Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

Pour 150 euros, il veut arracher les yeux de l’inspectric­e des impôts

- F. D.

Lahouari compte tous les jours chaque pièce de monnaie. Il ne gagne pas bien lourd, une centaine d’euros par semaine en faisant le ménage au noir dans un café de Drancy (Seine-saintdenis). Alors, lorsqu’il a appris qu’il avait trop versé au Trésor public, son coeur a fait un bond dans sa poitrine. Motivé à l’idée de récupérer 150 euros, il s’est rendu au centre des impôts de Guyancourt. Le fisc lui avait fait parvenir un chèque. Mais l’homme de 53 ans ne possède pas de compte bancaire. Il a donc décidé d’aller sur place pour l’échanger contre des espèces.

Arrivé au guichet ce lundi 7 août, vers 14h, il explique sa démarche. L’opération est possible mais il faut présenter deux pièces d’identité. Lahouari ne possède que des photocopie­s. Il demande à l’employée d’appeler sa responsabl­e. Celle-ci n’en démord pas. La règle est la règle. Il doit revenir avec les originaux.

« Je vais vous retrouver »

La rigueur administra­tive a raison de son calme. Le contribuab­le s’emporte et lance des promesses. Plutôt des menaces. « Je connais la prison. Vous pouvez appeler la police, ça ne me dérange pas. À ma sortie, je vais vous retrouver. Et toi (à l’adresse de la responsabl­e), je vais te retrouver chez toi et t’arracher les yeux. » Il n’en fallait pas plus pour faire verrouille­r les portes du centre et attendre l’arrivée d’une patrouille.

« Cette dame est adorable »

Deux jours plus tard, l’audience a révélé le lourd passé judiciaire de Lahouari : 15 ans infligés par la cour d’assises pour vol à main armé et séquestrat­ion, double évasion… Pour autant, son attitude a été d’un contraste saisissant. « J’ai tenu des mots que je ne pensais pas. C’est de ma faute. Je n’ai pas voulu écouter l’inspectric­e des impôts. Je m’excuse et je suis certain que cette dame est adorable », a-t-il lancé face à la victime.

Sourires dans la salle d’audience… « Vous savez monsieur le juge, j’ai arrêté avec le grand banditisme. Maintenant, je peins et je m’occupe de mes petits-enfants. »

Le procureur de la République avait requis quatre mois d’incarcérat­ion. Les juges ont prononcé cette durée mais avec la possibilit­é d’un aménagemen­t. Pour le symbole, Lahouari devra verser 1euro de dommages et intérêts à l’inspectric­e des impôts.

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