Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)
La menace de grève plane jusqu’à la fin de l’année
La grève chez Transdev a été totale à Rambouillet jeudi et vendredi dernier. Les syndicats sont prêts à reconduire le mouvement. Lundi, les négociations étaient en cours et entraient dans le dur.
C’était du jamais vu depuis plusieurs décennies. Aucun bus n’est sorti du dépôt de Rambouillet jeudi 7 et vendredi 8 décembre. La grève a été suivie par la quasi-totalité des chauffeurs de bus. L’appel avait été lancé par la CGT et Solidaires Transport pour dénoncer les conséquences de la restructuration des transports dans le sud des Yvelines. Une transformation à partir de janvier 2024 qui entraîne le transfert de 440 salariés vers une seule entité qui s’appellera Transdev Sud-Yvelines.
Les représentants syndicaux de la CGT et de Solidaires Transport ont lancé la grève car : « La direction de Rambouillet a persisté sur sa politique antisociale concernant le processus de transition de notre établissement vers la nouvelle société dédiée. Le rouleau compresseur, décidé par Transdev Rambouillet, aura comme conséquence inéluctablement une détérioration de nos conditions de travail : la perte de nos acquis sociaux, de nos congés d’ancienneté, des primes que nous recevons tous les mois pour la contrainte liée au travail fourni, les dépassements d’amplitudes et les coupures au-delà de 30 minutes ne seront plus comptabilisées comme temps de travail effectif » , explique Nasser Azzoug, représentant CGT de Rambouillet.
Des pneus ont bloqué l’entrée des dépôts à Rambouillet, Boinville et Grenonvilliers, paralysant entièrement la circulation des bus dans le sud des Yvelines. A Houdan, une partie des bus n’ont pas pris la route le jour de grève mais l’essentiel des services pour les scolaires avaient été assurés, indiquaiton du côté de Transdev. Sur les revendications des syndicats, Transdev répondait que « les négociations sont en cours. Nous avons déjà effectué 11 réunions d’échanges. Nous sommes arrivés à la phase de fin de négociations. Ils revendiquent des points qui ne sont pas encore finalisés sur les acquis sociaux. »
Ne pas pénaliser les usagers
Dans la zone du Pâtis, à Rambouillet, les salariés grévistes ont allumé les braseros, décidés à tenir longtemps le piquet de grève : « Nous refusons la clochardisation de notre profession ! Nous refusons d’être des dommages collatéraux de ces transferts ! » met en avant le représentant de la CGT.
Vendredi 8 décembre au soir, les syndicats ont levé le piquet de grève en consultant plus d’une centaine de chauffeurs venus devant le dépôt de Rambouillet. Car la direction était prête à donner des gages sur des points essentiels pour le bienêtre des chauffeurs. A savoir : le maintien d’un même salaire en cas de maladie, le maintien des chèques-vacances, de la prime de départ en retraite ou encore la prime de médaille du travail.
« Nous sommes responsables. Nous ne voulions pas pénaliser les collégiens, lycéens, étudiants et personnes qui n’ont pas de véhicule » , indiquait Nasser Azzoug, le représentant CGT.
Lundi 11 décembre, les négociations aveint repris sur des points sur lesquels les chauffeurs ne veulent pas lâcher : « la question des jours de carence, la prime de non-accident, les heures supplémentaires. Car le risque est de générer de la fatigue...dangereuse pour les clients » , donne en exemple un chauffeur.
Rambouillet complétement paralysée
C’est cet équilibre sur la perte des acquis sociaux qui pourrait conduire les chauffeurs à faire grève à nouveau. Car si le piquet est levé, le préavis est en cours jusqu’au 31 décembre. Lundi à 16h30, les discussions se poursuivaient, mais chacun campé sur ses positions. A l’heure où nous bouclions notre journal, la reprise de la grève était toujours envisagée.
Action sociale à Trotigny, pas d’incidence à Chevreuse
Un peu plus loin, en vallée de Chevreuse, jeudi 7 décembre, dès 5h du matin, le syndicat CFDT du Transport rejoint par la CGT et Solidaires Transports ont organisé une action coup de poing au dépôt de Trotigny, à Chevreuse. Toujours dans le cadre des transferts de salariés vers Transdev Sud-Yvelines, le syndicat dénonce du « dumping social » et demande que les dépôts de Trotigny et de Magny soient « mis à disposition de la DSP 38 (marché sur les lignes express) sans soustraitance » .
Sous le regard des gendarmes, une vingtaine de syndicalistes venus de toute l’Île-de-France n’a pas finalement bloqué le dépôt, mais a distribué des tracts pour informer les chauffeurs « et les orienter vers un bon choix » .
La direction de Lacroix Savac, contactée, précise qu’aucun de ses salariés n’a participé au mouvement social : « Ils n’ont pas compris ce remue-ménage et ne demandaient qu’à effectuer leur travail. » La direction ajoute que les salariés « sont libres de leur choix. Ils sont attachés à une entreprise familiale et à leurs conditions de travail » .
Le mouvement n’a eu aucune incidence à Chevreuse sur le trafic.
A l’échelle du sud des Yvelines, les syndicats estiment que « les chauffeurs de bus sont mis en concurrence de par la nature même du marché accordé par Île- de- France mobilités. Dans un contexte de pénurie de chauffeurs » .
❝ « Mais le noeud du problème est qu’avec ces transferts, nous perdons les acquis gagnés depuis 30 ans de combat ! Nous savons que nous allons perdre mais il y a des limites à ne pas dépasser ». NASSER AZZOUG, REPRÉSENTANT CGT