La médecine de la Longévité
Âge chronologique ou âge physiologique : quels âges avez-vous ?
Nous ne pouvons aujourd’hui parler de santé, de capital santé, de travail sur la santé, ou même donner des conseils santé sans aborder l’outil fondamental de mesure de la santé : l’âge physiologique.
Votre capital santé s’évalue grâce à la mesure de l’âge physiologique ou fonctionnel ou encore biologique. Je préfère et adopte l’expression d’âge physiologique. Cette estimation peut se faire soit pour un système, par exemple les artères (le fameux « âge de nos artères » !), soit pour plusieurs systèmes physiologiques, soit pour tout l’organisme. L’extraordinaire avantage de l’âge physiologique sur l’âge
chronologique est qu’il peut varier dans les deux sens : il peut se dégrader avec les années qui passent, certes, mais, plus intéressant et stimulant, il peut s’améliorer.
Il est absolument impossible de gérer le capital santé d’une personne sans recourir aux mesures de l’âge physiologique, qui seules peuvent valider la qualité et l’efficacité d’une prise en charge. Vous trouvez normal que votre cardiologue vous fasse des électrocardiogrammes de suivi, que votre diabétologue vous prescrive une glycémie avant et après votre traitement, etc., alors pourquoi en serait-il autrement quand il s’agit de votre capital santé pour bien vieillir ?
Comment calculer votre âge physiologique ?
Votre âge chronologique est déterminé par votre date de naissance et n’évolue que dans un sens, toujours le même : il augmente. Il n’est que le reflet du temps qui passe.
C’est un marqueur passif, un peu comme le compteur kilométrique de votre automobile.
Votre âge physiologique, au contraire, correspond à une
évaluation scientifique de vos systèmes physiologiques. Il permet ainsi de mettre en évidence leur dégradation au cours du vieillissement ou leur amélioration, permettant ainsi de valider scientifiquement, au-delà de votre ressenti, l’efficacité ou non de vos actions.
Normalement, à 20 ans, tout fonctionne bien dans votre organisme. Vos artères sont souples, vous avez une bonne capacité respiratoire, vos reins fonctionnent bien, vos muscles sont forts, vos os sont solides, etc. Mais c’est également à partir de 20 ans que vos différents systèmes physiologiques commencent à s’altérer. D’abord lentement, puis de plus en plus rapidement. À 50 ans, vous pouvez avoir les artères d’une personne de 40 ans, ou au contraire celles d’une personne de 60 ans, voire plus, et parfois même bien plus. Et si à 50 ans vous avez la rigidité artérielle d’une personne de 65 ans, votre risque d’avoir une maladie cardio-vasculaire correspond à celui d’une personne de 65 ans et non de 50, votre âge chronologique. Il est donc essentiel de connaître votre âge physiologique pour agir.
L’âge physiologique peut se calculer pour l’ensemble des systèmes qui nous composent (cardio-respiratoire, pulmonaire, osseux, immunitaire…). On peut donc déterminer, pour une personne d’un âge donné, son âge physiologique réel. Au-delà du simple constat de votre état, cette mesure est très instructive à plus d’un titre. Elle va permettre, si vous la renouvelez par exemple tous les ans,
de voir comment vous évoluez physiologiquement. Vous pouvez vieillir comme tout le monde, mais également plus vite ou plus
lentement. Or, plus votre âge physiologique dépasse votre âge chronologique, plus vous vieillissez vite. En d’autres termes, plus vous êtes vieux par rapport à votre âge chronologique, plus vous allez vieillir vite : c’est la double peine ! Mais la bonne nouvelle, c’est que vous pouvez également inverser la tendance.
De nombreux paramètres peuvent avoir une influence sur la qualité de notre vieillissement : nos gènes, notre alimentation, notre métabolisme, notre activité physique, notre stress, notre statut hormonal, notre exposition à des toxiques dans notre vie courante, etc. Par exemple, un terrain (l’environnement des cellules) acide et oxydé par des phénomènes inflammatoires favorise l’apparition de certaines maladies et augmente considérablement notre âge physiologique. Mais nous avons chacun une sensibilité différente à ces différents paramètres. La mesure de l’âge physiologique permet d’identifier les points critiques qui seront à corriger et ceux qui seront à surveiller.
À partir de quand pouvez-vous agir sur votre âge physiologique ?
Vos différents systèmes physiologiques commencent à vieillir à partir de 18-20 ans sans que vous le ressentiez réellement. Par exemple, la rigidité de vos artères augmente en trente ans (de 20 à 50 ans) d’environ 50 %, parfois beaucoup plus. Cela ne veut pas dire pour autant que vous êtes malade. La maladie survient en fait beaucoup plus tard. Vous pouvez faire mesurer votre rigidité artérielle (en mesurant la vitesse à laquelle l’onde de votre pouls se déplace le long de vos artères) et ainsi avoir une idée très précise du stade de votre vieillissement artériel. Un vieillissement accéléré peut se traduire par le fait qu’à 50 ans vous avez l’artère de quelqu’un de 60 ou 70 ans, et donc le risque cardiovasculaire d’une personne de cet âge. C’est en cela également que la mesure de nos systèmes physiologiques constitue un mode exceptionnel de dépistage du risque de maladies et d’identification des populations à risque. Elle est bien plus fiable et pertinente que de simples mesures de données biologiques comme le taux de cholestérol.
Plus tôt vous interviendrez, plus vous aurez de chances d’agir efficacement. Il est en effet possible d’interférer sur le processus du vieillissement à partir de n’importe quel âge. Mais plus vous agissez tard, plus votre intervention sera limitée et longue à être efficace. Votre action reste toutefois toujours possible et jamais inutile.