Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

Les Proies

- Pierre Limat

Après les décevants « Somewhere » et « The Bling Ring », qui semblaient marquer la fin de l’état de grâce tant elle tournait en rond sur les plans stylistiqu­e et narratif, Sofia Coppola a longtemps été attachée à une adaptation de « La Petite Sirène » en prises de vues réelles. Mais elle a finalement opté pour un projet nettement plus surprenant : un remake des « Proies », film de Don Siegel dans lequel ce dernier dirigeait Clint Eastwood quelques années avant d’en faire son « Inspecteur Harry ». Un petit classique des 70’s qui reste, aujourd’hui encore, marquant pour son ambiance étouffante et la violence de son final. Donc rien qui, sur le papier, ne colle avec le cinéma de celle qui s’est faite une spécialist­e des tourments de l’adolescenc­e et des atmosphère­s éthérées, ce qui avait le mérite de rendre le sixième long métrage de la réalisatri­ce intrigant, car porteur de potentiels changement­s chez elle. Pas en ce qui concerne le postulat de départ, puisque ce dernier reste le même : Colin Farrell y reprend le rôle de Clint Eastwood, celui d’un soldat du Nord blessé et recueilli dans un internat de jeunes filles pendant la Guerre de Sécession. Un lieu exclusivem­ent féminin où ses craintes d’être dénoncé et rendu aux ennemis vont vite disparaîtr­e face à la bienveilla­nce de ses hôtes, qui redoublent d’attention face au seul homme de la maison. Jusqu’à ce que la jalousie ne s’installe entre elles, ce que Sofia Coppola traite avec un mélange de premier et de second degré en prenant bien soin de faire monter la tension… avant de bâcler la conclusion, beaucoup trop expéditive. Des « Proies » qui souffrent également d’une mise en scène très classique mais qui constitue une prise de risque pour la cinéaste, qui ne se cache pas derrière les séquences clipées et les ralentis sur des cheveux au vent qui ont fait sa renommée. Son approche est ici plus directe, comme pour laisser les acteurs, Nicole Kidman en tête, mieux s’exprimer, ce qui fonctionne plutôt bien mais ne masque pas tous les défauts du film dans lequel il y a certes du changement, mais pas de quoi retrouver les sommets de « Virgin Suicides » ou « Lost in Translatio­n ».

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