La santé,
notre bien le plus précieux
Espérance de vie et santé : deux notions distinctes
Grâce aux progrès de la médecine, l’espérance de vie moyenne a doublé en l’espace de huit générations (environ deux cents ans), en augmentant au rythme de deux années par décennie ; pour chaque jour écoulé, l’espérance de vie de chacun d’entre nous augmente de quatre heures, soit dix minutes par heure. Actuellement, l’espérance de vie à la naissance en France est d’environ 85 ans pour une femme et 79 ans pour un homme (Insee, 2019). Mais ces statistiques sont associées à une autre réalité : l’allongement de la vie s’accompagne de perte d’autonomie et de handicaps. Enfin, si l’espérance de vie a régulièrement augmenté, elle ne croît plus aujourd’hui au même rythme, et de nombreux scientifiques considèrent que nous avons atteint un plateau depuis plusieurs années. Il existe alors une autre donnée peut-être plus importante : l’« espérance de vie en bonne santé », qui est le vrai reflet de notre santé. Elle n’augmente plus depuis une dizaine d’années. Actuellement, en France, l’espérance de vie en bonne santé est d’environ 65 ans pour une femme et de 63 ans pour un homme (Insee, 2019). En d’autres termes, une femme vivra, selon les chiffres de l’Insee, vingt ans malade, et un homme, seize ans.
Mais la physiologie (science du vivant) nous enseigne que nous vieillissons dès notre conception. Ce vieillissement, marqueur du temps qui passe, peut également être positif. En effet, de la conception à la fin de l’adolescence (18-20 ans), les différents systèmes physiologiques qui nous composent ne font que se développer. Ce n’est qu’à partir du début de l’âge adulte que notre organisme commence très progressivement à se dégrader. En médecine, nous appelons cette période la « sénescence ». Cette dégradation est imperceptible entre 20 et 30 ans. Nous avons de telles réserves que nous pouvons tout faire ou presque. Entre 30 et 50 ans, ces processus de dégradation s’accélèrent mais nous n’y prenons pas garde, car nous sommes trop préoccupés par notre vie professionnelle et notre vie familiale qui se développent. Mais le vieillissement fait son oeuvre, et, à 50 ans, rien n’est plus comme à 30 ans (si vous avez des doutes, je vous invite à ressortir certaines vieilles photos de vos 20 ans et à les comparer avec celles de vos 50 ans). Entre 50 et 60 ans, les processus s’accélèrent, et nous arrivons à un véritable carrefour. La tension artérielle augmente, mais nous ne sommes pas hypertendus ; le taux de sucres sanguins monte, mais nous ne sommes pas diabétiques ; notre taux de cholestérol croît (avec le mauvais cholestérol), mais nous ne sommes pas hypercholestérolémiques ; nous prenons trois kilos et nous avons beaucoup plus de mal à les perdre. Cette période est rendue encore plus compliquée chez les femmes du fait de la ménopause, qui introduit brutalement un paramètre supplémentaire : la carence hormonale, avec toutes ses conséquences. La suite de l’évolution n’a rien de réjouissant. La période 60-70 ans est celle de l’entrée dans les maladies chroniques (diabète, hypertension…). Je vous rappelle que l’espérance de vie en bonne santé est de 65 ans pour une femme et de 63 ans pour un homme. Entre 70 et 80 ans, le vrai problème est la perte d’autonomie.
Ce constat vous parle, n’est-ce pas ? Ou que vous vous trouviez sur le cycle de vie humain, que vous soyez sportif ou non, que vous fassiez attention à votre nutrition ou non, que vous soyez optimiste ou pas, vous sentez bien que vous vous dégradez doucement (doucement dans le meilleur des cas). Vous sentez bien que cette dégradation ne ralentit pas, et elle vous fait penser aux problèmes de santé de vos parents.
Heureusement, la médecine préventive, armée des très nombreuses découvertes faites les quinze dernières années par les sciences appliquées à la santé et à la longévité, nous donne des perspectives d’action réelles sur la qualité de notre vieillissement. Loin des modes nutritionnelles parfois absurdes, des excès en tout genre, du sport pratiqué en dépit du bon sens, cette rubrique a été voulue pour vous apporter des informations validées utiles à l’amélioration, quel que soit votre âge, de votre statut physiologique personnel. J’insiste sur « personnel », car nous sommes tous différents. Ce qui sera utile à monsieur X sera peut-être contre-productif pour monsieur Y. La personnalisation est certainement la condition essentielle à l’efficacité d’une médecine préventive. Nous allons évoquer ce sujet à travers la mesure de l’âge physiologique dans le prochain article.
En attendant, rappelez-vous que votre santé est votre bien le plus précieux. Chérissez-la !