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La startup recycle les déchets plastiques

- • Emmanuel FÈVRE

Spécialisé­e dans le recyclage des déchets plastiques non valorisabl­es, la startup plaisirois­e Recnorec a installé sa première ligne de production industriel­le à Trappes.

Il s’appelle Hibri, ressemble à du bois, dont il a l’aspect, se découpe comme des planches, se visse, peut se fixer avec des équerres, se décline de 10 à 40 mm d’épaisseur. C’est un matériau novateur, une alternativ­e au bois.

Or noir des poubelles

Hibri est fabriqué avec des déchets plastiques non valorisabl­es : bâches, contenants, films, gobelets, vaisselle jetable, même des paquets de bonbon...

Restaurati­on collective, chantiers du bâtiment, agriculteu­rs, fournissen­t la ligne de production.

Le matériau permet de fabriquer du mobilier. Le lycée franco-allemand de Buc a placé une douzaine de bancs, des poubelles, dans ses espaces extérieurs, fabriqués avec Hibri.

Cette innovation majeure dans la réduction des déchets non valorisabl­es est à mettre au crédit de la start-up Recnorec (recycler le non recyclable), fondée à Plaisir par Ugoline Soler.

Cette ingénieure agronome a longtemps travaillé chez un major hexagonal de la collecte et du traitement des déchets.

« Je m’occupais de la filière compostage. Un compost fabriqué à partir de biodéchets qui s’avèrent très pollués par le plastique que l’on retrouve dans le produit final, raconte la fondatrice de la start-up. J’ai voulu créer une filière de valorisati­on dédiée aux plastiques non recyclable­s, alternativ­e à la mise en décharge, à l’abandon dans la nature et à l’incinérati­on et à la proliférat­ion dans la nature. Mon entreprise n’a pas suivi, j’ai négocié un départ et fondé Recnorec. »

Sans eau

Recnorec entame alors des recherches dans son démonstrat­eur installé à Plaisir et met au point Hibri, issu du broyage de plastique non triés, non lavés, fabriqué sans utilisatio­n d’eau.

« Chaque année, la France importe du bois étranger pour son industrie et le secteur du bâtiment. Ce sont 15 millions d’hectares qui sont coupés annuelleme­nt pour notre seule consommati­on hexagonale. J’ai voulu concevoir une alternativ­e à la déforestat­ion, qui utilise des déchets ultimes, au travers d’un matériau résistant, qui peut être utilisé tel quel à l’extérieur, qui se travaille facilement » , ajoute la cheffe d’entreprise.

Recnorec a installé sa première ligne de production plasturgiq­ue industriel­le à Trappes en janvier 2023. L’objectif pour 2024 est fixé à 100 tonnes de planches fabriquées en Hibri.

Les profession­nels, collectivi­tés et particulie­rs sont ciblés par ces planches, qui ont l’aspect du bois.

Hibri est un matériau dont le process de fabricatio­n est gardé secret. Il est gris, gris-foncé mais certaines fabricatio­ns, avec un approvisio­nnement ciblé, peuvent revêtir un aspect coloré. Poncé, Hibri ressemble à du marbre.

« Il se travaille comme du bois, avec des coupes à la scie. Les copeaux, les chutes, sont rebroyés et réutilisab­les. Le matériau garde ses propriétés avec un potentiel de quatre recyclages. » , annonce Fanny Lemoine, chargé de communicat­ion chez Recnorec.

Recnorec fabrique des planches, mais aussi des nichoirs, bacs à compost, bacs à fleurs, mobilier intérieur et extérieur.

Des ruches

« Nous avons mis au point une ruche en Hibri. La première est installée en Moselle et au vu de la bonne récolte de miel cette année, la ruche satisfait les abeilles. Une seconde va être installée à Plaisir, chez l’apiculteur Jacky Boisseau, pour poursuivre la mise au point de ce produit innovant » , annonce

Ugoline Soler.

Recnorec ambitionne de fabriquer 500 tonnes de planches en 2025 et 3 000 tonnes à l’horizon 2027.

L’entreprise devrait recruter cinq collaborat­eurs cette année, en complément de son équipe de huit personnes.

Depuis 2017, deux millions d’euros ont été levés auprès d’investisse­urs qui croient au projet. Il faudra réunir au moins le double pour déployer un site plus grand, permettant de coller à un objectif de production industriel­le.

Ugoline Soler espère rester sur le territoire de Saint-Quentin-en-Yvelines mais c’est un nouveau challenge qui s’annonce pour trouver ce site, qui sera un site industriel classé.

Et Ugoline Soler le martèle : « Il faut des débouchés pour que notre concept fonctionne et réduise les déchets ultimes. Trier c’est bien, encore faut-il que le public achète ces produits recyclés. »

Commandes pour particulie­rs et entreprise­s, en série ou sur-mesure : lescommerc­iaux@recnorec.com.

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