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L’ex-maître-nageur devenu policier sauve une femme de la noyade

Marvin, un gardien de la paix de 26 ans, s’est jeté dans la Seine le 23 août pour porter secours à une femme qui voulait mettre fin à ses jours. La désespérée a été ramenée saine et sauve grâce à l’interventi­on conjuguée d’un plongeur des sapeurs-pompiers

- David Goudey

C’est l’histoire d’un héros ordinaire. Il était aux alentours de 18 h 45, le mardi 22 août dernier. Marvin, un gardien de la paix de 26 ans, et ses collègues de la brigade de Vernouille­t patrouille­nt à ce moment-là dans le secteur de Triel. Un appel radio les informe qu’une femme d’une quarantain­e d’années vient de se jeter dans la Seine à hauteur du quai Aristide-briand.

D’après des témoins, qui profitent de cette fin de journée ensoleillé­e en bord de fleuve et ont prévenu la police, la baigneuse s’est mise à l’eau soudaineme­nt avant de se laisser emporter par le courant. La tentative de suicide ne fait aucun doute. « J’ai regardé ma montre, il était exactement 18 h 47, raconte Marvin. On est arrivé deux ou trois minutes plus tard. Il fallait faire vite… »

Marvin, qui est entré dans la police en 2014, sait déjà qu’il va plonger dans la Seine pour tenter de sauver la vie de la désespérée. Avant d’embrasser une carrière dans les forces de l’ordre, le jeune homme a en effet été maître-nageur dans une autre vie. « En bord de mer, dans des bases de loisirs et enfin à la piscine de Meulan », énumère-t-il. « Quand on a été alerté, je savais que j’irai avant tout le monde. » En chemin, dans la voiture, il se déleste de son gilet pare-balles, de son ceinturon et de ses chaussures. « Quand on est arrivé, on a aperçu sa petite tête, à environ 300 mètres. Elle était à la dérive, immobile. Je me suis mis en caleçon et j’ai sauté. Ma priorité, c’était de maintenir un contact visuel avec elle dans l’attente de l’arrivée des plongeurs des sapeurs-pompiers. Si je l’avais perdu, je ne me le serai pas pardonné. »

À cet instant, ni le froid glacial des eaux du fleuve ni l’immense défi physique qui l’attend ne l’effraient. « Avec l’adrénaline, la concentrat­ion, on oublie tout ça. Ma seule inquiétude concernait le passage éventuel de péniches. Avec des vagues, j’aurais perdu le contact. » Sans jamais quitter la suicidaire des yeux, Marvin se rapproche. Sur la rive, le sergentche­f Matthieu C. de la compagnie des sapeurs-pompiers de Vernouille­t vient lui d’arriver. Plongeur de proximité et déjà équipé, il remonte la berge à pied avant de gagner les eaux au travers d’un enchevêtre­ment de ronces, de branches et d’orties. Il ne tarde pas à rejoindre la suicidaire, bientôt épaulé par Marvin, qui vient déjà de parcourir près de 500 mètres et passer un quart d’heure dans l’eau.

« J’ai toujours ma montre de maître-nageur. Autant par réflexe que pour les besoins de mon rapport, j’ai déclenché le chrono avant de plonger. » « Nager dans une Seine à 20° en combinaiso­n néoprène et palmes n’a rien d’un exploit, a commenté le sergent-chef Matthieu C. sur le site Internet du SDIS 78. On est entraîné pour ça et j’ai toujours agi en sécurité. Le policier, en revanche, a dû beaucoup plus galérer, mais il n’a rien lâché ! »

« Elle est venue nous remercier »

La femme que Marvin et le pompier viennent de sauver d’une mort certaine a fêté son 45e anniversai­re trois jours après les faits. À son domicile de Vernouille­t, elle avait laissé à ses proches une lettre expliquant son geste fou. Son récent divorce était la raison de son désespoir. Avant sa tentative de suicide, elle avait ingurgité de l’alcool et une forte dose d’antidépres­seurs. Sans doute pour se donner du courage. « Sur le moment, elle ne voulait pas de notre aide ni parler. Elle s’est légèrement débattue mais sans jamais être agressive. »

La quadragéna­ire sera transporté­e à l’hôpital de Poissy. Elle en est ressortie rapidement. « Avec sa soeur, elle est venue le lendemain au commissari­at pour nous remercier. C’est rare et gratifiant. Je crois qu’elle a ouvert les yeux. On a beaucoup parlé. Avec les collègues, on lui a fait comprendre que tout le monde était là pour elle, que ce n’était pas le moment de baisser les bras. Il faut savoir que les trois quarts de nos opérations sont liés à des interventi­ons de police secours. On n’est pas seulement là pour embêter les gentils citoyens (sourire). »

Depuis les faits, Marvin a gagné deux nouveaux surnoms au commissari­at de Vernouille­t. « Slip rouge ou Alerte à Malibu », rigole-t-il.

« Elle était à la dérive » « J’avais peur des péniches »

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Marvin n’a pas hésité une seconde le 22 août. « Je savais que j’irai avant tout le monde. »

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