NICOLAS BOUVIER AU GRÉ DES GÉOGRAPHIES
Alexandre Chollier, éditions Paulsen 2022, 220 pages, 39,90 €
« Écrivain, poète et photographe suisse, Nicolas Bouvier est désormais entré dans la légende des écrivains voyageurs ». Si la première ligne d’introduction de la page Nicolas Bouvier du festival Étonnants Voyageurs omet quelques entrées (Bouvier était aussi documentaliste, journaliste, conférencier, guide…), le mot à retenir est sans doute bien celui de légende. Effectivement : dans le panthéon des écrivains voyageurs, le nom de Bouvier, en une trentaine de livres et bien plus d’années de dehors encore, fait l’objet d’une longue et persistance reconnaissance. Voir bien plus. Avec ce livre, Alexandre Chollier devient à son tour passeur de légende. Pour notre plus grand bonheur : que vous soyez familier ou non de l’oeuvre même, l’iconographie de cette bibliographie, entre autres points forts, est juste… fabuleuse.
Ce qu’on en pense : Inlassablement, « dans tous les axes de la Boussole », reprendre le chemin ? Une nouvelle biographie de Nicolas Bouvier est (toujours…) à saluer. Si vous avez la mémoire d’un galet dans le torrent du monde (Adrien Pasquali, 1996), de Dans la vapeur blanche du Soleil (1999), de Paroles du monde, du secret et de l’ombre (Anne Marie Jaton, 2003), ou de l’oeil qui écrit (François Laut, 2010), le travail d’Alexandre Chollier, les pistes qu’il suit dans cet ouvrage, organisant le lent déploiement de la vie de Nicolas Bouvier, ne manqueront pas de vous séduire. Cette variation large sur les géographies d’un voyageur devenant écrivain (ou est-ce l’inverse ?), de son enfance à ses derniers dehors, accole à cette « bio » bien des détours heureux. Un compagnonnage bien au-delà des pays traversés/aimés, à la fois fidèle et proche, tout autant qu’ouvert aux coordonnées incertaines et aux « blanks on the map ». Nicolas Bouvier aurait aimé, lui qui détestait les rétrospectives ? Inlassablement, alors, reprendre un cheminement du monde, avec lui : « Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu’on porte en soi, devant cette espèce d’insuffisance centrale de l’âme qu’il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui, paradoxalement, est peut-être notre moteur le plus sûr ».