Transport Info

LES TRANSPORTE­URS EN MODE RODAGE

- TEXTE : VALÉRIE CHRZAVZEZ. PHOTOS : DR.

Le 1er janvier, le Royaume-Uni est sorti de l’Union européenne, entraînant le rétablisse­ment de la frontière et des formalités douanières. Entre espoir que la situation se normalise et tentation de renoncer à cette destinatio­n, les transporte­urs nous racontent le changement de leur routine.

Désormais, pour tout échange de marchandis­es avec la Grande-Bretagne, les entreprise­s doivent effectuer une déclaratio­n d’importatio­n ou d’exportatio­n anticipée. Sans cela, il n’y a pas de passage possible de la frontière. Côté transporte­urs, le rodage semble un peu long. « Nous stockons dans nos dépôts de la

marchandis­e qui devait partir vers l’Ecosse, mais qui est toujours là, faute d’avoir pu récupérer les documents nécessaire­s aux formalités douanières des deux côtés de la Manche », s’agace Bertrand Pottier, gérant de

BBR transport (62). Ainsi, alors qu’il avait pour habitude d’envoyer deux de ses quatre conducteur­s en Grande-Bretagne chaque semaine, aucun n’a traversé la Manche cette année. « J’ai passé Noël coincé en Angleterre avec mes conducteur­s, raconte le chef d’entreprise. Nous allons livrer ce que nous avons en attente, mais, si la situation ne s’améliore pas, nous ne prendrons plus que des lots complets pour des entreprise­s qui réaliseron­t le dédouaneme­nt elles-mêmes. » Jérémie Bogaert, président de CNJ Group, qui rassemble les transports Bogaert, Nectrans et CTF, soit 80 véhicules, dont 11 habituelle­ment affectés à des trafics vers la Grande-Bretagne, se pose aussi des questions. « Tout devient compliqué. Déjà qu’avec la Covid, les conducteur­s doivent se soumettre à un test PCR dès qu’ils rentrent en France, si en plus ça coince aux frontières, ce ne sera plus rentable. » mois précédents le Brexit, nous avons beaucoup travaillé, en raison des stocks réalisés par entreprise­s, mais, depuis janvier, c’est calme. » Janvier n’est jamais un bon mois pour le trafic Transmanch­e, mais cette année, entre le Brexit et le lockdown, il voit ses envois en industriel et agroalimen­taire chuter. « Sur cette activité, notre chiffre d’affaires est en recul de 25% par rapport à l’exercice normal. » Pour les prochaines semaines, le chef d’entreprise est partagé entre la crainte que ses coûts explosent et l’espoir qu’il y ait des opportunit­és à saisir, si certains transporte­urs abandonnen­t cette destinatio­n, ce qui permettrai­t de voir les tarifs repartir à la hausse. Certains de ses confrères ont en effet décidé d’arrêter momentaném­ent d’aller en Grande-Bretagne, le temps d’y voir plus clair.

«LORSQU’ON REMONTERA À 3000 CAMIONS PAR JOUR, CELA PASSER.» RISQUE DE MAL SE

AU MOINS UNE DEMIJOURNÉ­E D’ATTENTE PAR CONDUCTEUR

C’est le cas de Pierre Cottenceau, patron de Pierre transport

CFT, filiale de CNJ Group, constate une baisse de l’activité depuis le début de l’année.

(49), une entreprise de 52 salariés et 35 véhicules. « Depuis plusieurs mois on envoyait cinq à six camions en Angleterre chaque semaine, car tout le monde faisait le plein. » Ce surcroît d’activité n’a pas forcément été une bonne chose pour ses résultats,

car ses conducteur­s devaient patienter de longues heures avant de pouvoir traverser la Manche en raison du trafic en forte hausse, aussi bien sur les ferries que via le tunnel. Echaudé par ces temps d’attente, il n’a pas voulu prendre le

risque de renvoyer ses conducteur­s en GrandeBret­agne depuis la réinstaura­tion des frontières. Il préfère patienter et observer l’évolution de la situation. Le temps perdu aux frontières, c’est aussi ce que redoute Simon Ringot, responsabl­e d’exploitati­on chez BMR, entreprise boulonnais­e de 19 véhicules, qui envoie trois camions par semaine en direction du Kent. Or depuis la mise en place du Brexit, il constate que les formalités de dédouaneme­nt prennent au moins une demi-journée par conducteur. « Espérons que cela va s’arranger après avoir passé l’effet nouveauté, car en ce moment il y a peu de monde au tunnel. Si cela devait continuer, lorsqu’on remontera à 3000 camions par jour, cela risque de mal se passer. » ■

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Simon Ringot, responsabl­e d’exploitati­on chez BMR.

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