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Au moins 20 mois de prison requis contre l’ex-prof de techno gourou
Le jugement de cette affaire pas ordinaire sera rendu le 25 janvier prochain.
« Emprise », « le gourou d’une secte », « personnalité paranoïaque et pathologique »… Mais que faisait encore en 2016 et 2017 Julien Zamorano dans une salle de classe ? Cet homme qui va avoir 30 ans après-demain présentait un profil totalement inadapté à la profession d’enseignant.
Cet ancien professeur de technologie au collège Saintexupéry d’andrésy puis dans le Val-d’oise - il a été licencié depuis cette affaire - était jugé, jeudi 11 janvier, devant le tribunal correctionnel de Versailles, pour des faits commis dans les Yvelines durant l’année 2016. La justice lui reprochait des faits de harcèlement sexuel, l’envoi de messages malveillants de manière compulsive, ainsi que des propositions sexuelles faites à une élève âgée de 12 ans !
L’ex-assistant d’un professeur de tir à l’arc nommé professeur de technologie a, du bout des lèvres, reconnu avoir eu « un comportement inadapté » tout en se faisant passer pour une victime dans cette affaire. « J’ai été licencié. J’ai cherché à les aider. Je n’ai pas cherché à les utiliser à d’autres fins. En dialoguant avec elles parfois jusqu’à deux heures du matin, j’ai commis une faute. »
Le dossier décrit par la présidente du tribunal pouvait faire froid dans le dos. 200 SMS envoyé par jour à l’une des six parties civiles représentées au tribunal. Des nombreux chantages au suicide sans parler d’une déclaration d’amour à une collégienne de 12 ans ! En l’espace d’un an, Julien Zamorano a fait des dégâts qui ne sont pas encore totalement évalués tant les souffrances psychologiques débordent dans cette affaire.
L’affaire justement commence lorsqu’une adolescente est hospitalisée en pédopsychiatrie au centre hospitalier de Poissy. L’adolescente traîne un énorme mal-être ainsi que des envies suicidaires. Elle présente des scarifications sur le corps. Un signalement est effectué le 18 novembre 2016. Ses parents découvrent dans son téléphone portable une série de messages provenant de son professeur de technologie. Ils déposent plainte au commissariat de Conflanssainte-honorine. L’exploitation de l’appareil a permis aux enquêteurs de comprendre que l’enseignant était en contact avec d’autres élèves.
La présidente de la 6e chambre du tribunal correctionnel de Versailles a résumé le dossier en ces termes : « À chaque fois, l’enseignant que vous êtes veut aider les mineurs, des jeunes filles fragiles qui entrent dans l’adolescence et qui avaient besoin d’aide. Elles sont en souffrance puis vous basculez. Vous êtes censé les aider mais c’est vous qui avez besoin d’aide. Vous exprimez des idées suicidaires et c’était aux élèves de remonter le moral de l’enseignant ! »
Impossible pour les collégiennes de rompre la relation qui se résume par des messages sur les réseaux sociaux. Des messages nombreux envoyés parfois jusqu’à 3 h du matin. D’un côté un professeur de 28 ans à l’époque. De l’autre des préadolescentes de 12, 13 ans qui tutoient leur professeur, lequel parle de câlin ou envoie la photo d’une arme à feu à une jeune fille suicidaire.
Pour une autre, le message sera sans aucune ambiguïté puisque l’enseignant évoquera l’amour qu’il lui porte en dépit de la différence d’âge.
Les avocats des parties civiles ont exprimé « ce lien de subordination dont le professeur profitait ». Une fois, l’une d’elles a voulu arrêter la relation « tu te calmes », lui aurait dit la collégienne mais l’enseignant en colère se montrera violent dans ses propos : « Tu me traites de fou ? Tu dois m’aider. » Lorsqu’il sentait qu’elles s’éloignaient de lui, le professeur évoquait des problèmes personnels et des envies d’en finir avec la vie, ce qui poussait les jeunes filles à reprendre contact avec lui pour le consoler et pour ne pas culpabiliser à leur tour.
Devant les juges, l’ex-professeur s’est montré agité. Il buvait de l’eau, se levait pour fouiller dans son sac. Il a tenté de renvoyer la responsabilité de ses actes sur les parents des adolescentes. Ce harcèlement sans fin va finir avec l’enquête de police.
Son avocat a reconnu que son client avait « un profil particulier » plaidant « la culpabilité » mais tout en soulignant : « Il n’y a pas de propos à connotation sexuelle. C’est un grand enfant. Il a été surveillant. Il rend service. Il ne se reconnaît pas dans ce qu’on dit de lui. Je ne vois pas le danger de cet homme. Il voulait aider. »
Et l’avocat d’ajouter : « On parle d’une emprise mais pour en faire quoi ? Ce n’est pas un pervers qui veut faire souffrir mais quelqu’un en souffrance. »
La procureure de la République a souligné « une personnalité pathologique » chez l’enseignant qui se fait systématiquement « passer pour une victime. Ses limites ne sont pas intégrées. Il leur a imposé des propos sexuels. Les situations étaient intimidantes et hostiles, parfois. Il a voulu développer une relation de couple avec l’une des collégiennes âgée de 12 ans. Il se présentait avec un masque de victime mais ce n’était pas un chevalier blanc, plutôt un mentor qui voulait se substituer aux parents. »
« Il avait une emprise sur elle, une toute-puissance avec malveillance. Il exerçait un chantage et sa relation était parfois cachée », a souligné la représentante du ministère public qui a rappelé qu’il cherchait « une béquille affective » avec les collégiennes.
La procureure de la République a requis « au moins 20 mois de prison avec sursis. Une peine avec une mise à l’épreuve durant 2 ans avec l’obligation de se soigner, l’interdiction d’entrer en contact avec les collégiennes et l’interdiction d’exercer un métier à caractère social ».
On attend le jugement, le 25 janvier à 14 h.
Le parquet de Versailles a requis, jeudi 11 janvier, au moins 20 mois de prison avec sursis à l’encontre d’un ex-professeur de technologie d’andrésy, poursuivi pour harcèlement sexuel et messages malveillants envoyés à des collégiennes de 12 et 13 ans. Le dossier fait froid dans le dos Aider puis exiger d’être aidé La procureure : « une béquille affective » avec les collégiennes