Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)
Le fils d’un ministre congolais condamné pour escroquerie
Dietrich n’est pas un accusé comme les autres. Cet étudiant en droit de l’université Paris VIII, à Saint-denis, est en effet le fils d’un homme politique de premier plan de la République démocratique du Congo. Son père a occupé plusieurs postes ministériels dans son pays depuis 2003. Il est depuis mai 2017 vice-ministre des postes, des télécommunications, des nouvelles technologies de l’information et de la communication du gouvernement pléthorique dirigé par Bruno Tshibala, le Premier ministre congolais.
Dietrich (27 ans), qui bénéficie actuellement d’un titre de séjour en France d’une durée de dix ans, arrivant à échéance cette année, envisage d’ailleurs de suivre les traces de son père, une fois revenu à Kinshasa après ses études.
En attendant, c’est derrière les barreaux d’une cellule de Bois-d’arcy qu’il va passer les 18 prochains mois.
Le jeune homme cultivé appartient en effet à une autre famille, celle des délinquants astucieux. « Sans arme, ni haine ni violence » nous dirait, s’il était encore vivant, Albert Spaggiari, connu pour avoir été le cerveau du « casse du siècle » de la Société générale de Nice en juillet 1976. En 2014, 2015 et 2016, Dietrich a déjà été condamné à trois reprises pour des affaires d’escroquerie liées à l’usage de faux documents. Son dernier délit en date lui a valu une peine de 20 mois de prison, dont dix assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve.
C’est pour les mêmes raisons qu’il s’est retrouvé le 17 janvier dernier devant le tribunal correctionnel de Versailles. Le 13 décembre, il avait demandé le renvoi de son procès pour préparer sa défense. Il niait alors formellement les faits qui lui étaient reprochés. Pour son retour dans le box des accusés après un gros mois de détention provisoire, la semaine dernière, Dietrich est revenu à de plus raisonnables intentions. « Oui, je reconnais les faits. »
L’affaire qui implique le jeune Congolais remonte au mois d’août 2017. Nous sommes à Maulette. Ce 7 août, Dietrich, accompagné d’un ami, quitte le Bricomarché local lesté de deux radiateurs, d’un aspirateur hitech, d’un nettoyeur à haute pression et d’une machine pour laver les vitres. Montant de la facture : 1 899 euros. Seul problème : c’est avec un chèque volé, une fausse carte d’identité et un extrait Kbis d’entreprise falsifié qu’il a fait les achats.
Le gérant du magasin est sur ses gardes plus qu’à l’habitude, le lendemain, lorsqu’il aperçoit le duo revenir dans le magasin. Les comparses ont cette fois jeté leur dévolu sur un tracteur-tondeuse d’une valeur de 2 500 euros. La gendarmerie est alertée. Un homme est interpellé, l’autre a eu le temps de prendre la fuite.
Dans la Citroën C2 avec laquelle les suspects ont rallié Maulette depuis la Seinesaint-denis, on retrouvera onze chèques appartenant à deux chéquiers volés dont les titulaires sont des entreprises. Une fausse carte d’identité et deux extraits Kbis falsifiés sont également saisis.
Mais c’est un autre document, tout ce qu’il y a de plus authentique, qui va mettre les enquêteurs sur la piste de Dietrich, l’homme qui a pris ses jambes à son cou. Dans le coffre du véhicule, une ordonnance à son nom a été retrouvée dans un sac de sport.
Son identité est transmise sur les ondes. Le commissariat d’enghien transmet une photo. Le visage est le même que celui imprimé sur les images de vidéosurveillance du Bricomarché. Dietrich est arrêté le 11 décembre.
Face au tribunal, la semaine dernière, l’accusé a tenté de minimiser son rôle. « J’ai d’abord nié l’évidence pour me protéger et par loyauté. C’est mon ami qui m’a donné tous les documents. Je n’étais qu’un exécutant. » « De quel ami parlez-vous ? », a alors interrogé la présidente du tribunal. « De celui qui m’accompagnait au magasin. » « Vous le dénoncez aujourd’hui alors qu’il ne peut pas se défendre. C’est ça que vous appelez de la loyauté ? »
Droit dans ses bottes, Dietrich a soutenu sa ligne de défense. « Il y a un grand chef au-dessus. La marchandise a été remise à un homme que je ne connais pas. On avait rendez-vous dans un restaurant africain de Saint-denis. J’ai eu 200 euros en échange. »
Donnant du « effectivement » à toutes les sauces, le prévenu ne s’est pas non plus démonté lorsqu’il a été questionné sur son passé judiciaire. « Je n’ai jamais été impliqué directement. »
« C’est assez exceptionnel ! a ensuite fait remarquer le procureur de la République avant de requérir huit mois d’incarcération. Il avoue aujourd’hui pour accuser son ami, qui a été mis hors de cause. » La défense a avancé la thèse de « la panique » de son client pour expliquer ses premières négations des faits. - « Il a raconté n’importe quoi et vous a expliqué pourquoi ! » - puis invité le tribunal à l’examen de sa personnalité pour délivrer la peine appropriée.
« Il n’avait plus commis d’escroquerie depuis quatre ans. Il est inséré, cherche un travail à côté de ses études. Il veut adopter l’enfant de sa concubine. Un quantum mixte, sans mandat de dépôt, me semble plus juste. »
Les juges n’ont pas été convaincus. Comme le demandait le ministère public, Dietrich a été condamné à 8 mois ferme pour ses escapades malveillantes à Maulette. Huit mois auxquels s’ajoute la révocation d’un sursis de 10 mois accordé en décembre 2016.
Dietrich (27 ans) a écopé de 8 mois de prison et a été maintenu en détention à l’issue de son procès, le 17 janvier. Ce fils d’un politicien de la République démocratique du Congo avait frauduleusement acheté du matériel dans un Bricomarché, en août 2017. Déjà condamné trois fois pour des faits identiques Près de 2 000 € de préjudice Chèques volés, fausse carte d’identité mais une vraie ordonnance « Je n’étais qu’un exécutant »