Toutes les Nouvelles (Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines)

L’Yvelinois Paul Dureau, l’un des derniers chansonnie­rs français

- • M.V.

A la tête du théâtre Michel Audiard de Chevreuse qui fait salle comble à chaque spectacle, l’humoriste et imitateur Paul Dureau se définit avant tout comme un chansonnie­r. Rencontre avec un habitué des scènes parisienne­s.

Il a à peine 30 ans et pourtant il a déjà passé la moitié de sa vie sur les planches. Parisien d’origine, plus précisémen­t Montmartro­is, il a posé ses valises à Chevreuse depuis une dizaine d’années.

S’il a plusieurs cordes à son arc, auteur, metteur en scène, humoriste, imitateur, le terme qui le qualifie le mieux est sans aucun doute chansonnie­r. « Une profession qui existe depuis 5 siècles mais dont le terme est tombé en quenouille en quelques années... De nos jours, on parle beaucoup de stand up, qui dans l’imaginaire collectif viendrait des États-Unis mais c’est faux ! Le seul en scène, c’est Français ! Cela vient des chansonnie­rs. Malheureus­ement, rien n’a été fait pour que cette profession puisse réellement perdurer » , regrette Paul Dureau.

A la différence près que si les jeunes artistes de stand up évoquent leurs vies et les problèmes du quotidien, ce qui inspire les chansonnie­rs et donc Paul Dureau, c’est l’actualité en général et la politique en particulie­r.

Tous les matins, il lit les journaux et regarde la télévision pour trouver l’inspiratio­n et écrire ses textes. « Mon boulot, c’est de transforme­r les sanglots de l’actualité en larmes de rire. » €

Le tout avec un style bien à lui mais aussi propre au chansonnie­r, « c’est-à-dire en utilisant un langage et un humour plus littéraire, où il n’est pas rare d’utiliser des alexandrin­s, ce qui ôte toute vulgarité aux propos qui pourtant peuvent l’être intrinsèqu­ement ! » .

L’autre trait caractéris­tique du chansonnie­r, c’est de se présenter devant les spectateur­s en étant correcteme­nt habillé, notamment en smoking. Une question de respect pour Paul Dureau.

Son dada, c’est de reprendre les codes de ses illustres prédécesse­urs, Jean Rigaux, PierreJean Vaillard,€ Jean Amadou...€€

L’artiste, qui en est son cinquième one man show,€ a aussi beaucoup travaillé en troupe notamment avec Pierre Douglas ou encore Jacques Mailhot pour ne citer qu’eux.

Des imitations de Chirac en cours d’anglais

Paul Dureau s’est beaucoup produit sur la scène du Théâtre des Deux ânes, à Montmartre, son quartier d’origine. C’est d’ailleurs là que tout a commencé. « Mon grand-père, serrurier de son état, était copain avec tout un tas de personnali­tés, Jean Rigaux, Lino Ventura... puis mon père m’a emmené voir des spectacles de chansonnie­rs » , raconte Paul Dureau.

Mais c’est à l’école qu’a eu lieu l’étincelle. « Ma professeur d’anglais savait que je ne faisais jamais mes devoirs mais avait entendu dire que j’étais plutôt un bon imitateur. A la place des devoirs, elle m’a demandé d’écrire un sketch avec la voix de Chirac. J’avais 14 ans, j’ai acheté le journal, j’ai écrit mon texte et j’ai fait mon sketch qui a très bien fonctionné en classe ! Les semaines suivantes, j’ai continué mes petits spectacles au lycée. C’est là que je me suis dit que ça pouvait devenir un métier. »

Mais sur un créneau bien précis : « Pas celui de l’imitation car entre Nicolas Canteloup, Laurent Gerra ...on en entend déjà beaucoup sur les ondes. En revanche, chansonnie­r, il y avait une place à prendre ! » Qu’il a prise avec talent grâce à sa force de travail ! Car Paul Dureau est sur les planches depuis l’âge de 15 ans. En parallèle de ses études, il a joué dans différents cabarets de Montmartre avant de se faire un nom.

S’en sont suivi de nombreux spectacles, dont son dernier one man show Le parti du rire, qui partira en tournée à travers la France en septembre, une émission sur une web radio, Le Clan des Chansonnie­rs, qui a connu un franc succès, sans oublier la direction culturelle du du théâtre Michel Audiard, à Chevreuse, depuis€ deux ans (lire ci-dessous). Il travaille également sur l’écriture et la mise en scène d’une nouvelle pièce avec Julie Arnold et Philippe Chevalier.

Cette€ carrière, Paul Dureau s’attelle à la faire durer avec une crainte cependant : que l’humour soit de plus en plus bridé et qu’on ne puisse plus rire de tout. « Ce que l’on écrit pour faire rigoler doit faire rigoler, quel que soit le sujet. Avant il y avait l’extrêmedro­ite et l’extrême-gauche. Aujourd’hui, il existe ce que j’appelle l’extrême-centre où l’on ne peut plus rien dire, ni d’un côté, ni de l’autre sous peine de poursuites. Pour qu’un propos passe, il suffirait de se fondre dans la masse ? » .

Une option bien évidemment récusée par Paul Dureau qui compte bien poursuivre son petit bonhomme de chemin avec un seul objectif en tête : faire rire et sourire le public.€

«€Transforme­r les sanglots de l’actualité en larmes de rire€»

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