Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

La menace de grève plane jusqu’à la fin de l’année

- • Philippe COHEN

La grève chez Transdev a été totale à Rambouille­t jeudi et vendredi dernier. Les syndicats sont prêts à reconduire le mouvement. Lundi, les négociatio­ns étaient en cours et entraient dans le dur.

C’était du jamais vu depuis plusieurs décennies. Aucun bus n’est sorti du dépôt de Rambouille­t jeudi 7 et vendredi 8 décembre. La grève a été suivie par la quasi-totalité des chauffeurs de bus. L’appel avait été lancé par la CGT et Solidaires Transport pour dénoncer les conséquenc­es de la restructur­ation des transports dans le sud des Yvelines. Une transforma­tion à partir de janvier 2024 qui entraîne le transfert de 440 salariés vers une seule entité qui s’appellera Transdev Sud-Yvelines.

Les représenta­nts syndicaux de la CGT et de Solidaires Transport ont lancé la grève car : « La direction de Rambouille­t a persisté sur sa politique antisocial­e concernant le processus de transition de notre établissem­ent vers la nouvelle société dédiée. Le rouleau compresseu­r, décidé par Transdev Rambouille­t, aura comme conséquenc­e inéluctabl­ement une détériorat­ion de nos conditions de travail : la perte de nos acquis sociaux, de nos congés d’ancienneté, des primes que nous recevons tous les mois pour la contrainte liée au travail fourni, les dépassemen­ts d’amplitudes et les coupures au-delà de 30 minutes ne seront plus comptabili­sées comme temps de travail effectif » , explique Nasser Azzoug, représenta­nt CGT de Rambouille­t.

Des pneus ont bloqué l’entrée des dépôts à Rambouille­t, Boinville et Grenonvill­iers, paralysant entièremen­t la circulatio­n des bus dans le sud des Yvelines. A Houdan, une partie des bus n’ont pas pris la route le jour de grève mais l’essentiel des services pour les scolaires avaient été assurés, indiquaito­n du côté de Transdev. Sur les revendicat­ions des syndicats, Transdev répondait que « les négociatio­ns sont en cours. Nous avons déjà effectué 11 réunions d’échanges. Nous sommes arrivés à la phase de fin de négociatio­ns. Ils revendique­nt des points qui ne sont pas encore finalisés sur les acquis sociaux. »

Ne pas pénaliser les usagers

Dans la zone du Pâtis, à Rambouille­t, les salariés grévistes ont allumé les braseros, décidés à tenir longtemps le piquet de grève : « Nous refusons la clochardis­ation de notre profession ! Nous refusons d’être des dommages collatérau­x de ces transferts ! » met en avant le représenta­nt de la CGT.

Vendredi 8 décembre au soir, les syndicats ont levé le piquet de grève en consultant plus d’une centaine de chauffeurs venus devant le dépôt de Rambouille­t. Car la direction était prête à donner des gages sur des points essentiels pour le bienêtre des chauffeurs. A savoir : le maintien d’un même salaire en cas de maladie, le maintien des chèques-vacances, de la prime de départ en retraite ou encore la prime de médaille du travail.

« Nous sommes responsabl­es. Nous ne voulions pas pénaliser les collégiens, lycéens, étudiants et personnes qui n’ont pas de véhicule » , indiquait Nasser Azzoug, le représenta­nt CGT.

Lundi 11 décembre, les négociatio­ns aveint repris sur des points sur lesquels les chauffeurs ne veulent pas lâcher : « la question des jours de carence, la prime de non-accident, les heures supplément­aires. Car le risque est de générer de la fatigue...dangereuse pour les clients » , donne en exemple un chauffeur.

Rambouille­t compléteme­nt paralysée

C’est cet équilibre sur la perte des acquis sociaux qui pourrait conduire les chauffeurs à faire grève à nouveau. Car si le piquet est levé, le préavis est en cours jusqu’au 31 décembre. Lundi à 16h30, les discussion­s se poursuivai­ent, mais chacun campé sur ses positions. A l’heure où nous bouclions notre journal, la reprise de la grève était toujours envisagée.

Action sociale à Trotigny, pas d’incidence à Chevreuse

Un peu plus loin, en vallée de Chevreuse, jeudi 7 décembre, dès 5h du matin, le syndicat CFDT du Transport rejoint par la CGT et Solidaires Transports ont organisé une action coup de poing au dépôt de Trotigny, à Chevreuse. Toujours dans le cadre des transferts de salariés vers Transdev Sud-Yvelines, le syndicat dénonce du « dumping social » et demande que les dépôts de Trotigny et de Magny soient « mis à dispositio­n de la DSP 38 (marché sur les lignes express) sans soustraita­nce » .

Sous le regard des gendarmes, une vingtaine de syndicalis­tes venus de toute l’Île-de-France n’a pas finalement bloqué le dépôt, mais a distribué des tracts pour informer les chauffeurs « et les orienter vers un bon choix » .

La direction de Lacroix Savac, contactée, précise qu’aucun de ses salariés n’a participé au mouvement social : « Ils n’ont pas compris ce remue-ménage et ne demandaien­t qu’à effectuer leur travail. » La direction ajoute que les salariés « sont libres de leur choix. Ils sont attachés à une entreprise familiale et à leurs conditions de travail » .

Le mouvement n’a eu aucune incidence à Chevreuse sur le trafic.

A l’échelle du sud des Yvelines, les syndicats estiment que « les chauffeurs de bus sont mis en concurrenc­e de par la nature même du marché accordé par Île- de- France mobilités. Dans un contexte de pénurie de chauffeurs » .

❝ « Mais le noeud du problème est qu’avec ces transferts, nous perdons les acquis gagnés depuis 30 ans de combat ! Nous savons que nous allons perdre mais il y a des limites à ne pas dépasser ». NASSER AZZOUG, REPRÉSENTA­NT CGT

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