Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)
Qui sont ces professeurs qui occupent une salle du rectorat de Versailles ?
Un groupe de professeurs occupent une salle du rectorat de Versailles depuis le 4 mars 2024. Nous sommes entrés en contact avec eux. ➜ Pourquoi êtes-vous là ?
La mobilisation s’est ancrée d’abord localement au lycée Simone-de-Beauvoir de Gargeslès- Gonesse ( Val- d’Oise), le lundi 26 février. Nos conditions de travail ne sont plus tenables. Les professeurs éprouvent un profond désarroi à abandonner leurs élèves à cause de classes surchargées. On rappelle que dans ce même établissement il y a encore quelques années, le seuil de 30 élèves par classes n’était pas dépassé. Aujourd’hui les classes sont à 35 voire 36 élèves.
Le 26 février, 75 % des enseignants se sont mis en grève, pour dénoncer ces conditions de travail. Cette action a une dimension inédite à la fois par le fait d’être une proposition émergeant de collègues et non de nos organisations syndicales, mais aussi par la modalité de l’action en elle-même qui est bien éloignée de nos petites manifs parisiennes traditionnelles entre La
Sorbonne et la rue de Grenelle…
30 professeurs se retrouvent lundi 4 mars à 7 h 30 devant le rectorat, pour manifester et exiger de rencontrer le recteur afin de bénéficier des moyens nécessaires pour imposer une jauge de 30 élèves par classes au lycée, 24 au collège. Il s’agit d’exiger un plan d’urgence.
Des classes surchargées ➜
Nous venons d’établissements du Val-d’Oise, du premier degré, en passant par le collège, au lycée. Parmi les collègues qui se sont infiltrés dans le rectorat, il y a eu pour la première nuit d’occupation plus précisément : des enseignants du lycée Simone-de-Beauvoir de Garges-lès-Gonesse, du collège Anatole-France de Sarcelles, de l’école primaire Jean-Jaurès de Sarcelles, le lycée René-Cassin de Gonesse.
19 sont parvenus à pénétrer dans les locaux du rectorat toute la journée, puis 14 à rester dans la salle du rectorat pour la première nuit d’occupation, lundi 4 mars, à l’issue de laquelle nous sommes parvenus à rencontrer le recteur, le lendemain matin à 10 h 30.
Mardi 5 mars au soir, nous sommes 5 collègues à rester pour la deuxième nuit d’occupation, n’ayant pas obtenu de réponse satisfaisante de la part du recteur, qui reconnaît par ailleurs la spécificité de notre département et la nécessité de moyens supplémentaires.
Le personnel de sécurité a également été un peu rude dans nos échanges au départ. Cependant, après la première nuit d’occupation, nous avons eu l’occasion de discuter avec les agents du rectorat et avons des échanges très cordiaux, nous faisons le même constat de la casse du service public, nous rencontrons globalement du soutien de la part de ces personnes.
Concernant l’accueil de la part du Recteur, les responsables en sécurité du site n’ont cessé de dire qu’il serait impossible de le rencontrer et nous ont adressé plusieurs fois la menace de nous envoyer la police pour nous déloger de notre salle d’occupation. Finalement, le recteur est bien venu nous voir, et la police, quant à elle, n’est jamais venue jusqu’à présent.
Une organisation et beaucoup de solidarité ➜ nisez-vous pour manger, dormir ?
Nos collègues viennent régulièrement nous faire passer de la nourriture, des produits d’hygiène, des petites attentions bien vitales pour tenir dans ces conditions très rudimentaires.
Ces ravitaillements ont été sujets de tension avec les agents de sécurité : ils ont reçu la consigne de ne rien nous transmettre, il a fallu faire passer par des biais peu conventionnels et parfois particulièrement ingénieux les produits achetés par nos collègues, progressivement le dispositif s’est finalement un peu allégé et nous a autorisés au moins à nous faire passer les produits d’hygiène essentiels comme les protections hygiéniques.
Les agents du rectorat nous ont aussi fait part de leur générosité en nous apportant des vivres, du matériel, et nous ont accordé des moments d’échange forts, très éclairants pour nous sur l’actuelle politique mortifère du service public.
➜ Qu’est-ce qui vous ferait partir ?
Ce que nous attendons du rectorat de Versailles aujourd’hui est de nous obtenir une date d’audience au Ministère pour porter nos revendications plus haut, étant donné que M. Le Recteur nous a expliqué lors de notre rencontre du mardi 5 mars qu’il ne pouvait nous apporter aucun moyen supplémentaire étant contraint par les enveloppes accordées dans le cadre de la loi budget. Nous souhaitons également que M. Le Recteur nous fasse part d’un écrit dans lequel il atteste faire remonter nos revendications à Mme la Ministre.
Nous conditionnons la fin de l’occupation de notre salle au rectorat à la réponse favorable de ces deux exigences. À noter : Le Dasen (inspection d’académie, NDLR) a apporté un engagement écrit à rencontrer nos représentants syndicaux pour discuter d’une hausse de la marge qualitative des établissements en fonction de l’Indice de positionnement social, les heures que nous pourrions débloquer ne permettront pas de réduire significativement le nombre d’élèves par classe, cette solution ne nous satisfait pas, d’autant plus qu’elle n’englobe pas les réalités du collège.