L’AVENIR DANS LES CARTES
Petite confidence : je nourris une passion déraisonnable pour les cartes. Ça se voit un peu, non ? Il a toujours suffi que je pose le nez sur une 1/25000e pour que surgissent en moi d’étouffantes bouffées d’envies de voyage. J’ai un faible assumé pour les courbes de niveau, leurs ondulations sensuelles, les 8 jubilatoires des cols, le marais altimétrique des pénéplaines. À mesure que s’ouvre le savant accordéon de ce monde miniature, c’est tout un univers qui se révèle, avec ses hauts et ses bas, ses croupes et ses thalwegs. La carte possède la magie incroyable de transposer en trois dimensions l’exaspérante platitude d’une simple feuille de papier. Comme pour rendre hommage à ma chère maman qui, un jour, m’assura que je ne « gagnerais jamais ma vie en la passant le nez dans les cartes », mes activités pour Trek magazine requièrent de dépenser chaque semaine un temps déraisonnable à imaginer, matérialiser, définir ou dessiner des itinéraires de randonnée. Ce qui, bon an mal an, me permet de gagner ma croûte. CQFD. Un bon dessin vaut mieux qu’un long discours. Tout comme une bonne carte est un élément indispensable pour « comprendre » un itinéraire. Ouvrez la carte (en 3D !) des Torres del Paine (pages 76-77) et en un clin d’oeil, vous avez tout compris ! Le nombre de jours, les variantes, les refuges ou campements… Tout est là. Mine de rien, dans votre tête, trotte déjà la première moitié de votre futur voyage en Patagonie. À moins que vous ne vous laissiez tenter par le versant chinois du K2, ou le tour de l’Ausangate. Mon petit doigt me dit que la liste ne fait que commencer…