Un label, un patrimoine
Ces villages ne sont pas comme les autres. Ils ont une histoire liée à la conquête des grands sommets alpins et s’épanouissent dans un environnement exceptionnel. Ces caractéristiques méritaient d’être mises en lumière pour la satisfaction des visiteurs e
L’opération « Villages d’alpinisme des Écrins », mise en place en 2021 par l’Agence de développement des Hautes-Alpes et le parc national des Écrins, a pour but de mettre en valeur les spécificités de sept points de départ pour les courses d’altitude du plus grand terrain de jeu d’alpinisme en France, un massif qui compte de nombreux glaciers, cent cinquante sommets de plus de 3 000 m et deux de plus de 4000 m. Il s’agit d’en évoquer l’histoire et de montrer comment ces événements relativement récents ont influé sur leur devenir. Le texte qui présente cette démarche originale exprime plusieurs souhaits : réenchanter les villages, promouvoir un alpinisme authentique et respectueux, transmettre la tradition aux nouvelles générations, sensibiliser le public à la beauté fragile du milieu naturel, des valeurs qui figuraient déjà en filigrane dans la charte du parc national.
L’idée a fait son chemin en Autriche dès 2008 avec les Bergsteigerdörfer (villages d’alpinisme) et a été reprise en Allemagne, en Italie, en Slovénie puis en Suisse. On compte aujourd’hui une trentaine de villages méritant cette appellation en Europe. Outre l’affirmation de cette personnalité, on retiendra parmi les actions menées la construction d’une image et d’une offre cohérentes, la réalisation d’études d’urbanisme pour valoriser le cadre naturel et bâti ainsi que pour apaiser les flux de la fréquentation, la mise en place de petits équipements d’initiation à la pratique de l’escalade et de l’alpinisme, l’organisation de conférences auprès du jeune public, d’événements ciblés, d’installations artistiques, d’expositions…
Du fait de leur implantation en haute montagne, les villages d’alpinisme se trouvent en première ligne du réchauffement climatique : recul des glaciers, éboulements rocheux, érosions, crues torrentielles, changements de végétation... Ces phénomènes deviennent une préoccupation majeure pour les habitants et font l’objet de nombreuses études destinées à mieux les comprendre, et aussi, dans la mesure du possible, à les limiter ou les prévenir. Il s’agit aussi de sensibiliser les visiteurs à la fragilité de cette nature dont ils viennent jouir, ainsi qu’à l’incroyable richesse de la biodiversité locale. Ses représentants les plus emblématiques sont le bouquetin, réintroduit en 1977, le chamois, le lagopède alpin, le gypaète barbu, le chardon bleu « reine des Alpes » ou quatre variétés de génépi dont le rarissime génépi des glaciers. Mais la liste est longue puisqu’on compte ici plus de 4 500 espèces animales et végétales.