Transport Info

Virginie Broussaud : Le TRM de mère en fille

DIRIGEANTE DES TRANSPORTS LEROUX (87)

- TEXTE : ARNAUD ILIÉ. PHOTOS : DR.

DEPUIS OCTOBRE DERNIER, VIRGINIE BROUSSAUD A OFFICIELLE­MENT REPRIS LES TRANSPORTS LEROUX (87) AUX CÔTÉS DE SON MARI PIERRE-LAURYL. UNE ENTREPRISE FAMILIALE JUSQU’ALORS DIRIGÉE PAR SA MÈRE CATHERINE LEROUX. ELLE NOUS RACONTE SA FILIATION ET SON BAPTÊME DU FEU EN PLEINE CRISE SANITAIRE.

Je ne souhaitais pas reprendre l’entreprise, prévient Virginie Broussaud, et puis un concours de circonstan­ces nous a amené mon mari et moi à vouloir travailler ensemble. » De son côté, après avoir suivi un cursus d’ingénieur en informatiq­ue, Pierre-Lauryl Broussaud a fait ses armes chez un logisticie­n avant de rejoindre sa femme dans l’aventure familiale. « Ma dernière année d’étude en master de biologie me laissait beaucoup de temps libre, précise Virginie. J’ai alors rallié la société de ma mère qui avait besoin de moi pour exercer à mitemps. » À partir de 2006, Virginie Broussaud alterne des passages à la facturatio­n puis à l’exploitati­on avant de prendre davantage de responsabi­lités. Et de se rapprocher en douceur de la direction grâce à l’accompagne­ment bienveilla­nt de Catherine Leroux : « Depuis trois ans, elle nous a laissé plus de latitude : de l’achat des véhicules jusqu’aux relations commercial­es en passant par les négociatio­ns avec les fournisseu­rs. »

POLITIQUE MAISON FACE À LA CRISE

Forte de ses quinze années d’expérience au sein des Transports Leroux, comment dirige-t-elle l’entreprise avec le Covid en toile de fond ? « La crise sanitaire a beau être là, on ne ressent pas trop les difficulté­s, témoigne-t-elle. Nous avons été contraints de nous adapter à la situation mais notre structure familiale avec un fort ancrage régional nous a permis de continuer à transporte­r nos relations historique­s. » Mais pas seulement. « Certains clients nous ont maintenus la tête hors de l’eau, complète son mari, à l’instar des cartonnier­s qui animent l’ensemble du bassin économique du Limousin. » Le Covid a fait bouger les lignes comme il l’explique : « Nous sommes allés chercher des nouveaux clients, nous avons développé des partenaria­ts avec nos relations habituelle­s et nous avons augmenté notre activité de stockage, c’est ce qui nous a permis de rattraper une part de ce que nous avons perdu. » À la fin de l’année, les époux Broussaud sont parvenus à récupérer 250000 euros sur les 500000 euros envolés lors de la crise. Quant aux relations commercial­es, les transports Leroux connaissen­t également l’actualité baissière des prix et des appels d’offres. « Face à cette situation, nous maintenons la politique maison, car ce serait préjudicia­ble à notre profession de tirer les prix vers le bas », clame Virginie Broussaud qui peut compter sur l’engagement de ses salariés pour passer cette période délicate : « Nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur des équipes particuliè­rement investies. Nos exploitant­s, notre personnel administra­tif et nos chauffeurs savent nous épauler. C’est notre force ! »

AUCUN PROBLÈME D’ÊTRE LA FILLE DE

« Être fille de ne m’a jamais posé le moindre problème pour diriger cette entreprise, estime Virginie Broussaud. J’ai grandi au coeur de la société et, aujourd’hui, certains de mes chauffeurs me connaissen­t depuis l’âge de mes deux ans… Je n’ai jamais ainsi éprouvé ce sentiment que ce soit visà-vis du personnel ou des clients. » « Après, il faut savoir rester à sa place, mais cet état d’esprit fait partie de ma personnali­té », avoue la jeune femme qui aborde le sujet de la féminisati­on du TRM sans ambages : « Pour avoir grandi avec ma maman cheffe d’entreprise, devenir dirigeante d’entreprise me paraît complèteme­nt naturel. » Et Virginie Broussaud de poser le débat en ces termes : « Le fait de poser cette question pourrait même nous donner le sentiment d’être stigmatisé­e… Même si nous ne sommes pas encore très nombreuses, la féminisati­on du TRM est en marche. » « Non seulement Catherine Leroux a fait ses preuves au sein de l’entreprise mais en plus, elle a oeuvré pour montrer la place que pouvait occuper la femme dans le TRM, reconnaît son gendre. Cela a sans doute ouvert un boulevard à Virginie… »■

« «MÊME SI NOUS NE SOMMES PAS ENCORE TRÈS NOMBREUSES, LA FÉMINISATI­ON DU TRM EST EN MARCHE.»

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