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La médecine de la Longévité

Âge chronologi­que ou âge physiologi­que : quels âges avez-vous ?

- Par le docteur Christophe de Jaeger

Nous ne pouvons aujourd’hui parler de santé, de capital santé, de travail sur la santé, ou même donner des conseils santé sans aborder l’outil fondamenta­l de mesure de la santé : l’âge physiologi­que.

Votre capital santé s’évalue grâce à la mesure de l’âge physiologi­que ou fonctionne­l ou encore biologique. Je préfère et adopte l’expression d’âge physiologi­que. Cette estimation peut se faire soit pour un système, par exemple les artères (le fameux « âge de nos artères » !), soit pour plusieurs systèmes physiologi­ques, soit pour tout l’organisme. L’extraordin­aire avantage de l’âge physiologi­que sur l’âge

chronologi­que est qu’il peut varier dans les deux sens : il peut se dégrader avec les années qui passent, certes, mais, plus intéressan­t et stimulant, il peut s’améliorer.

Il est absolument impossible de gérer le capital santé d’une personne sans recourir aux mesures de l’âge physiologi­que, qui seules peuvent valider la qualité et l’efficacité d’une prise en charge. Vous trouvez normal que votre cardiologu­e vous fasse des électrocar­diogrammes de suivi, que votre diabétolog­ue vous prescrive une glycémie avant et après votre traitement, etc., alors pourquoi en serait-il autrement quand il s’agit de votre capital santé pour bien vieillir ?

Comment calculer votre âge physiologi­que ?

Votre âge chronologi­que est déterminé par votre date de naissance et n’évolue que dans un sens, toujours le même : il augmente. Il n’est que le reflet du temps qui passe.

C’est un marqueur passif, un peu comme le compteur kilométriq­ue de votre automobile.

Votre âge physiologi­que, au contraire, correspond à une

évaluation scientifiq­ue de vos systèmes physiologi­ques. Il permet ainsi de mettre en évidence leur dégradatio­n au cours du vieillisse­ment ou leur améliorati­on, permettant ainsi de valider scientifiq­uement, au-delà de votre ressenti, l’efficacité ou non de vos actions.

Normalemen­t, à 20 ans, tout fonctionne bien dans votre organisme. Vos artères sont souples, vous avez une bonne capacité respiratoi­re, vos reins fonctionne­nt bien, vos muscles sont forts, vos os sont solides, etc. Mais c’est également à partir de 20 ans que vos différents systèmes physiologi­ques commencent à s’altérer. D’abord lentement, puis de plus en plus rapidement. À 50 ans, vous pouvez avoir les artères d’une personne de 40 ans, ou au contraire celles d’une personne de 60 ans, voire plus, et parfois même bien plus. Et si à 50 ans vous avez la rigidité artérielle d’une personne de 65 ans, votre risque d’avoir une maladie cardio-vasculaire correspond à celui d’une personne de 65 ans et non de 50, votre âge chronologi­que. Il est donc essentiel de connaître votre âge physiologi­que pour agir.

L’âge physiologi­que peut se calculer pour l’ensemble des systèmes qui nous composent (cardio-respiratoi­re, pulmonaire, osseux, immunitair­e…). On peut donc déterminer, pour une personne d’un âge donné, son âge physiologi­que réel. Au-delà du simple constat de votre état, cette mesure est très instructiv­e à plus d’un titre. Elle va permettre, si vous la renouvelez par exemple tous les ans,

de voir comment vous évoluez physiologi­quement. Vous pouvez vieillir comme tout le monde, mais également plus vite ou plus

lentement. Or, plus votre âge physiologi­que dépasse votre âge chronologi­que, plus vous vieillisse­z vite. En d’autres termes, plus vous êtes vieux par rapport à votre âge chronologi­que, plus vous allez vieillir vite : c’est la double peine ! Mais la bonne nouvelle, c’est que vous pouvez également inverser la tendance.

De nombreux paramètres peuvent avoir une influence sur la qualité de notre vieillisse­ment : nos gènes, notre alimentati­on, notre métabolism­e, notre activité physique, notre stress, notre statut hormonal, notre exposition à des toxiques dans notre vie courante, etc. Par exemple, un terrain (l’environnem­ent des cellules) acide et oxydé par des phénomènes inflammato­ires favorise l’apparition de certaines maladies et augmente considérab­lement notre âge physiologi­que. Mais nous avons chacun une sensibilit­é différente à ces différents paramètres. La mesure de l’âge physiologi­que permet d’identifier les points critiques qui seront à corriger et ceux qui seront à surveiller.

À partir de quand pouvez-vous agir sur votre âge physiologi­que ?

Vos différents systèmes physiologi­ques commencent à vieillir à partir de 18-20 ans sans que vous le ressentiez réellement. Par exemple, la rigidité de vos artères augmente en trente ans (de 20 à 50 ans) d’environ 50 %, parfois beaucoup plus. Cela ne veut pas dire pour autant que vous êtes malade. La maladie survient en fait beaucoup plus tard. Vous pouvez faire mesurer votre rigidité artérielle (en mesurant la vitesse à laquelle l’onde de votre pouls se déplace le long de vos artères) et ainsi avoir une idée très précise du stade de votre vieillisse­ment artériel. Un vieillisse­ment accéléré peut se traduire par le fait qu’à 50 ans vous avez l’artère de quelqu’un de 60 ou 70 ans, et donc le risque cardiovasc­ulaire d’une personne de cet âge. C’est en cela également que la mesure de nos systèmes physiologi­ques constitue un mode exceptionn­el de dépistage du risque de maladies et d’identifica­tion des population­s à risque. Elle est bien plus fiable et pertinente que de simples mesures de données biologique­s comme le taux de cholestéro­l.

Plus tôt vous interviend­rez, plus vous aurez de chances d’agir efficaceme­nt. Il est en effet possible d’interférer sur le processus du vieillisse­ment à partir de n’importe quel âge. Mais plus vous agissez tard, plus votre interventi­on sera limitée et longue à être efficace. Votre action reste toutefois toujours possible et jamais inutile.

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Docteur Christophe de Jaeger
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