Laure Alvarez & Johannes Melsen
chefs de projet du chemin des Huguenots en France
« Un chemin chargé d’histoire »
Comment est né le projet du chemin des Huguenots ?
Le Diois (Drôme) et la Région Burgwald (Hesse) ont une longue histoire de jumelage basée sur le fait que beaucoup d’exilés huguenots du Diois se sont installés dans cette région allemande. Le projet « Sur les Pas des Huguenots » est né au début des années 2000 suite à la demande des élus allemands, autour d’un chemin de randonnée international qui suive au plus près le tracé de la fuite des Huguenots après la révocation de l’Édit de Nantes. Une autre façon de s’imprégner de la notion d’exil, sujet historique et contemporain. Très rapidement le travail du comité international, porteur de ce chemin, a été reconnu par l’Institut des Itinéraires culturels européens et par les fédérations de randonnées dans les différents pays.
C’est un itinéraire qui s’inscrit dans une histoire douloureuse mais qui est maintenant une très belle randonnée, y voyezvous un paradoxe ?
Les paysages traversés sont effectivement magnifiques et très diversifiés. Pourtant, les spécialistes qui ont retracé ce chemin d’exil se sont basés sur les fait historiques, l’ambition n’était pas l’élaboration d’un tracé « touristique ». Plusieurs villages parcourus sont des fiefs du protestantisme, on y rencontre des musées, des temples, des habitants portant la mémoire du passé. C’est donc avant tout un chemin chargé d’Histoire. Il me semble que les paysages admirables rappellent d’autant plus la difficulté de quitter un pays contre son gré. Certains font aujourd’hui le choix de faire cet itinéraire de nuit, bravant les intempéries, pour se sentir plus proches des huguenots exilés.
Quelles sont les principaux atouts de cet itinéraire selon vous ? Les paysages à couper le souffle et les lieux culturels traversés, le travail très documenté en amont qui a permis l’élaboration d’un sentier riche de mémoire, de culture et d’Histoire, l’idée très symbolique au départ de relier deux musées du protestantisme : l’un en France et l’autre en Allemagne. Pour finir, la coopération internationale que la mise en place de ce chemin reconnu itinéraire culturel européen a engendrée.