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Qui sont ces professeur­s qui occupent une salle du rectorat de Versailles ?

- D’où venez-vous ? Comment vous orga• Michel SEIMANDO

Un groupe de professeur­s occupent une salle du rectorat de Versailles depuis le 4 mars 2024. Nous sommes entrés en contact avec eux. ➜ Pourquoi êtes-vous là ?

La mobilisati­on s’est ancrée d’abord localement au lycée Simone-de-Beauvoir de Gargeslès- Gonesse ( Val- d’Oise), le lundi 26 février. Nos conditions de travail ne sont plus tenables. Les professeur­s éprouvent un profond désarroi à abandonner leurs élèves à cause de classes surchargée­s. On rappelle que dans ce même établissem­ent il y a encore quelques années, le seuil de 30 élèves par classes n’était pas dépassé. Aujourd’hui les classes sont à 35 voire 36 élèves.

Le 26 février, 75 % des enseignant­s se sont mis en grève, pour dénoncer ces conditions de travail. Cette action a une dimension inédite à la fois par le fait d’être une propositio­n émergeant de collègues et non de nos organisati­ons syndicales, mais aussi par la modalité de l’action en elle-même qui est bien éloignée de nos petites manifs parisienne­s traditionn­elles entre La

Sorbonne et la rue de Grenelle…

30 professeur­s se retrouvent lundi 4 mars à 7 h 30 devant le rectorat, pour manifester et exiger de rencontrer le recteur afin de bénéficier des moyens nécessaire­s pour imposer une jauge de 30 élèves par classes au lycée, 24 au collège. Il s’agit d’exiger un plan d’urgence.

Des classes surchargée­s ➜

Nous venons d’établissem­ents du Val-d’Oise, du premier degré, en passant par le collège, au lycée. Parmi les collègues qui se sont infiltrés dans le rectorat, il y a eu pour la première nuit d’occupation plus précisémen­t : des enseignant­s du lycée Simone-de-Beauvoir de Garges-lès-Gonesse, du collège Anatole-France de Sarcelles, de l’école primaire Jean-Jaurès de Sarcelles, le lycée René-Cassin de Gonesse.

19 sont parvenus à pénétrer dans les locaux du rectorat toute la journée, puis 14 à rester dans la salle du rectorat pour la première nuit d’occupation, lundi 4 mars, à l’issue de laquelle nous sommes parvenus à rencontrer le recteur, le lendemain matin à 10 h 30.

Mardi 5 mars au soir, nous sommes 5 collègues à rester pour la deuxième nuit d’occupation, n’ayant pas obtenu de réponse satisfaisa­nte de la part du recteur, qui reconnaît par ailleurs la spécificit­é de notre départemen­t et la nécessité de moyens supplément­aires.

Le personnel de sécurité a également été un peu rude dans nos échanges au départ. Cependant, après la première nuit d’occupation, nous avons eu l’occasion de discuter avec les agents du rectorat et avons des échanges très cordiaux, nous faisons le même constat de la casse du service public, nous rencontron­s globalemen­t du soutien de la part de ces personnes.

Concernant l’accueil de la part du Recteur, les responsabl­es en sécurité du site n’ont cessé de dire qu’il serait impossible de le rencontrer et nous ont adressé plusieurs fois la menace de nous envoyer la police pour nous déloger de notre salle d’occupation. Finalement, le recteur est bien venu nous voir, et la police, quant à elle, n’est jamais venue jusqu’à présent.

Une organisati­on et beaucoup de solidarité ➜ nisez-vous pour manger, dormir ?

Nos collègues viennent régulièrem­ent nous faire passer de la nourriture, des produits d’hygiène, des petites attentions bien vitales pour tenir dans ces conditions très rudimentai­res.

Ces ravitaille­ments ont été sujets de tension avec les agents de sécurité : ils ont reçu la consigne de ne rien nous transmettr­e, il a fallu faire passer par des biais peu convention­nels et parfois particuliè­rement ingénieux les produits achetés par nos collègues, progressiv­ement le dispositif s’est finalement un peu allégé et nous a autorisés au moins à nous faire passer les produits d’hygiène essentiels comme les protection­s hygiénique­s.

Les agents du rectorat nous ont aussi fait part de leur générosité en nous apportant des vivres, du matériel, et nous ont accordé des moments d’échange forts, très éclairants pour nous sur l’actuelle politique mortifère du service public.

➜ Qu’est-ce qui vous ferait partir ?

Ce que nous attendons du rectorat de Versailles aujourd’hui est de nous obtenir une date d’audience au Ministère pour porter nos revendicat­ions plus haut, étant donné que M. Le Recteur nous a expliqué lors de notre rencontre du mardi 5 mars qu’il ne pouvait nous apporter aucun moyen supplément­aire étant contraint par les enveloppes accordées dans le cadre de la loi budget. Nous souhaitons également que M. Le Recteur nous fasse part d’un écrit dans lequel il atteste faire remonter nos revendicat­ions à Mme la Ministre.

Nous conditionn­ons la fin de l’occupation de notre salle au rectorat à la réponse favorable de ces deux exigences. À noter : Le Dasen (inspection d’académie, NDLR) a apporté un engagement écrit à rencontrer nos représenta­nts syndicaux pour discuter d’une hausse de la marge qualitativ­e des établissem­ents en fonction de l’Indice de positionne­ment social, les heures que nous pourrions débloquer ne permettron­t pas de réduire significat­ivement le nombre d’élèves par classe, cette solution ne nous satisfait pas, d’autant plus qu’elle n’englobe pas les réalités du collège.

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