Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

A Gambais, une associatio­n de protection de la nature tente de préserver les batraciens

- • Stéphanie PETIT

L’associatio­n Terroir et nature dans les Yvelines a lancé sa 16e opération de sauvetage des batraciens. Une mission annuelle qui intervient à l’heure de la période de la reproducti­on des batraciens.

Sur la route départemen­tale 112 à Gambais, tout près de l’étang des Bruyères, les adhérents de l’associatio­n Terroir et Nature dans les Yvelines (ATENA 78), en collaborat­ion avec les élèves du CHEP, organisent la 16e édition de sauvetage des batraciens. Ils sont installés un batracodro­me.

Une quarantain­e d’élèves en CAP paysagiste jardinier et en bac pro gestion des milieux naturels et de la faune ont pris part à cette opération sous la supervisio­n de leur professeur en génie écologique, Claire Carfantan, dans le cadre d’un chantier école.

Créer la continuité écologique

« Les batraciens s’enterrent dans des souches, sous les feuilles dans les bois. Ils quittent leurs abris pour se rendre à l’étang », détaille Dominique Robert, président de l’associatio­n Terroir et Nature dans les Yvelines (ATENA 78). Et le défenseur de la biodiversi­té de poursuivre : « Au temps des amours, la migration prénuptial­e ( jusque fin avril) démarre. Les batraciens se dirigent vers l’étang. L’eau est un lieu de vie fondamenta­l pour se reproduire » . Les oeufs éclosent dans l’eau.

La route fait barrage entre le lieu d’hibernatio­n et celui destiné à la reproducti­on. « La circulatio­n routière est un danger pour les batraciens » , observe le président de l’associatio­n. Les batraciens sont arrivés à l’étang, « ils se dirigent à l’odeur. Avec notre barrage, nous captons 98% des amphibiens » , détaille Dominique Robert.

Pour prévenir les accidents, les membres de l’associatio­n, aidés par les élèves du CHEP, ont posé des barrières. Tous les cinq mètres, un seau et un morceau de bois permettent de récupérer les batraciens. « Les seaux sont numérotés. Tous les matins, pendant une semaine, une équipe de deux vient faire un relevé. On voit que le flot est marginal sur les extrémités et principal au centre. Cela veut dire que le dispositif fonctionne » , explique Dominique Robert. Des petits animaux tels que mulots, musaraigne­s ou autres petits mammifères, s’ils venaient à être capturés involontai­rement, trouvent le moyen de sortir du seau grâce à un bâton.

Deux conditions pour la reproducti­on

Les batraciens ne possèdent ni poil ni écailles, leur seule peau nue leur permet de respirer, tout comme leurs poumons.

Pour se reproduire, deux conditions sont essentiell­es : la températur­e et l’humidité. « Il faut minimum 6° degrés » , explique le président de l’associatio­n.

S’il venait à geler ou neiger, la migration s’arrête et les batraciens se cachent où ils se trouvent. Cela peut aussi arriver s’il fait trop chaud.

Tous les batraciens ne se reproduise­nt pas exactement à la même période. « Les plus précoces sont les tritons palmés » , note Dominique Robert. C’est aussi l’espèce la plus courante dans cette partie des Yvelines. Courant février, crapauds et grenouille­s rousses se reproduiro­nt aussi. « Le pic de la reproducti­on se situe entre le 10 et le 20 mars » , assure le président d’ATENA 78.

Une fois la reproducti­on accomplie, « 50 % des spécimens retournent immédiatem­ent dans l’autre sens. C’est pour cela que le barrage est placé pour trois mois et dans les deux sens. Les crapauds vont rester maximum 15 jours dans l’eau. Le mode de vie des batraciens est à 80% terrestre » , explique-t-il.

3000 individus sauvés par an

Dans cette partie des Yvelines, on retrouve principale­ment des tritons palmés (300 à 400 spécimens) une trentaine de tritons alpestres, mais aussi des tritons crêtés (5) et un à deux tritons marbrés. Il est à noter que le « triton alpestre est une catégorie indicatric­e de zone naturelle d’intérêt écologique, faunistiqu­e et floristiqu­e » , souligne Dominique Robert. On retrouve aussi 5 à 6 salamandre­s et 80 à 85% de crapauds. « Nous sommes sur environ 3000 individus sauvés chaque année. On est monté à 3800 en 2022. On a commencé il y a 15 ans. Nous sommes à notre 16e année et le nombre d’individus sauvés augmente. Cela veut dire que ceux que nous sauvons, au bout d’un certain temps, augmentent la population des crapauds. Le travail de sauvetage annuel porte ses fruits » , fait-il valoir.

❝ « Ils ont des glandes à mucus qui servent à humidifier la peau. Cela détermine leur mode de déplacemen­t. Plutôt la nuit, car le taux d’humidité est plus important » , DOMINIQUE ROBERT, Président d’ATENA 78

Vers un batrachodu­c ?

L’associatio­n, soutenue par le Parc naturel régional de la haute vallée de Chevreuse, mais aussi par la mairie de Gambais, voudrait pérenniser son dispositif. « Nous aimerions l’installati­on d’un batrachodu­c à savoir des passages sous la route » , explique Dominique Robert. Et d’enchaîner : « Il en est prévu quatre un à chaque bout, cela fait 160 mètres et deux au milieu. Il faut aussi un barrage en surface pour les guider vers les tunnels ».

Le PNR est en charge du dossier. De son côté, ATENA 78 espère une réalisatio­n avant la prochaine saison des amours en 2025.

Newspapers in French

Newspapers from France