versailles réfléchit à une solution plus économique et plus écologique pour son réseau de chaleur : la géothermie qui consiste à injecter de l’eau en grande profondeur et puis la retourner, plus chaude, dans le réseau de chaleur pour chauffer logements et bâtiments.

En délégation de service public

C’est en ce sens qu’une délibérati­on a été votée lors du dernier conseil municipal, en mars, visant à adopter et reconduire le principe d’une délégation de service public (DSP) pour la gestion et l’exploitati­on du réseau de chaleur de la ville de Versailles. Mais contrairem­ent aux années précédente­s, la nouvelle DSP inclura la géothermie.

Versailles va miser sur de la géothermie profonde, avec deux puits, allant jusqu’à 1 500 voire 1 800 m de profondeur. « Pour ces puits, nous allons utiliser le site sur lequel se trouve actuelleme­nt les équipement­s de Verseo, la société exploitant le réseau de chaleur, poursuit François de Mazières. C’est aussi un avantage, car ce site n’est pas en centre-ville. »

Émissions de CO2 divisées par 4, prix divisé par 2

La géothermie a plusieurs bénéfices, avait indiqué François Darchis, adjoint au maire en charge du dossier, en conseil municipal : « Réduction des émissions de CO2, stabilité et réduction des prix et capacité d’étendre le réseau à Satory ».

Les émissions de CO2 devraient ainsi être divisées par quatre et le prix divisé par deux et devenu stable, aux alentours de 120 € le MWh contre 230 actuelleme­nt. « Le prix sera essentiell­ement lié au remboursem­ent de l’investisse­ment, précise François Darchis. Actuelleme­nt, les prix de l’énergie sont très sensibles à la géopolitiq­ue, c’est un risque permanent. Avec la géothermie, le prix sera stable pendant 30 ans, il n’y aura pas de surprise. »

82 millions d’euros d’investisse­ment

L’investisse­ment, de l’ordre de 82 millions d’euros hors taxes, avant la subvention du Fonds Chaleur, sera fait par l’opérateur qui remportera le marché et non la Ville. C’est d’ailleurs pour cela que la Ville a choisi le principe de la délégation de service public : ce sera au délégatair­e d’investir, produire, distribuer, commercial­iser la chaleur aux abonnés du réseau.

Si la géothermie ne permet pas de chauffer toute la ville, elle continuera à alimenter le château, l’armée, de nombreux bâtiments municipaux et copropriét­és du sud de la Ville, ainsi qu’une importante extension dans le futur quartier de Satory Sud.

Il ne sera pas possible en revanche d’étendre le réseau au reste de la ville. « Notamment, pour les pavillons, une solution serait plutôt la géothermie de surface, plus simple à mettre en oeuvre », précise François Darchis. Cette solution est d’ailleurs mise en oeuvre pour le nouveau quartier de Gally en constructi­on, assurant ainsi 70 % des besoins de chaleur du quartier. ❝

Nous avons la chance d’avoir un réseau de chauffage urbain de 23 km. Ce réseau sera prolongé vers le nouveau quartier de Satory Ouest. FRANÇOIS DE MAZIÈRES, MAIRE DE VERSAILLES

Nous réfléchiss­ons également à tester la géothermie de surface pour chauffer certaines écoles de la Ville. FRANÇOIS DARCHIS, ADJOINT AU MAIRE DÉLÉGUÉ À L’ENVIRONNEM­ENT ET AUX PROJETS INNOVANTS

Reste, pour totalement boucler le projet, à trouver une solution de «complément de chaleur », indispensa­ble pour la géothermie qui ne fournit pas l’intégralit­é du besoin de chaleur pendant une partie de l’hiver, l’eau de retour des profondeur­s ne dépassant pas les 60 °C. En général, ce complément de chaleur est assuré par la combustion de la biomasse, mais à Versailles, ce sera impossible.

Complément à trouver

« Il faudrait une cheminée de plus de 20 mètres pour cela, indique le maire. À Versailles, avec le secteur sauvegardé, ce n’est pas possible. Nous avons entamé une démarche auprès du ministère pour obtenir une dérogation. Nous pourrions imaginer recourir au biogaz, bien que cette énergie ne soit pas à ce jour autorisée dans les critères pour obtenir les subvention­s nécessaire­s. »

Le principe de la délégation de service public ayant été voté en conseil municipal, la Ville va maintenant lancer la consultati­on des opérateurs. Le choix du délégatair­e devrait intervenir fin 2025. Les forages sont prévus en 2027 pour une mise en service en novembre 2028.

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Illustrati­on/Julia GUALTIERI La géothermie permettra d’ici 2028 de chauffer une partie des bâtiments à Versailles tels que le château, les logements de l’armée ou encore des locaux municipaux.

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