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Tilleuls abattus : la colère gronde
Des habitants du quartier de Montreuil ont créé l’association Versailles Montreuil environnement pour s’opposer au projet de réaménagement de la Ville du boulevard de la République.
Lundi 11 juillet. Il est 9 heures sur le boulevard de la République lorsque les riverains et les habitants du quartier découvrent avec effroi que l’abattage des tilleuls a commencé.
Depuis plusieurs semaines pourtant, les riverains se battent contre le projet de la Ville du réaménagement du boulevard. Celui-ci prévoit la création d’un stationnement réglementé payant, de deux pistes cyclables le long des voies de circulation pour véhicules mais aussi, et surtout, l’abattage des tilleuls. Un projet qui ne passe pas.
Ce lundi matin donc, c’est avec surprise que les habitants ont découvert que le chantier commençait. « On ne pensait pas que cela arriverait si vite » , indique une habitante du quartier. « C’est triste de voir cela. J’habite le boulevard depuis 30 ans, indique Didier. Ils ont dit qu’ils allaient replanter des arbres mais ce ne sera pas des tilleuls. Ils veulent faire comme sur l’avenue de Porchefontaine, mais ce n’est pas beau ! On nous dit que c’est pour le bonheur des riverains ! Le bonheur malgré eux ! En plus, il n’y a eu aucune concertation. Cela se sentira sans doute lors des prochaines élections… »
Les sittings aux pieds des arbres ce lundi matin n’ont pas suffi à empêcher leur abattage, entre la rue Alexis-de-fourcault
et la place Thiers. L’association Versailles Montreuil environ
nement, créée il y a seulement quelques semaines pour contrer le projet municipal, avait pourtant mobilisé quelques troupes. Une dizaine de versaillais tentaient de protéger les arbres. En vain.
Manque de concertation
« La mairie s’est lancée dans un projet d’urbanisme qui rappelle les excès des années 1960, explique l’association Versailles Montreuil environnement. Elle prévoit d’abattre les 150 à 200 tilleuls qui bordent le boulevard de la République ; ces tilleuls doivent être remplacés par des arbustes à fleurs enfermés dans des bacs de béton. » L’association souligne aussi l’intention de la municipalité « de supprimer une centaine de places de stationnement, sans étude préalable ni aucune solution durable de remplacement » . « Cela va créer une pénurie artificielle des stationnements dans un quartier résidentiel jusque-là tranquille » , note l’association. Enfin, la création d’une piste cyclable « à même la route, au contact des voitures » n’est pas non plus du goût des riverains. Au-delà de ces griefs, c’est
aussi la méthode de la Ville que l’association remet en cause. « Le projet n’a fait l’objet
d’aucune concertation, note Jean Sigalla, président de l’as
sociation. Le conseil de quartier aurait normalement dû consulter les habitants. Mais les débats ne se sont pas faits dans la sérénité puisque le président du conseil de quartier n’est autre qu’hervé Fleury, l’adjoint au maire chargé de la voirie. Nous avons découvert le projet et nous avons très peu d’éléments. Le conseil de quartier, dans sa composition actuelle, n’a pas joué son rôle. Ce projet ne correspond pas au souhait des habitant. Nous demandons qu’une véritable concertation ait lieu et que le projet soit largement présenté. » L’association Versailles Montreuil environnement a ainsi lancé une pétition, recueillant déjà plus de 300 signatures.
Face à cette mobilisation, la Ville a édité en milieu de semaine dernière une lettre adressée à tous les résidents du quartier. Dans ce tract, Hervé Fleury, indique que « la municipalité a décidé de mener les travaux de la première phase mais de rouvrir la concertation sur la seconde partie entre l’avenue des Etats-unis et la rue de Montreuil » . Une information qui ne passe pas auprès des riverains. « Pourquoi ne pas avoir fait de la
concertation avant, s’interroge Sylvie Pébrier, membre de l’as
sociation. Ce mot a du plomb dans l’aile ! En somme la mairie nous dit, on continue et on
parlera plus tard. Mais cette première tranche signifie déjà l’abattage d’une quarantaine d’arbres en bonne santé. »
2e et 3e phases en sursis
L’association souligne aussi la dangerosité de la future piste cyclable qui, en attendant la fin totale des travaux, se terminera dans la zone la plus étroite du boulevard. Quant à la mise en place du stationnement payant pour favoriser celui des résidents, les membres de l’association n’y croient pas. « S’il y avait une étude, on pourrait éventuellement le croire, mais nous n’avons aucune preuve que ce soit vrai, poursuit Syl
vie Pébrier. Ce projet ne règle aucun problème d’embouteillage, de stationnement ou de pollution. Nous devrions au moins avoir le choix entre deux projets. »
Lors du conseil municipal de jeudi soir, le maire a néanmoins indiqué que les services techniques de la ville avaient procédé à une étude : une centaine de véhicules ventouse stationneraient chaque jour dans le quartier. « Je reconnais que c’est un sujet délicat, a déclaré François de Mazières, alors que des membres de l’association Ver- sailles Montreuil environnement étaient dans la salle et n’ont pas eu le droit de s’exprimer. Chacun a ses idées, c’est légitime, avec des points de vue tranchés. » De son côté, Hervé Fleury
reconnaît un « manque de pédagogie » . « Nous avons mis les deuxièmes et troisièmes phases du projet en sursis,
annonce-t-il, pour reprendre une démarche associative. Nous allons proposer à un représentant de l’association d’intégrer la commission voirie du conseil de quartier. Il reste des points sur lesquels travailler comme le carrefour du petit square, la place Lesseps ou encore les traversées pour aller à la gare. »
Face à la mobilisation des riverains lundi, le maire recevra les membres de Versailles Montreuil environnement le 19 juillet prochain. En attendant, les arbres sont tombés, boulevard de la République.