Transport Info

Entretien : Fabien Chazot, dirigeant du groupe éponyme

A la tête du groupe éponyme depuis 2006, Fabien Chazot témoigne de l’évolution de ses activités, des prix et de sa stratégie en pleine pandémie.

- PROPOS ARNAUD ILIÉ RECUEILLIS PAR

Transport Info : Comment présentez-vous l’entreprise que vous dirigez ?

Fabien Chazot : Je dirige un groupe réunissant trois entités : les Transports Chazot à Saint-Étienne (42) et Bordeaux (33), les Transports Chazot à Jonage (69) et les Transports Durand (69). Nous sommes reconnus pour notre activité principale de transport d’une palette jusqu’au camion au complet qui mobilise quotidienn­ement une dizaine de véhicules semiremorq­ue. En outre, nous sommes diversifié­s dans des activités de marchandis­es générales en produits conditionn­és au départ de Lyon et SaintEtien­ne, sur la région Rhône-Alpes et le sud de l’Hexagone. Nous travaillon­s quotidienn­ement sur l’axe Lyon-Marseille ainsi qu’avec l’Alsace tandis que nous assurons un flux régulier vers la Normandie. Aujourd’hui, nous employons 210 salariés et disposons de 340 cartes grises pour réaliser un chiffre d’affaires cumulé de 31 millions d’euros en 2019.

TI : Comment évoluent vos activités dans le contexte actuel ?

FC : Au printemps dernier, nous avons connu l’arrêt brutal de la quasitotal­ité de nos activités à l’exclusion des secteurs de la grande distributi­on, de l’hygiène et de la santé. À l’issue de cette période de deux mois, nous avons enregistré une baisse de 50 % de notre volume d’affaires. L’occasion de recourir à toutes les actions mises en place par l’État pour nous aider à passer le cap excepté le PGE. Lors du déconfinem­ent du mois de mai, notre activité est repartie pour retrouver un niveau quasi normal en septembre, avec une montée en puissance de nos transports liés au secteur automobile, aux produits sidérurgiq­ues et aux métiers du bâtiment. Depuis, nous opérons en attendant de recouvrer toute notre agilité et surtout notre communicat­ion directe entre collaborat­eurs. La mise en oeuvre du télétravai­l entraîne des ruptures préjudicia­bles dans nos échanges d’informatio­ns et le relationne­l avec nos chauffeurs.

TI : Quelle est votre analyse du marché de l’offre et de la demande de transports ?

FC : Avec nos clients habituels, nous assistons à un resserreme­nt appréciabl­e de nos liens grâce à la reconnaiss­ance de notre travail en temps de crise. En revanche, maintenant que nous côtoyons un peu plus les affréteurs, ceux-ci utilisent la situation pour tenter de baisser les tarifs sur les trafics à la demande. Cette tension se traduit concrèteme­nt par des attaques à - 10% sur des flux de transports au départ du sud et sud-ouest de la France. Depuis le mois de septembre 2020, nous sommes soumis à une multiplica­tion des appels d’offres, avec des remises en cause de flux et de moyens logistique­s. Pour certains clients affrontant des situations difficiles, le transport devient une variable d’ajustement. Nous devons donc préserver notre rentabilit­é sur les autres flux. Notre diversific­ation est notre mode de différenci­ation. En apportant une valeur ajoutée, nous permettons à nos clients de progresser. In fine, leur satisfacti­on fait notre développem­ent.

TI : Quelle stratégie allez-vous poursuivre ?

FC : Nous nous appuyons davantage sur les structures du groupement Astre pour notre politique commercial­e. La crise sanitaire a accentué la nécessité de jouer plus collectif. Par ailleurs, j’oeuvre en faveur de notre politique d’offre globale de transport afin qu’un client nous confie son fret quelles que soient la typologie ou les contrainte­s de destinatio­n, de délai et de manutentio­n. Je vise également des métiers de niche. Nous allons poursuivre le développem­ent de notre logistique industriel­le au moyen de nos 19000 m2 d’entrepôt sur la région lyonnaise. Cette activité peu impactée par la conjonctur­e progresse de façon permanente au point de peser aujourd’hui près de 30 % de notre chiffre d’affaires. En même temps, je dois préserver notre positionne­ment de leader pour le transport de boissons sur la région RhôneAlpes. Si ce secteur est actuelleme­nt paralysé, il s’agit d’être prêts pour accompagne­r nos clients dans leur rebond l’été prochain, à un moment que je qualifiera­i d’euphorie post-crise.

« LES AFFRÉTEURS UTILISENT LA SITUATION ACTUELLE POUR TENTER DE BAISSER LES TARIFS » SUR LES TRAFICS À LA DEMANDE.

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