Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

La fausse victime du Bataclan part en prison

- F. D.

« Je suis coupable ! Et je suis disposé à me soumettre à votre jugement ». Ces paroles sont celles de Cédric R., 29 ans, originaire du Chesnay et présenté en comparutio­n immédiate ce vendredi 27 octobre à Versailles.

L’homme était poursuivi pour une tentative d’escroqueri­e au préjudice du Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d’autres infraction­s. Il avait affirmé avoir été victime de l’attentat du Bataclan à Paris, le 13 novembre 2015. Il avait déposé un dossier en janvier 2016. Mais il était allé encore plus loin…

Cédric R. avait été identifié comme un menteur par la police judiciaire de Paris. Elle avait reçu la mission de lister et d’entendre toutes les victimes. Et le cas de Cédric R. leur était apparu pour le moins surprenant.

D’abord, il avait refusé de porter plainte. Ensuite, il avait indiqué avoir vu plus de terroriste­s qu’il n’y en avait ce soir-là. Ensuite, il avait affirmé qu’une femme enceinte avait pris une balle à sa place. Une histoire qu’il avait confiée à de nombreux médias français et étrangers. Le problème est qu’aucune femme attendant un bébé ne figurait parmi les blessés de ce 13 novembre.

Pourtant, Cédric avait tout fait pour être crédible. Il avait montré un pantalon taché d’une matière orange pouvant faire penser à du sang séché. Il avait rejoint une communauté de rescapés, se retrouvant régulièrem­ent pour dîner ou prendre un apéritif. Il était même allé jusqu’à se faire tatouer sur le bras le symbole de la Marianne incrustée dans le bâtiment du Bataclan.

Il avait aussi fourni sept ou huit attestatio­ns sur l’honneur de proches, indiquant qu’il était présent lors de la tragique soirée. Ne voyant pas son dossier évoluer, il harcelait le Fonds de garantie, appelant tous les jours. Il les interroger­a une fois en ces termes : « Qu’est qu’il vous faut de plus pour m’indemniser ? »

Un ancien pompier

Cédric avait été rapidement rattrapé par ses mensonges. Il avait fui à Toulouse où il exerçait comme ambulancie­r, fort de son expérience dans la sécurité civile. Il était ensuite parti aux Étatsunis puis à Nouméa (Nouvelleca­lédonie). Il voulait y exercer comme pompier. Un métier qu’il connaît bien puisqu’il a été volontaire dans les Yvelines pendant 7 ou 8 ans.

Mais là aussi, Cédric n’a pas été d’une réelle honnêteté. Il a été rappelé à l’ordre alors qu’il avait emprunté sans autorisati­on un véhicule de secours. Il s’était fait flasher et avait prétendu être en interventi­on. Un mensonge de plus. Aucun accident n’avait été constaté à l’heure et à l’endroit indiqués.

Mercredi dernier, Cédric a atterri en Métropole pour rendre visite à sa mère. La police l’attendait pratiqueme­nt à la descente de l’avion pour le placer en garde à vue.

Les juges ont préféré renvoyer l’affaire pour qu’une double expertise soit réalisée : la première psychologi­que et la seconde psychiatri­que. « Votre cas n’est pas anodin. Et nous voulons comprendre ce qui vous a vraiment poussé à agir ainsi », a détaillé le président du tribunal, Christophe Morgan.

Le parquet s’y est opposé. « Ce serait lui donner l’importance qu’il recherche et qu’il ne mérite pas », a soutenu Corinne Moreau en réclamant un placement en détention provisoire.

« Trop tard pour faire machine arrière »

« J’ai franchi des limites considérab­les, impardonna­bles. J’ai besoin de parler à quelqu’un pour savoir ce qui m’a pris. Je ne savais pas que la police me recherchai­t. Si je suis parti à Toulouse puis à l’étranger, c’est parce que tout cela m’a suivi, m’a hanté. Je ne pouvais plus rester en région parisienne. Il était trop tard pour faire machine arrière », a murmuré Cédric, la voix tremblante à l’idée de se retrouver derrière des barreaux.

Cédric devait repartir ce vendredi soir à Nouméa. Mais c’est un aller simple pour la maison d’arrêt de Bois-d’arcy qu’il a obtenu. Son procès a été fixé au vendredi 1er décembre, à 14h, devant la 6e chambre correction­nelle.

Une seule chose est certaine. Il s’était bien rendu sur place ce soir-là, après les attaques. Probableme­nt juste pour regarder.

Cédric R., 29 ans, a été placé en détention provisoire. Il sera jugé le 1er décembre prochain à Versailles. Il s’était autoprocla­mé victime de l’attentat du Bataclan. Il se fait tatouer le Bataclan sur le bras

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Deux jours après les attentats, la France émue avait rendu hommage aux victimes du Bataclan, à Paris. (archives)

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