Cadre en costume cravate, il enfile le soir le costume de Star Trek

« Longue vie et prospérité » aimait dire Monsieur Spock. Soixante et un ans après le lancement de Star Trek, on pourrait penser que cette phrase était destinée à la série elle-même. Ce monstre de la télévision compte encore de nombreux adeptes. Certains lui consacrent même un amour démesuré, à l’image de Farid Hammoudi, Limayen de 52 ans. Ce « trekkie », comme s’appellent les inconditionnels des aventures du Capitaine Kirk, a rejoint depuis un an le Star Trek french club (STFC), communauté d’environ 80 membres, créée en 2015. Ils se rencontrent, organisent des événements autour de la série et participent à des salons dédiés. « Entre fans, on aime se déguiser, pour parler des préoccupations mondiales », confie-t-il.

Professionnellement parlant, le Limayen est bien loin d’avoir la tête dans les étoiles. Médiateur diversité et égalité des chances pour une entreprise d’intérim, il enquête autour des cas de discriminations que lui signalent les intérimaires et intervient dans la gestion des conflits internes, multipliant les déplacements. « Mon terrain va de Lille à Marseille, et de Strasbourg à Rennes », sourit l’intéressé, spécialisé dans les situations épineuses : racisme, homophobie, misogynie, discriminations physiques, religieuses… Le CV de ce cadre est auréolé d’un passage à la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) et d’une expérience en tant que défenseur des droits.

Dans son complet cravate, difficile alors de l’imaginer en train de faire un cosplay de Capitaine Kirk. Pourtant, le soir, il passe de l’entreprise à Enterprise, le nom des vaisseaux de la série. Et pour lui, il y a un lien « évident » entre ces deux activités. « Quand on regarde bien, Star Trek prône l’antiracisme. Sur Starfleet, toutes les communautés vivent en paix, dans la tolérance, selon les mêmes règles, explique-til. Avec comme philosophie d’éliminer la faim, l’argent, la guerre, pour mettre tout le monde au même niveau sur la planète. Et c’est ça que j’aime dans Star Trek ! »

Gadgets à gogo !

Cette passion dévorante passe par la collection de goodies. Chez lui, son bureau ressemble à un musée consacré à sa fiction fétiche : figurines, costumes, accessoires en tout genre… Ce mordu de sciencefiction amasse aussi les produits dérivés de Star Wars et Game of Throne et regarde des séries comme Walking Dead, Galactica, V, Les envahisseurs…

Mais il voue un véritable culte à Star Trek. Son téléphone est même habillé d’une housse en forme de communicateur, l’ancêtre du smartphone créé par les scénaristes de la série, et relié par Bluetooth à un badge Starfleet, épinglé sur lui. Ainsi, il peut passer des appels en parlant dans son badge, à la manière du Capitaine Kirk. « Je ne le porte pas tout le temps, précise-t-il. C’est bien pratique quand je tonds ma pelouse par exemple, mais aussi sur les salons, avec les membres du STFC. »

Dingue de cet univers, le quinquagénaire, qui croit aux extraterrestres, s’essaye même régulièrement aux voyages interstellaires… Confortablement installé dans son salon, via sa console de jeux, en réalité virtuelle.

Star Trek : 726 épisodes, treize films ; du vu et revu pour Farid qui connaît les répliques cultes et les séquences qui ont marqué l’oeuvre. « Dans la première saison, Kirk embrasse une femme noire, Uhura. C’était la première fois à la télévision américaine qu’un blanc embrassait une black. Dans les années 60, ils ont montré le futur », relève, fasciné, cet homme marié, père de deux enfants.

Il n’est pas avare non plus en anecdotes sur les coulisses de la série : « Les portes coulissantes, on les voyait dans Star Trek avant qu’elles n’arrivent dans les magasins, s’amuse-t-il. Et bien dans la série, des techniciens, hors champ, étaient chargés de les ouvrir. Il arrivait qu’ils s’endorment, alors les acteurs tapaient dessus pour les réveiller. »

À défaut d’avoir rencontré un des acteurs de la série ou les extraterrestres (l’un de ses souhaits), le quadragénaire a croisé récemment… quelqu’un qui a voyagé dans l’espace. Il a pu discuter avec le spationaute français Jean-françois Clervoy, lors des 70 ans du Groupement des industriels de la région mantaise (Gir), au printemps dernier à Bonnières-sur-seine. Il n’oubliera pas de sitôt : « C’est une grande satisfaction, se félicitet-il. C’est quelqu’un qui côtoie les étoiles. Il est allé là où peu d’hommes iront. » Et, détail non négligeable pour Farid : « Il aime beaucoup Star Trek. » Une photo dédicacée du cosmonaute trône en bonne place dans son petit musée personnel.

Renaud Vilafranca ■ www.star-trek-french-club. fr

Dans la vie de tous les jours, quand on croise Farid Hammoudi, cadre spécialisé dans la gestion des conflits, on est bien loin d’imaginer qu’il est un fan de Star Trek vivant sa passion à fond : collection d’objets, participations à des salons, déguisement. Il a travaillé pour la Halde et comme Défenseur des droits « Ils ont montré le futur »