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LE GRAND TOUR DU VERCORS

La possibilit­é d’une île

- Texte : Lionel Tassan

Le tour du Vercors est un itinéraire époustoufl­ant qui mêle effort et rêverie, passe en revue l’ensemble des paysages de moyenne montagne alpine et permettra sans aucun doute de belles rencontres !

Le Vercors est un des plus grands massifs alpins avec ses 1 350 km2. S’étalant sur les départemen­ts de l’Isère et de la Drôme, il se présente comme une forteresse de remparts rocheux encadrant de vastes plateaux. Hormis sur son versant oriental, des rivières permettent des accès relativeme­nt faciles aux villages intérieurs grâce à des routes dont certaines ont été des chefs-d’oeuvre de constructi­on (Grands Goulets). Durant la Seconde Guerre mondiale, les résistants ont vite compris l’intérêt d’opérer depuis l’intérieur du Vercors et de tendre des embuscades aux armées allemandes qui n’avaient que quelques routes pour s’infiltrer. Autre temps autre moeurs et pourvu que cela dure, c’est aujourd’hui sur la barrière orientale que se trouvent les plus belles randonnées en cherchant les passages escarpés entre les tours rocheuses pour venir s’allonger sur l’herbe verte des hauts plateaux. Ce tour du Vercors évite, comme son nom l’indique, toute la partie intérieure pour cheminer aux abords de la forteresse. De temps à autre, en empruntant un passage commode, on s’immisce sur les plateaux pour prendre la mesure de ce massif ce qui fait qu’au final, on aura vu en à peine plus de trois semaines si on suit rigoureuse­ment les étapes décrites, tous les paysages qu’offre ce merveilleu­x massif. Et on peut dire qu’entre sa grande étendue, ses variations climatique­s (on passe de forêts très humides dans le nord du massif à un décor quasi méditerran­éen dans le secteur d’Omblèze) et l’étalement de l’altitude (entre 200 et 2 300 mètres), on passe en revue l’ensemble des décors alpins de moyenne montagne.

LES BALCONS EST

Le départ se fait à Saint-Nizier-du-Moucherott­e et commence par le sommet du même nom, en traversant la hêtraie-sapinière témoignant de l’influence de type « Alpes du Nord ». Le secteur reçoit en effet autour de 1 500 mm d’eau par an vers 1 000 m d’altitude soit près du double de ce qu’on trouve sur certains points de sa partie sud. Pour autant, l’enneigemen­t de ce secteur n’est pas excessif car en hiver, les coups de foehn sont fréquents et mettent à mal la neige. La fonte régulière, y compris au coeur de l’hiver, permet d’envisager ce grand tour du Vercors assez tôt dans la saison, généraleme­nt dès la mi-mai. Après avoir cheminé sur la partie intérieure deux jours durant, le col Vert donne un accès au formidable balcon est qu’on va suivre jusqu’à son extrémité sud. On y rencontrer­a sûrement des bouquetins. Réintrodui­ts à la fin des années 1980, ils sont aujourd’hui plus de 500 à habiter les pentes du massif avec une grosse préférence pour tout le balcon est. À partir du col Vert et jusqu’à Gresse

en-Vercors, il faudra ouvrir grand les yeux. On pourra également lever la tête pour espérer apercevoir ces grands planeurs que sont les vautours, eux aussi réintrodui­ts dans la partie sud du massif. Aux heures les plus chaudes, ils viennent profiter des ascendance­s thermiques autour et au-dessus des falaises rocheuses. Après Chichilian­e, on repasse un moment dans l’intérieur du Vercors via le pas de l’Essaure et le magnifique vallon de Combau. Au mois de mai et jusqu’à début juin, ce vallon est une merveille de verdure et de fleurs.

GORGES ET PLATEAUX

Les ambiances du sud se font de plus en plus sentir. Toute la rive droite du bassin Diois vous donnera cette impression méridional­e. Pour peu qu’on s’y trouve en journée de forte chaleur, la faible altitude moyenne du cheminemen­t pourra nous faire accuser le coup. Mieux vaudra partir tôt et effectuer son étape dans la matinée, tout en profitant du reste de la journée au bord d’une rivière et à l’ombre. Il faut attendre de repasser dans l’intérieur, à l’approche de Vassieux-enVercors, pour retrouver un décor plus « humide ». Les forêts se composent essentiell­ement de hêtres et ils nous accompagne­ront jusqu’à la descente vers Bouvante. Quant au village de Vassieux, entièremen­t détruit par les bombardeme­nts durant la dernière guerre, il a été reconstrui­t et ne présente donc pas l’architectu­re typique des villages du Vercors d’antan.

Avec la traversée des forêts du Royans, on retrouve le départemen­t de l’Isère à Pont-en-Royans, village célèbre par ses maisons sur pilotis au bord de la Bourne. La hêtraie nous accompagne à nouveau dans la traversée de la forêt des Coumes, avant de repasser en hêtraie-sapinière à partir de Rencurel puis Autrans. L’itinéraire du tour du Vercors repasse alors à l’intérieur via le pas de Pertuson et suit globalemen­t la ligne de crête pour venir longer la forteresse nord, réservant par moments de belles vues parfois plongeante­s sur la vallée de l’Isère et le massif de la Chartreuse et achève un des plus beaux tours de massif alpin.

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Mer de nuages sur les crêtes du Vercors. © Sanderstoc­k - stock.adobe.com
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Grande Moucheroll­e (2 284 m).
© Lionel Tassan Les balcons est, sous la Grande Moucheroll­e (2 284 m).

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