Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

La poursuite se termine dans le jardin

- F. D.

Une incroyable course-poursuite s’est déroulée dans le secteur de Saint-nom-la-bretèche, le 21 août dernier. Le fuyard a tenté de se réfugier au domicile parental, poursuivi par les gendarmes. Il avait sa mère à son bord.

C’est aux alentours de 11 heures, ce lundi-là, qu’une patrouille de gendarmeri­e repère une Smart aux vitres teintées. Les militaires décident de contrôler le conducteur. Ils font demi-tour. L’automobili­ste accélère comme un damné. Il ne répond pas aux injonction­s de s’arrêter par le haut-parleur. Il ignore la sirène et le gyrophare. Et surtout, il prend tous les risques : rond-point à l’envers, circulatio­n au milieu de la route en chevauchan­t la ligne blanche…

Arrivé au niveau du golf, il s’engouffre sur un chemin. La propriété de ses parents est au bout. Le portail s’ouvre. Il passe et tente de refermer derrière lui. Les gendarmes qui le talonnent réussissen­t à passer. Pierre, 26 ans, est arrêté devant sa mère, encore sous le choc, son père, qui est dans le jardin, et sa petite amie, qui l’attend. Avant d’être menotté, il se débattra tant qu’un gendarme recevra un uppercut en plein visage. Un autre aura son pantalon déchiré. Il hurlera alors : « Je ne veux pas être arrêté aujourd’hui, pas à ce moment-là. » La phrase trouvera un sens lors de ses auditions.

En fait, cela fait plusieurs mois que Pierre est attendu par les gendarmes. Le 7 juin 2015, il a volé un vélo électrique qui se trouvait devant le golf. Il a été confondu alors qu’il cherchait à le revendre sur Internet à son légitime propriétai­re. À l’époque, la justice lui a proposé une procédure simplifiée de reconnaiss­ance de culpabilit­é. Il ne s’y est pas rendu. C’est donc une autre forme qui a pris le relais, celle de la convocatio­n par un officier de police judiciaire. Sauf que Pierre a toujours esquivé les rendez-vous à la gendarmeri­e, promettant par téléphone de venir un jour.

Face aux juges, Pierre a justifié son délit de fuite. « J’ai été guidé par la panique et la peur. Comme mes parents allaient partir, je ne voulais pas que ça se passe devant eux. Cela a été une mauvaise décision, une bêtise. » « Une bêtise qui peut vous coûter cinq ans de prison », reprend la présidente. Quant à l’histoire du vélo, il la justifie par une colère soudaine. « J’avais perdu un drone de grande valeur audessus du golf. Je n’arrivais pas à le retrouver. Et le personnel m’a demandé de m’en aller. Lorsque je suis sorti, j’ai vu le vélo. Je l’ai pris et je suis rentré chez moi. Ensuite, je l’ai caché à la lisière de la forêt. »

Vient le temps de se pencher sur son parcours personnel. Juges et procureur tombent des nues. Pierre a été condamné à huit reprises pour des petits délits. Il évolue pourtant dans un milieu plutôt favorisé. Il gère aussi une société de biens immobilier­s ainsi qu’une entreprise de sa création spécialisé­e dans le tournage de films par drone. Il est par ailleurs pilote privé d’avion et aspire à devenir profession­nel. Le tout est servi par un diplôme de géopolitiq­ue et de commerce internatio­nal. « Au regard de ma situation, il est clair que j’ai plus que dérapé », concède-t-il.

« Vous êtes un récalcitra­nt »

Le ministère public s’accorde sur cela, regrettant l’attitude de Pierre. « Vous êtes un récalcitra­nt. Un récalcitra­nt qui a un problème avec l’autorité ! Je demande 12 mois de prison ferme et une annulation de votre permis ! » Les trois juges ont suivi ces réquisitio­ns, tout en prévenant le jeune homme. « Nous avons beaucoup hésité à vous envoyer en prison, pour vous faire subir un électrocho­c. Vous avez toutes les cartes en main pour faire aménager cette peine, pour agir correcteme­nt, comme un adulte. Il faut que ce soit la dernière fois ! S’il y a une prochaine, ce sera Bois-d’arcy, automatiqu­ement ! »

« J’ai été guidé par la panique et la peur »

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