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Tableaux, sculptures, mobiliers, comment le Département restaure le patrimoine
Comment les services du Département protège et restaure le patrimoine des communes des Yvelines. Visite des coulisses à Montigny-le-Bretonneux.
Tableaux de l’hôtel du Département ou du Domaine de Madame Elisabeth, portraits exposés en mairie, ou objets d’églises des Yvelines, des dizaines d’oeuvres d’art du patrimoine yvelinois sont sauvées chaque année grâce au Pôle sauvegarde et transmission des patrimoines de l’agence IngénierY situé aux Archives départementales à Montigny-le-Bretonneux.
Dans cet immense bâtiment, les agents du Département voient passer des tableaux, des bannières, des sculptures, toute la richesse patrimoniale des Yvelines, souvent méconnus du grand public.
Un dépôt pour les oeuvres des communes lors des travaux
En premier lieu, dans son immense dépôt de près de 100 m2, le bureau départemental rend un service gratuit aux communes en entreposant les oeuvres, pour les préserver le temps de travaux.
Ici, la température et l’humidité sont étudiées pour garantir la conservation des tableaux. il y a, par exemple, actuellement 53 oeuvres dont 14 stations d’un chemin de croix dans le dépôt des antiquités et objets d’art.
Mais avant d’entrer dans cette aile protégée dans laquelle on entre qu’avec un badge, chaque pièce sera inspectée par un restaurateur qui garantira qu’elle n’est pas infectée par de la moisissure ou que son bois n’a pas été touché par des insectes xylophages. Une convention est signée avec le Département qui rend service aux communes en prenant à sa charge l’assurance.
Les pièces déposées proviennent en général de bâtiments municipaux ou départementaux ou d’églises des Yvelines en cours de travaux.
Ainsi, sur les grilles apposées aux murs ou dans les rangements coulissants, on remarque notamment la Vierge au chapelet et Assomption d’après Murillo, datant du XIXe. Ils sont déposés ici en raison des travaux de la chapelle du lycée Hoche.
Ces deux tableaux vont être restaurés et seront ensuite replacés dans des églises versaillaises.
Plus loin, alors que l’église Saint-Martin de Jouars-Pontchartrain est en travaux, le dépôt permet d’abriter les portraits de deux philosophes grecs : Héraclite et Démocrite, XVIIe, classés Monuments Historiques (MH).
Venu de l’église Saint-Martin de Sartrouville, on admire le Christ ressuscité entre Saint Pierre et Saint Paul, sortis du prestigieux atelier de Michel Coxcie, (peintre flamand du XVIe. oeuvre classée MH). Par ailleurs, le musée de Port Royal qui va débuter sa rénovation a confié au Département deux tableaux de l’illustre peintre, Philippe de Champaigne du XVIIe : la Pieta et le Christ aux outrages. Preuve de la confiance et du sérieux reconnus du dépôt du Pôle patrimoine.
Dans des cartons et sous des voiles protecteurs, on découvre des objets du rituel : provenant de l’église Sainte-Marguerite du Vésinet, deux bannières de procession en soie brodée, XIXe. Et de l’église Saint-Martin de Mareil-le-Guyon, un bâton de procession en bois doré, XIXe qui sera restauré via le service du patrimoine.
Des interventions insoupçonnées
La mission du Pôle basée à Montigny est large : « Il a pour mission d’agir au quotidien pour le patrimoine, le sauvegarder et le transmettre aux générations futures tout en permettant aux usagers du présent d’en jouir librement.
Nos missions sont nombreuses. De la recherche au déplacement des oeuvres en passant par l’exposition et l’entretien quotidien, dans les musées ou sur le terrain, c’est toute une gamme de professionnels qui agissent pour le patrimoine. Le soin d’une oeuvre peut nécessiter l’intervention de professionnels variés et parfois insoupçonnés » , explique le Département sur son site Internet qui permet de suivre la restauration d’oeuvres sur place, tel le retable de la chapelle Sainte-Anne-deSandrancourt à Saint-Martin-laGarenne, mobilier monumental du XVIIe.
❝ « Ce fut le cas pour le tableau de Benjamin Ulmann, Le labourage ». Ici le tableau était trop grand pour aller dans l’atelier du restaurateur et notre service voulait suivre avec attention
une restauration délicate.« LE PÔLE PATRIMOINE
Un laboratoire pour restaurer sur place
Car l’autre endroit clé et unique est le laboratoire de restauration, 50m2 tout équipé pour permettre aux restaurateurs d’intervenir
Un atout et un outil, ce laboratoire adapté doté de lampes spécifiques, de chevalets et d’une sorte d’énorme aspirateur utilisé pour enlever la poussière lors de la restauration de sculptures. Ce sera le cas, quand prochainement, les statues polychromes de l’église d’Evecquemont seront restaurées sur place.
Actuellement, le laboratoire est dédié à la mise en valeur de deux tableaux : le portrait de Madame Adélaïde qui était au Domaine Madame Elisabeth. La restauration a permis de confirmer que ce tableau rond était un dépôt de longue date du château de Versailles et du Trianon datant du XVIIIe. L’oeuvre ira rejoindre une exposition dans les mois à venir.
Alors que la restauration du décor de la salles des séances du conseil départemental a été lancée en 2023, le laboratoire de Montigny-le-Bretonneux a pris en charge la restauration d’un grand tableau, celui de l’Allégorie de la Seine-et-Oise par Guillaume Dubufe, 1895. On y remarque le portrait d’un jeune homme qui est la représentation du fils du peintre.
Après avoir retrouvé son éclat, l’allégorie regagnera la salle des séances. »Bien souvent, le restaurateur choisi par le Pôle patrimoine va voir le revers du tableau, sa toile de doublage. Il vérifiera la couche picturale. Souvent, il va enlever les vernis et dégager les repeints (touches ajoutées sur le tableau initial). Il comblera les lacunes là où il y en a avant de poser une couche de vernissage pour protéger l’oeuvre« , précise Helga Briantais-Rouyer, adjointe à la chef du Pôle patrimoine.
Les plus gros travaux concernent en général des objets et tableaux sortis des églises comme l’énorme retable de la chapelle de Saint-Martin-deGarenne dont il faut démonter entièrement tous les éléments pour le restaurer.
»Tout ce qui est hors musée«
Finalement, le service départemental prend en charge »tout ce qui est hors des musées« . Souvent sollicité par les communes, si accord, le Département accompagnera la restauration des pièces no-protégées ou inscrites jusqu’à 65% des dépenses TTC.
Pour les oeuvres classées, la DRAC intervient dans le dispositif de financement pour sauvegarder tableaux, retables, peintures murales parfois et même reliquaires.
Si, le Pôle ne prend pas sous son aile toutes les grandes restaurations, il va les accompagner à travers l’expertise de son architecte et un accompagnement technique ; »Ce fut le cas pour le relief en albâtre de L’Etangla-Ville « La Dispersion des apôtres » du XVIIe siècle. Il a été restauré dans le cadre d’un travail d’études pour le Diplôme national supérieur d’expression plastique à l’École des Beaux-Arts de Tours. Les analyses en laboratoire ont permis d’identifier la provenance de l’albâtre« , souligne Cécile Garguelle, chef du Pôle qui n’a pas fini de mettre à la lumière du jour tous les trésors cachés des édifices des Yvelines.