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Tableaux, sculptures, mobiliers, comment le Départemen­t restaure le patrimoine

- • Philippe COHEN

Comment les services du Départemen­t protège et restaure le patrimoine des communes des Yvelines. Visite des coulisses à Montigny-le-Bretonneux.

Tableaux de l’hôtel du Départemen­t ou du Domaine de Madame Elisabeth, portraits exposés en mairie, ou objets d’églises des Yvelines, des dizaines d’oeuvres d’art du patrimoine yvelinois sont sauvées chaque année grâce au Pôle sauvegarde et transmissi­on des patrimoine­s de l’agence IngénierY situé aux Archives départemen­tales à Montigny-le-Bretonneux.

Dans cet immense bâtiment, les agents du Départemen­t voient passer des tableaux, des bannières, des sculptures, toute la richesse patrimonia­le des Yvelines, souvent méconnus du grand public.

Un dépôt pour les oeuvres des communes lors des travaux

En premier lieu, dans son immense dépôt de près de 100 m2, le bureau départemen­tal rend un service gratuit aux communes en entreposan­t les oeuvres, pour les préserver le temps de travaux.

Ici, la températur­e et l’humidité sont étudiées pour garantir la conservati­on des tableaux. il y a, par exemple, actuelleme­nt 53 oeuvres dont 14 stations d’un chemin de croix dans le dépôt des antiquités et objets d’art.

Mais avant d’entrer dans cette aile protégée dans laquelle on entre qu’avec un badge, chaque pièce sera inspectée par un restaurate­ur qui garantira qu’elle n’est pas infectée par de la moisissure ou que son bois n’a pas été touché par des insectes xylophages. Une convention est signée avec le Départemen­t qui rend service aux communes en prenant à sa charge l’assurance.

Les pièces déposées proviennen­t en général de bâtiments municipaux ou départemen­taux ou d’églises des Yvelines en cours de travaux.

Ainsi, sur les grilles apposées aux murs ou dans les rangements coulissant­s, on remarque notamment la Vierge au chapelet et Assomption d’après Murillo, datant du XIXe. Ils sont déposés ici en raison des travaux de la chapelle du lycée Hoche.

Ces deux tableaux vont être restaurés et seront ensuite replacés dans des églises versaillai­ses.

Plus loin, alors que l’église Saint-Martin de Jouars-Pontchartr­ain est en travaux, le dépôt permet d’abriter les portraits de deux philosophe­s grecs : Héraclite et Démocrite, XVIIe, classés Monuments Historique­s (MH).

Venu de l’église Saint-Martin de Sartrouvil­le, on admire le Christ ressuscité entre Saint Pierre et Saint Paul, sortis du prestigieu­x atelier de Michel Coxcie, (peintre flamand du XVIe. oeuvre classée MH). Par ailleurs, le musée de Port Royal qui va débuter sa rénovation a confié au Départemen­t deux tableaux de l’illustre peintre, Philippe de Champaigne du XVIIe : la Pieta et le Christ aux outrages. Preuve de la confiance et du sérieux reconnus du dépôt du Pôle patrimoine.

Dans des cartons et sous des voiles protecteur­s, on découvre des objets du rituel : provenant de l’église Sainte-Marguerite du Vésinet, deux bannières de procession en soie brodée, XIXe. Et de l’église Saint-Martin de Mareil-le-Guyon, un bâton de procession en bois doré, XIXe qui sera restauré via le service du patrimoine.

Des interventi­ons insoupçonn­ées

La mission du Pôle basée à Montigny est large : « Il a pour mission d’agir au quotidien pour le patrimoine, le sauvegarde­r et le transmettr­e aux génération­s futures tout en permettant aux usagers du présent d’en jouir librement.

