Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)
Cernay était le centre artistique du XIXE siècle !
Avez-vous déjà entendu parler de Léon Germain Pelouse, médaillé à l’exposition universelle et exposé au musée d’orsay, à Paris ? Et de Winslow Homer, à qui le Metropolitan de New York consacre une salle entière. Connaissez-vous Kroyer ? C’est un des peintres les plus reconnus au Danemark et en Norvège, sa terre natale.
Mais qu’ont de commun tous ces artistes oubliés ? Ils sont passés par Cernay-la-ville, entre les années 1850 et le début du siècle suivant. « Plusieurs facteurs vont faire de Cernay le lieu idéal pour les peintres, analyse Dimitri Dutat, président de l’association des peintres en vallée de Chevreuse (APVC). Tout d’abord, Barbizon, qui abrite une célèbre colonie d’artistes, commence à souffrir de surpopulation. Le dimanche, le village est envahi de promeneurs. Ensuite, il y a l’arrivée de la ligne de chemin de fer jusqu’à Limours pour les Parisiens. Et enfin, l’invention des tubes de peinture va permettre aux peintres de s’installer en pleine nature pour travailler. »
Pelouse, chef de file
C’est ainsi que se crée la colonie des artistes paysagistes de Cernay, emmenée par le charismatique Pelouse. « Ce n’est peut-être pas le plus talentueux mais c’est celui qui a su le mieux rassembler ses pairs », estime Laura Leca, responsable du Petit Moulin.
C’est là, depuis la fin de l’été dernier, que sont exposés deux tableaux de cette colonie, Sousbois au crépuscule de Pelouse et Un hiver à Cernay-la-ville d’édouard Gendrot (un prêt du musée d’orsay). « Le Petit Moulin n’a pas vocation à être un musée de ces peintres paysagistes, précise la responsable. Mais nous travaillons beaucoup avec la mairie et l’association, notamment pour organiser des expositions temporaires et révéler le passé artistique de ce lieu. »
La municipalité dispose elle-même d’une vingtaine de tableaux de cette colonie. Ils sont visibles lors de visites et sur demandes. En 2014, consciente de son riche passé artistique, Cernay a adhéré à un groupement européen de villes artistiques.
670 tableaux recensés
L’association Peintres en vallée de Chevreuse a été créée en 2007 par Patrick Levesque et est présidée aujourd’hui par Dimitri Dutat. « Depuis le début, l’association s’est donnée pour ambition d’associer les peintres paysagistes qui se sont installés à Cernay-la-ville au XIXE siècle et les artistes contemporains de la Vallée de Chevreuse », insiste ce dernier.
L’association a recensé pas moins de 670 tableaux inscrits aux salons parisiens entre 1850 et 1900, avec dans leur titre une mention à cette vallée. Parmi toutes ces toiles, les bénévoles - un tiers d’artistes, un tiers de collectionneurs et un tiers de « simples » passionnés - travaillent sur ceux ayant reçu une médaille. « Nous avons encore un boulot énorme à faire », admet le président. Un travail de titans qui permet de sortir de l’ombre des artistes méconnus, oubliés par l’histoire de l’art au profit de l’école de Barbizon et des premiers impressionnistes. « Tous les deux ans, nous essayons de faire une exposition pour rendre hommage à un peintre. Quand nous avons travaillé sur Homer, cinquante musées américains nous ont demandé notre bulletin. Une immense preuve de reconnaissance », conclut Dimitri Dutat.
Entre 1850 et 1900, Cernay-la-ville, en vallée de Chevreuse, a accueilli plus de 800 peintres français et étrangers. Ces artistes ont été complètement oubliés par l’histoire de l’art en France. Depuis 10 ans, une association se bat pour les faire sortir de l’ombre.