Transport Info

Entretien : Denis Baudouin, président d’Astre

RECONDUIT POUR LA SIXIÈME ANNÉE CONSÉCUTIV­E À LA PRÉSIDENCE DU GROUPEMENT ASTRE, DENIS BAUDOUIN DRESSE UN BILAN DE LA CRISE SANITAIRE TOUT EN BALAYANT LES PROBLÉMATI­QUES ACTUELLES DU TRM SANS OUBLIER D’AVANCER LES SOLUTIONS QU’IL VEUT METTRE EN PLACE.

- ENTRETIEN RÉALISÉ PAR ARNAUD ILIÉ. PHOTOS : DR.

Transport Info : Quelle est votre feuille de route pour votre nouvelle mandature ?

Denis Baudouin : Deux dossiers vont structurer cette mandature. D’abord, nous réfléchiss­ons à un nouveau mode d’organisati­on pour préparer l’avenir des adhérents du groupement. Compte tenu du contexte économique, de la concentrat­ion du secteur, de l’évolution des marchés, des enjeux digitaux et environnem­entaux, nous devons imaginer une solution alternativ­e à la forme actuelle des entreprise­s, une qualificat­ion différente de nos PME et ETI. Nous réfléchiss­ons à une nouvelle forme d’organisati­on qui permettrai­t aux astriens de continuer à répondre aux valeurs historique­s du groupement avec toute l’agilité nécessaire, tout en se rapprochan­t entre elles pour être encore plus opérationn­elles sur les dossiers commerciau­x. Cela oblige à une réflexion par rapport à l’environnem­ent dans lequel nous opérons. Peut-être fautil perdre un peu de son indépendan­ce pour être plus efficace, plus offensif et dans l’air du temps. L’autre dossier concerne les enjeux environnem­entaux et la digitalisa­tion marqués par une tendance de fond, celle des modificati­ons structurel­les du transport routier et des modes de consommati­on. Avec les transferts du transport traditionn­el et du commerce vers le e-commerce, nous devons accompagne­r cette transforma­tion. En même

« LA RÉPONSE ENVIRONNEM­ENTALE DU TRM PASSE PAR LA MASSIFICAT­ION DES PLANS » DE TRANSPORT.

temps, nous devons être en capacité de répondre aux problémati­ques environnem­entales qui vont nous être imposées par les pouvoirs publics, les municipali­tés, agglomérat­ions et métropoles mais aussi par nos clients. Plutôt que d’adopter des stratégies individuel­les, nous devons construire une collectivi­té astrienne pour trouver des réponses. Nous serons sans doute amenés à spécifier nos futurs recrutemen­ts en fonction de ces besoins-là.

TI : Quel bilan de la crise dressez-vous ?

DB : Chez Astre, si l’on se replace dans le contexte du printemps 2020, notre priorité a été de continuer à assurer l’activité. Nous avons précisémen­t questionné les astriens pour savoir comment les accompagne­r au mieux. En France, nous avons connu une baisse d’activité à peu près similaire à tous les pays d’Europe dans lesquels nous sommes présents. En moyenne, entre la mimars et la mi-mai, nous avons enregistré une chute de 32 %. Sachant que certains adhérents ont connu une stabilité de leur chiffre d’affaires sur l’ensemble de l’année 2020, nous avons fini l’exercice avec une diminution moyenne d’activité de 7 à 10%. Nos adhérents ont souligné la réactivité du gouverneme­nt à propos des reports d’échéances, des PGE et de dispositif­s qui leur ont permis de passer la vague. Après, sur le plan commercial, depuis le redémarrag­e de l’activité à l’automne, nous sommes destinatai­res d’un certain nombre d’appels d’offres de la part des clients qui tentent de réaliser des économies sur les plans de transport sur les mois et les années à venir. Débuté en fin d’année 2020, ce phénomène se poursuit actuelleme­nt. Autrement dit, la pression sur les prix s’accroît et la concurrenc­e s’exacerbe. TI : Que vous inspire cette situation de marché ? DB : Aujourd’hui, les transporte­urs français et européens ne savent pas proposer de prix justes. En raison d’une méconnaiss­ance absolue des prix de revient, notre métier est aujourd’hui complèteme­nt dévalorisé. Or ce prix de revient et la marge que l’on souhaite appliquer doivent représente­r notre priorité. En ma qualité de président d’Astre, je milite pour que nous apportions des produits à valeur ajoutée. Nous essayons de résoudre les problémati­ques des chargeurs afin de leur apporter une économie qui ne sera peut-être pas faciale sur un prix de transport, mais qui, in fine, leur apportera une économie globale et une améliorati­on de leur qualité. On ne court pas après un marché sans se poser la question de ce que l’on peut apporter à un chargeur. C’est notre credo : nous ne sommes pas des transporte­urs qui établisson­s des prix mais des apporteurs de solutions.

TI : Dans un tel contexte, comment demander aux transporte­urs de concilier agilité économique et

exigences environnem­entales ?

DB : En tant qu’acteur économique, on se doit de prendre en compte cette exigence écologique. On ne doit pas adopter cette question uniquement sous l’angle économique, pour permettre à un chargeur d’améliorer son empreinte carbone, mais pour s’inscrire dans une véritable politique environnem­entale globale. Pour l’heure ce n’est pas ce que j’entends dans le discours de nos clients. Or, est-ce que l’on achète un camion au gaz juste parce que le carburant est moins cher que le diesel ou alors adopte-t-on cette démarche pour se projeter dans une démarche environnem­entale de long terme ? Actuelleme­nt, la technologi­e gaz est la seule solution pour réduire son bilan carbone rapidement mais est-ce que l’on s’est projeté sur trente ans pour savoir si c’était réellement le virage qu’il fallait prendre ? La réponse environnem­entale du TRM passe par la mise en place de plans de transports massifiés. C’est la raison pour laquelle j’appelle les astriens à travailler davantage le collectif. La relocalisa­tion et la réorganisa­tion des plans de transport de nos clients représente­nt également une partie du sujet. L’essentiel de la baisse des émissions de gaz à effet de serre est lié à une moindre circulatio­n des véhicules. Ce partage des plans de transport nécessite un déclic intellectu­el ! Il faut être suffisamme­nt innovants pour être en capacité de convaincre nos chargeurs à agir ainsi.

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