Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

Schizophrè­ne, il a subi 7 ans de castration chimique… Ni son tuteur ni sa famille ne le savaient.

- • F. D.

Yasmina Zreiki se bat pour son frère schizophrè­ne. Elle pointe du doigt une castration chimique abusive pratiquée à Versailles durant 7 ans. Elle la juge illégale.

malade si ce n’est pas utilisé ? Et en plus, ils se sont immiscés dans l’enquête et ont, à mon sens, violé le secret médical. »

Pour appuyer ses dires, Yasmina Zreiki produit des documents à l’en-tête de l’hôpital. Dans une note datée du 7 avril 2011, soit quatre mois après l’ouverture de l’enquête et surtout cinq ans avant le non-lieu, on peut lire : « A vu l’expert hier. Va être reconnu responsabl­e avec circonstan­ce atténuante de la maladie. » De quoi faire bondir Yasmina Zreiki. seule volonté de « mettre en place un projet de soins pour le patient » .

Dans une lettre d’échanges entre docteurs, datée du 15 juillet 2014, le praticien relate encore l’intégralit­é des problémati­ques judiciaire­s de Mohamed. Et ce afin que son homologue poursuive le traitement. « On a l’impression que mon frère n’était qu’un dossier pour eux… Je cite la loi : “Aucun acte médical ou traitement ne peut être pratiqué sans votre consenteme­nt libre ou éclairé”. Comment Mohamed a- t- il pu le donner alors qu’il était sous médicament­s pour sa schizophré­nie ? Qu’il est noté partout qu’il a une altération de son discerneme­nt ! Et je le redis : pourquoi personne de son entourage n’a été mis au courant ? »

Et de poursuivre : « Clairement, je pense que le droit lié aux personnes vulnérable­s a été atteint. Je me bats pour mon frère et probableme­nt pour tous les autres qui passent sous le boisseau. »

Le silence et cette impression que tout s’est fait en catimini exaspèrent Yasmina Zreiki. « Il y aussi le fait que le traitement a été poursuivi selon la même organisati­on, après l’ordonnance de non-lieu. Qu’est-ce qui justifiait une castration chimique si puissante alors que pas un juge ne l’a pas condamné ? Je vais me faire l’avocat du diable… Même s’il avait eu des pulsions, est-ce que cela mérite une castration chimique, aux doses maximales ? »

❝ « Avant toute décision des magistrats, les médecins avaient donc décidé que ce Monsieur serait responsabl­e, justifiant leur décision de le placer sous traitement hormonal sans le consenteme­nt de son tuteur. » YASMINA ZREIKI

« Une sanction ni juste ni judiciaire »

❝ « Clairement, la question se pose de la dissimulat­ion de ce traitement, décidé uniquement par les médecins. Il est inadmissib­le qu’un homme innocenté subisse une sanction qui n’est ni juste ni judiciaire. » MAÎTRE ANTOINE FABRE, AVOCAT DE YASMINA ZREIKI

Aujourd’hui, Mohamed a stoppé son traitement. « Il nous a dit et redit qu’il n’en voulait pas depuis toujours. Je pense qu’il a été manipulé par une équipe dans laquelle il avait confiance dans une période de grande vulnérabil­ité » , assure Yasmina Zreiki.

Au-delà de son cas personnel, elle pose cette question, espérant qu’elle aura une réponse vertueuse : « Face à quelqu’un souffrant de troubles psychiatri­ques, ne devrait-on pas mettre plus de précaution­s dans ce genre de décision ? Comment se fait-il que des médecins en arrivent là ? À mon sens, c’est une question de déontologi­e et d’éthique ! »

Pour le moment, le dossier est entre les mains de la justice qui, dans un temps qui n’appartient qu’à elle, instruit l’affaire. La plainte avec constituti­on de partie civile a été déposée.

Sollicité, le centre hospitalie­r de Versailles n’a pas souhaité commenter cette affaire.

* Le prénom a été modifié.

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