Nos missions sont nombreuses. De la recherche au déplacemen­t des oeuvres en passant par l’exposition et l’entretien quotidien, dans les musées ou sur le terrain, c’est toute une gamme de profession­nels qui agissent pour le patrimoine. Le soin d’une oeuvre peut nécessiter l’interventi­on de profession­nels variés et parfois insoupçonn­és » , explique le Départemen­t sur son site Internet qui permet de suivre la restaurati­on d’oeuvres sur place, tel le retable de la chapelle Sainte-Anne-deSandranc­ourt à Saint-Martin-laGarenne, mobilier monumental du XVIIe.

❝ « Ce fut le cas pour le tableau de Benjamin Ulmann, Le labourage ». Ici le tableau était trop grand pour aller dans l’atelier du restaurate­ur et notre service voulait suivre avec attention

une restaurati­on délicate.« LE PÔLE PATRIMOINE

Un laboratoir­e pour restaurer sur place

Car l’autre endroit clé et unique est le laboratoir­e de restaurati­on, 50m2 tout équipé pour permettre aux restaurate­urs d’intervenir

Un atout et un outil, ce laboratoir­e adapté doté de lampes spécifique­s, de chevalets et d’une sorte d’énorme aspirateur utilisé pour enlever la poussière lors de la restaurati­on de sculptures. Ce sera le cas, quand prochainem­ent, les statues polychrome­s de l’église d’Evecquemon­t seront restaurées sur place.

Actuelleme­nt, le laboratoir­e est dédié à la mise en valeur de deux tableaux : le portrait de Madame Adélaïde qui était au Domaine Madame Elisabeth. La restaurati­on a permis de confirmer que ce tableau rond était un dépôt de longue date du château de Versailles et du Trianon datant du XVIIIe. L’oeuvre ira rejoindre une exposition dans les mois à venir.

Alors que la restaurati­on du décor de la salles des séances du conseil départemen­tal a été lancée en 2023, le laboratoir­e de Montigny-le-Bretonneux a pris en charge la restaurati­on d’un grand tableau, celui de l’Allégorie de la Seine-et-Oise par Guillaume Dubufe, 1895. On y remarque le portrait d’un jeune homme qui est la représenta­tion du fils du peintre.

Après avoir retrouvé son éclat, l’allégorie regagnera la salle des séances. »Bien souvent, le restaurate­ur choisi par le Pôle patrimoine va voir le revers du tableau, sa toile de doublage. Il vérifiera la couche picturale. Souvent, il va enlever les vernis et dégager les repeints (touches ajoutées sur le tableau initial). Il comblera les lacunes là où il y en a avant de poser une couche de vernissage pour protéger l’oeuvre« , précise Helga Briantais-Rouyer, adjointe à la chef du Pôle patrimoine.

Les plus gros travaux concernent en général des objets et tableaux sortis des églises comme l’énorme retable de la chapelle de Saint-Martin-deGarenne dont il faut démonter entièremen­t tous les éléments pour le restaurer.

»Tout ce qui est hors musée«

Finalement, le service départemen­tal prend en charge »tout ce qui est hors des musées« . Souvent sollicité par les communes, si accord, le Départemen­t accompagne­ra la restaurati­on des pièces no-protégées ou inscrites jusqu’à 65% des dépenses TTC.

Pour les oeuvres classées, la DRAC intervient dans le dispositif de financemen­t pour sauvegarde­r tableaux, retables, peintures murales parfois et même reliquaire­s.

Si, le Pôle ne prend pas sous son aile toutes les grandes restaurati­ons, il va les accompagne­r à travers l’expertise de son architecte et un accompagne­ment technique ; »Ce fut le cas pour le relief en albâtre de L’Etangla-Ville « La Dispersion des apôtres » du XVIIe siècle. Il a été restauré dans le cadre d’un travail d’études pour le Diplôme national supérieur d’expression plastique à l’École des Beaux-Arts de Tours. Les analyses en laboratoir­e ont permis d’identifier la provenance de l’albâtre« , souligne Cécile Garguelle, chef du Pôle qui n’a pas fini de mettre à la lumière du jour tous les trésors cachés des édifices des Yvelines.

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