Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)
Les escrocs du château d’Emancé ont aussi tenté de s’emparer d’une péniche
Après le château, la péniche. Le couple d’escrocs qui doit être jugé à Versailles le 29 février prochain n’en finit pas de faire parler de lui.
Suite à la révélation de l’affaire d’Emancé par 78actu, de nombreuses victimes se sont déclarées à la rédaction.
Michael B. et Céline L. sont accusés d’avoir squatté le château de Sauvage contre la promesse d’un achat à plus de 11 millions d’euros. Avant de passer chez le notaire, ils ont pris leurs aises, découpant des tentures murales, ponçant des boiseries anciennes, arrachant des sols séculaires et revendant même des meubles rares.
Le bagou a été le moteur de leur arnaque pour s’installer dans la bâtisse sans verser un centime. Ils devront en répondre devant la justice, tout comme pour un autre squat de luxe dans une maison de Montfort l’Amaury.
Le couple est loin d’être inconnu dans la justice. Surtout Michael qui s’est illustré en promettant de faire venir des chanteurs célèbres à des concerts : Robbie Williams ou encore Stromae. Lors de son arrestation, sur l’île d’Oléron, il essayait de racheter des clubs de foot. Sans un sou en poche.
Plusieurs voix ont donc témoigné. L’une raconte des créations d’entreprises avec des embauches multiples et des salariés qui n’ont jamais été payés. Les recherches personnelles de ce témoin l’auraient conduit jusqu’au Luxembourg.
Une autre victime retient particulièrement l’attention par sa mésaventure. Car depuis août 2022, Pierre* se retrouve dans une galère sans nom. Et c’est justement à cause d’un bateau que ses rêves sont en train de prendre l’eau.
En 2005, Pierre s’offre une péniche. Pour lui, c’est un peu un investissement. Les années passent et il décide de la mettre en vente. Il reçoit une offre à 400 000 euros. Le futur acquéreur, un certain Marcel, ne discute pas le prix. Il avance même des gages. Comme pour le château d’Emancé, il se présente comme un homme d’affaires.
Ancrée à Villeneuve- laGarenne ( Hauts- de- Seine — dép. 92), la péniche est transportée à un chantier naval pour une expertise de la coque. Rien à signaler. Elle peut être remise à flot.
Marcel remet une promesse de vente. Et il demande à commencer les travaux d’aménagement.
Un architecte spécialisé se met au travail. Les outils sont sortis. Le chantier débute.
Les semaines passent. Pierre commence à insister pour finaliser la transaction. Marcel disparaît, laissant une ardoise de 160 000 euros de travaux derrière lui.
Aujourd’hui, le sexagénaire se retrouve dans une situation délicate. « Mon bateau a été saisi à titre conservatoire. Il est immobilisé depuis un
Une péniche à 400 000 euros
❝ « Il voulait créer un studio d’enregistrement et il avait aussi des idées pour les Jeux olympiques. » PIERRE, LE PROPRIÉTAIRE DE LA PÉNICHE
« Les artisans se retournent contre moi »
❝ « Il m’avait raconté qu’il était ingénieur son et qu’il avait réussi à acheter une table de mixage rare à 1,2 million d’euros. Il m’a aussi pris par les senti
ments en me racontant que sa femme vivait dans les Yvelines et lui en Angleterre. Elle souhaitait qu’il revienne pour leur enfant. En fait, tout cela n’était qu’un jeu pour lui. »
an. Parce que je suis le propriétaire, les artisans se retournent contre moi pour me demander leur argent. J’ai déposé plainte, mais je crois que mon dossier n’a même pas été ouvert… Quand j’ai lu cette histoire de château, j’ai tout de suite pensé à mon escroc. »
Avec le recul, Pierre a compris comment il était tombé dans le piège. À cause de belles paroles.
Une table de mixage à
1,2 million
« Il m’a donné les noms de grandes banques et d’un grand cabinet d’avocats. C’était rassurant. Et en même temps, l’information était difficile à vérifier. Il citait beaucoup de gens connus dans le milieu naval. Il se montrait toujours sympathique, agréable, intelligent, s’intéressant à tout. »
Et de poursuivre.
Un jeu qui, pour Pierre, est bien désagréable. « Je n’ai pas perdu le bateau. Mais pour le moment, pour la retraite, je me retrouve bloqué. »
En témoignant, il espère se rappeler au meilleur souvenir de l’enquêtrice en charge de son dossier. Il n’ignore pas que, le 29 février prochain, son affaire ne sera pas traitée par le tribunal de Versailles qui n’est pas saisi de ces faits.
« Peut- être vais- je au moins comprendre la finalité de ses arnaques. »
Car c’est un point qui interroge. Quel était le but ultime de ces escroqueries qui ne duraient pas longtemps et qui ne rapportaient pas à tous les coups ? Leur seule utilité étaitelle de s’offrir un squat de luxe temporaire ?
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