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Dans cette station d’épuration, le climat au travail est pollué

Santé, sécurité, salaire… Une grève illimitée est en cours depuis le 16 avril 2024 à la station d’épuration de Saint-Cyr-l’École.

- • Manon VARALDO

À l’approche de la station d’épuration située à Saint-Cyrl’École, des grévistes agitent des banderoles jeudi 18 avril 2024.

Depuis le mardi 16 avril, douze des vingt-deux employés de l’usine Carré de réunion, qui traite les eaux usées de quatorze communes de la plaine de Versailles, sont mobilisés. Ils promettent une grève illimitée. Une caisse de grève a été mise en place pour tenir la distance.

Leurs revendicat­ions ? « Les conditions de travail sont à revoir. Le matériel utilisé est vétuste », résume Marco. « Nous sommes proches des sites olympiques. L’usine à l’extérieur est belle, et des travaux sont effectués pour recouvrir une dalle béton d’un collecteur (arrivée d’égout), mais à l’intérieur le matériel est défectueux, complète Sébastien, salarié ici depuis douze ans. Nous prenons des risques. »

Prime de salissure et revalorisa­tion salariale

Les grévistes réclament également une prime de salissure (frais de nettoyage et d’entretien de la tenue de travail), mais aussi une revalorisa­tion salariale. « Je gagne 1600 € net par mois et nous avons quelques primes, observe l’un des derniers embauchés. Ma fiche de poste ne correspond pas à ce que je fais. J’en fais beaucoup plus. Nous demandons une augmentati­on de 300 €. »

« Les primes, en plus, elles ont beaucoup diminué, souligne un ancien de la station d’épuration. Avant, elles pouvaient représente­r un salaire. »

« Nous restons profession­nels »

La station d’épuration fonctionna­nt 24 h/24, les grévistes se relaient par roulement. « Nous faisons grève à tour de rôle pour maintenir en fonction l’usine afin d’éviter une éventuelle pollution ou un risque environnem­ental. Nous restons profession­nels, et voulons être entendus. »

La sécurité est leur credo :

« Nous avons beaucoup de manipulati­ons

et de procédés à effectuer qui demandent de respecter des règles de sécurité très strictes. Il y a un risque élevé pour la santé, et nous n’avons pourtant aucune prime d’insalubrit­é, de salissure. Le matériel utilisé est insalubre. Il y a déjà eu des problèmes avec des dépotages de produits chimiques. »

DES SALARIÉS GRÉVISTES

« Il m’est reproché de l’insubordin­ation et un manquement à une règle de sécurité sur une interventi­on qui n’a

pourtant pas eu lieu » UN GRÉVISTE CONVOQUÉ POUR UN ENTRETIEN PRÉALABLE À UN POSSIBLE LICENCIEME­NT

Tension avec la direction, droit d’alerte déclenché

L’ambiance générale entre salariés et managers au sein de la station d’épuration serait, par ailleurs, jugée « délétère ». « Il y a eu une expertise sur les risques psychosoci­aux l’an dernier, effectuée par un cabinet et mandatée par le CSE [comité social et économique] de l’entreprise », rapporte Benjamin Guignard, délégué syndical Sud industrie.

« Dans les 70 pages, le management est pointé du doigt. Il y a un peu plus d’un mois, j’ai redéclench­é un droit d’alerte en raison des tensions avec les salariés », poursuit-il.

Un salarié sous la menace d’un licencieme­nt

Si cette grève a été lancée (préavis déposé la semaine dernière, N.D.L.R.), c’est aussi pour apporter un franc soutien

« à notre collègue convoqué pour un entretien préalable pouvant mener à un licencieme­nt. Les raisons ne sont pas valables, estime Benjamin Guignard. On tiendra bon pour que notre collègue ne soit pas sanctionné. »

L’homme mis en cause par sa direction est lui aussi gréviste : « Je travaille depuis plus de vingt ans pour le groupe Suez, et aujourd’hui pour la Sevesc [filiale du géant de l’assainisse­ment depuis 2010]. Je n’ai jamais fait de fautes ou eu d’avertissem­ents. »

Pour toutes ces raisons, certains pensent même à démissionn­er. « Si nous avons un accident, ça pourrait se retourner contre nous, c’est ce qu’on se dit. Les conditions ne sont pas bonnes », partage l’un des grévistes.

Par solidarité, des salariés d’autres sites sont venus soutenir leurs collègues. C’est le cas de Nicolas. « Je suis technicien urbanisme pluvial, et actuelleme­nt en vacances. Je suis venue des Hauts-de-Seine. »

 ?? VARALDO Manon ?? 12 des 22 salariés de la station d’épuration de Saint-Cyr-l’École sont en grève depuis le mardi 16 avril 2024. Leurs revendicat­ions sont nombreuses. Elles concernent notamment la sécurité.
VARALDO Manon 12 des 22 salariés de la station d’épuration de Saint-Cyr-l’École sont en grève depuis le mardi 16 avril 2024. Leurs revendicat­ions sont nombreuses. Elles concernent notamment la sécurité.

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