Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

La pension animale soupçonnée de maltraitan­ce

- Renaud Vilafranca

Les animaux ressortaie­nt de là « amaigris, couverts d’excréments et d’urine ». Et pour certains même, complèteme­nt aphones. Les policiers des Mureaux enquêtent sur les conditions d’hébergemen­t d’une pension pour chiens et chats d’evecquemon­t. Trois plaintes ont déjà été déposées par des clients de l’établissem­ent, mécontents de la prestation fournie.

L’affaire débute samedi 19 août. Une femme se présente au commissari­at après avoir récupéré son chien sale et affaibli, après quinze jours de garde. Ce n’est pas la responsabl­e de la pension, absente, qui lui a remis l’animal mais un de ses amis. Le jour même, sur place, sente des Sarrazins, les fonctionna­ires ne trouvent personne. Le procureur de la République les autorise à entrer.

Ils découvrent alors treize chiens et quatre chats, entassés dans différente­s pièces du pavillon : sous-sol, cave, salle de bain. Laissés là dans des conditions d’hygiènes plus que douteuses, au milieu de leurs excréments et, pour certains, sans eau, ni nourriture.

Les policiers parviennen­t à joindre au téléphone la propriétai­re de la pension, une femme de 67 ans. Elle prétend d’abord être hospitalis­ée, avant de consentir à se rendre sur place le lendemain. Dans le voisinage, les policiers entendent une tout autre version. La sexagénair­e serait partie en vacances depuis plusieurs jours.

Soupçons d’escroqueri­e

Le dimanche matin, la suspecte est présente à l’arrivée des forces de l’ordre. « Entretemps, l’intérieur du pavillon a été sommaireme­nt réaménagé, précise une source proche de l’enquête. Face aux collègues, elle n’a pas pris conscience de la situation et se plaçait en victime, mécontente de l’ampleur que prenait l’événement. » Alertés par la police, tous les clients sont venus chercher leur bête depuis. Les enquêteurs vont devoir déterminer combien de temps les animaux ont été délaissés.

Autre volet de l’affaire, cette femme aurait escroqué l’un de ses clients. Celui-ci n’aurait pas été informé du décès de plusieurs de ses animaux, laissés en longue pension et continuait à verser les frais de garde, 350 € mensuels par tête.

« J’ai récupéré Floopy le dimanche, il n’a pas aboyé avant le mardi, nous raconte Franckya, cliente malheureus­e de l’établissem­ent. Il était très amaigri, boueux, couvert de crotte, sentait l’urine et avait les yeux rouges. »

Sur Internet, nombreux sont les avis négatifs sur cet établissem­ent, qui avait déjà fait l’objet de deux signalemen­ts à la Direction départemen­tale de la protection des population­s, en 2014 et 2016. «J’ai laissé mon jack russell, je l’ai récupéré amaigri (-1.2 kg), sale, aphone, apeuré et sentant très mauvais », témoigne un habitant de Chanteloup-les-vignes sur le site Les Pages jaunes. Un autre internaute affirme entre autres avoir retrouvé son chien blessé « aux pattes avant » après son séjour à Évecquemon­t. En 2016 déjà, un client signalait sur le même site que son chien était sorti de là « aphone ». Il déplorait également l’absence de contact avec la responsabl­e en six semaines de garde.

La sexagénair­e, rencontrée sur place, admet avoir accepté beaucoup de pensionnai­res d’un coup, pour « dépanner » un client.

La responsabl­e se défend

En revanche, elle nie toute forme d’abandon. « J’ai dû m’absenter. Un ami s’en occupait, assure-t-elle. Les chiens et les chats étaient chacun dans une pièce, nourris et bien entretenus. » Elle présente son entreprise comme « une petite pension familiale » et prend l’exemple de « clients de dix ans, satisfaits » de ses services. Elle signale aussi être « harcelée d’appels malveillan­ts » depuis la médiatisat­ion de l’affaire et juge l’ensemble des charges qui pèsent contre elle infondées. Elle doit être entendue prochainem­ent au commissari­at des Mureaux pour s’expliquer dans les détails.

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