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Damien Béal récompensé du prix régional au concours Ateliers d’art de France

- • Emmanuel FÈVRE ■ Jusqu’au 16 juin, musée de la Toile de Jouy, 54, rue Charles-de-Gaulle. Ouvert le mardi de 14 h à 18 h et du mercredi au dimanche, de 11 h à 18 h. museetdj@jouyen-josas.frTel : 01 39 56 48 64. Damien Béal, 40, rue d’Anjou, Versailles

Le menuisier, ébéniste, maroquinie­r, Damien Béal est lauréat régional, catégorie création, du concours 2024 des Ateliers d’art de France.

Le tapis en cuir de l’artisan versaillai­s a séduit le jury, qui lui permet par ce prix de participer à la finale nationale dont le résultat sera annoncé en juillet prochain.

Cette année, le syndicat profession­nel dédié aux artisans est partenaire du Musée de la Toile de Jouy.

L’espace muséal expose jusqu’au 16 juin les oeuvres du concours régional, dont celles des lauréats, Damien Béal et Mélanie Kaltenbach, catégorie patrimoine.

Tapis-tableau

Damien Béal participai­t pour la troisième fois à cette biennale qui réunit la fine fleur de l’artisanat hexagonal.

Parmi 12 candidats en Îlede-France, la tâche s’annonçait rude pour séduire le jury. Mais avec son tapis extraordin­aire, qui pourrait être tout aussi bien un tatami, un rideau, un tableau abstrait polychrome, Damien

Béal a volé sans contestati­on au-dessus du lot.

Baptisée Îlot, son oeuvre est aux frontières de l’objet usuel et de l’oeuvre d’art.

Composée de 3255 pièces de cuir, pouvant se rouler, Îlot est le résultat d’une technique d’assemblage mise au point par l’artisan. « J’ai fabriqué un emporte-pièce qui m’a permis de fabriquer ces maillons, autobloqua­nts, clipsés ensuite ensemble. »

Le maroquinie­r versaillai­s, dont l’atelier boutique est installé au quartier Saint-Louis, a su s’inscrire dans la tradition du travail des peaux, tout en créant un objet dont le cuir n’était jusqu’ici par le matériau de prédilecti­on.

Réemploi

« Le jury a salué tout le parcours de Damien Béal, artisan du bois et du cuir, son imaginatio­n, sa technicité. Nous avons été impression­nés par la manière de réinventer un usage pour ce matériau. Une démarche écorespons­able qui utilise des chutes qui auraient dû partir à la poubelle. Fabriquer

un objet d’exception à partir de rebuts a pesé dans l’attributio­n de cette première place régionale », confie Charlotte du Vivier-Lebrun, directrice du musée de la Toile de Jouy, membre du jury.

Damien Béal crée sacs, pochettes et toutes sortes d’objets en cuir qu’il associe ou non à des pièces de bois.

Son atelier voit des bacs déborder de chutes de cuir qu’il ne s’est jamais résolu à jeter. Il en a créé des tableaux abstraits, dont une collection est visible au restaurant La Table du 11, des objets façon vannerie, avec des lacets de cuir et cet Îlot, pièce maitresse de ce travail sur le réemploi.

Le rebut devient ressource

« Je souhaite redonner de la valeur à une chose qui pourrait sembler ne plus en avoir. Je me place au service de la matière et non l’inverse, pour la préserver. J’ai voulu prouver que ce qui pouvait sembler être un déchet n’en est pas un et possède de la valeur. Mes rebuts deviennent alors une ressource. La chute, le déchet, prend ses lettres de noblesse en devenant une oeuvre d’art », confie le menuisier-maroquinie­r.

Damien Béal se place dans une démarche de frugalité pour économiser la ressource. « Peutêtre qu’un jour, elle disparaîtr­a. Il faudra alors utiliser l’existant, recycler », dit-il.

Utiliser un savoir-faire pour valoriser, recycler, sans consommer davantage, dont Îlot devient le symbole.

Dans cette démarche économe, le maroquinie­r n’utilise que des cuirs de bovins issus de l’industrie alimentair­e. Des cuirs français, au tannage végétal.

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