Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)
Lilia Hassaine reçoit le prix du livre
Dans Panorama, publié chez Gallimard, la romancière et journaliste Lilia Hassaine campe des humanoïdes d’un quartier privilégié qui habitent dans des maisons de verre, où la transparence est censée jouer le rôle de surveillance mutuelle, pour bâtir une société apaisée, sans dévoiement.
Le roman a obtenu le prix du livre « Les Visionnaires » de Saint-Quentin-en-Yvelines, organisé pour la troisième fois par le réseau des médiathèques de l’agglomération.
Un plateau d’auteurs relevé
Le palmarès a été dévoilé samedi 27 avril, au théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, en présence des trois finalistes, Lilia Hassaine pour Panorama, Thomas Gunzig pour Rocky, dernier rivage et Laurent Petitmangin pour Les Terres animales.
Un plateau relevé, sélectionné parmi les dix finalistes proposés par le vote des abonnés des médiathèques saint-quentinoises. Une soixantaine d’ouvrages était initialement en lice.
Le jury était présidé par Sybille Grimbert, prix des « Visionnaires » 2023, associée à Jérôme Attal, Marie Nimier et
Blandine Rinkel. Des représentants associatifs, des libraires, des bibliothécaires complétaient le groupe.
Un choix difficile à faire pour le jury, « Lilia Hassaine, Thomas Gunzig, Laurent Petitmangin, étaient chacun tout aussi légitimes pour recevoir le prix » , indique Pascal Visset, directeur des médiathèques et membre du jury.
Entre sécurité et liberté
Composé pour moitié de lecteurs adhérents des médiathèques, le vote final a plébiscité un ouvrage « au bel équilibre, d’un style épuré, fluide, avec en trame une réflexion sur les non-dits, les faux-semblants » , remarque Pascal Visset.
Cette réflexion puissante sur la société, que l’autrice situe entre 2029 et 2050, est en réalité toute contemporaine.
Lilia Hassaine évoque le conflit entre sécurité et liberté, un thème « auquel j’ai réfléchi lors du confinement. Dans une société où la sécurité prime, où placer le curseur pour parler de liberté ? » , s’interroge l’autrice.
Lilia Hassaine va plus loin, dépasse le simple idéal de pureté, pour se poser la question de l’uniformisation de la société, des comportements, du paraître, dicté par le modèle social auquel
amplifnié il convient d’appartenir, amplifié par les réseaux sociaux.
« Une société au risque zéro devient insidieuse, on cache la violence comme on cache ses sentiments pour afficher l’attitude qu’il faut avoir pour faire bonne figure en public » , note l’autrice. « Sur les réseaux sociaux, c’est une forme de notation, on s’observe, on se juge, dans une parodie de sourire, pour devenir l’avatar de soi-même qui ne dit pas qui il est » , ajoute l’autrice.
Ce passage aux rayons X de la société a plu au jury.
« Je ne m’imaginais pas remporter ce prix » , concède modestement Lilia Hassaine.