Maggy et Gilles
Coucou Liberté ou le besoin de faire
Il y a ceux qui partent avec un objectif précis en tête, une quête à accomplir en un temps donné, et il y a ceux qui partent simplement pour voir jusqu’où ils iront. Maggy est Gilles se rangent dans cette deuxième catégorie, celle des aventuriers au jour le jour. Portrait de Coucou Liberté, un couple de vanlifers atypiques, rêveurs et pragmatiques.
Maggy et Gilles, Gilles et Maggy. Chantonnez ça sur une musique sautillante, et vous obtenez un petit air familier issu du générique d’une sitcom française des années 90. Ici pourtant, il ne s’agit pas de télévision, et nos deux amoureux ne sont pas en quête de gloire, mais bien d’évasion.
« Nous avons tout quitté en septembre 2017, j’ai dû quitter mon travail de set designer, Gilles était déjà en freelance depuis longtemps, plus d’une dizaine d’années en région parisienne. Nous commencions donc à saturer du rythme métro-boulot-dodo », se souvient Maggy. L’appel de l’aventure se double pour ces deux artistes d’un besoin de réaliser quelque chose de leurs mains.
Quand beaucoup invoquent une envie d’ailleurs, Maggy et Gilles ne s’y cantonnent pas. Au moment d’expliquer leur choix de partir vivre sur la route plutôt que de se contenter d’un quotidien confortable, ils nous racontent. « Ayant peu voyagé et aimant tous les deux les road trips, nous avions d’abord envisagé d’autres moyens de voyage avant de nous rapprocher du camping-car puis du van. On a découvert les communautés anglophones sur le sujet et, peu à peu, l’envie de tester ce mode de vie s’est faite plus forte. Mais l’autre point important, qui nous a motivés à nous lancer, était l’aspect DIY (bricolage, ndlr) de la construction du van. Cela représentait un challenge et beaucoup de choses à apprendre en perspective. »
► Bricoleurs avant tout, le voyage en accessoire
Ce besoin de réaliser, pour se réaliser, a ainsi guidé leurs premiers pas dans le monde de la vanlife au moment de la conversion de Pépère, leur fourgon Mercedes de 1991. « Nous avons créé l’aménagement de A à Z en faisant pratiquement tout nous-mêmes, et nous avons fait appel à un professionnel pour les parties qui nous semblaient plus complexes et trop chronophages comme le gaz par exemple. Comme nous avons fait homologuer le camion, nous souhaitions que cette partie soit aux normes et faite dans les règles de l’art. Au niveau sécurité, cela nous rassurait. Comme nous sommes tous les deux très bons bricoleurs, on avait un peu confiance en nos capacités, même si l’aménagement d’un camion comporte beaucoup de contraintes et tout doit être fait sur mesure. Attention, on n’a pas dit non plus que c’était facile ! Il a fallu beaucoup se documenter, essayer de décrypter les normes, tester et refaire certaines choses. Cela reste quand même une petite aventure », détaille Gilles.
Cette passion pour le travail manuel accompagne d’ailleurs Maggy et Gilles (et leur mascotte et « doyenne » de 15 ans, la chatte Minoutte) sur la route, comme l’explique la bidouilleuse invétérée Maggy qui partage régulièrement en ligne sur les réseaux sociaux ses diverses réalisations : « Avant de partir sur les routes, j’étais set designer, je créais des décors pour des studios photos, et ne plus pouvoir bricoler me manquait énormément. J’ai donc voulu faire des petits objets qui nous serviraient dans le camion. Et Gilles m’a convaincue de les partager sur notre compte Instagram, car cela peut intéresser des personnes qui aiment aussi bricoler avec peu d’outils. Cela me permet d’être beaucoup moins frustrée, et grâce à ça je peux partager ce que j’ai appris et montrer aussi qu’avec peu de matériel, on peut faire soi-même ses objets, ce qui est très satisfaisant. »
Et le voyage dans tout ça ? Il passerait presque au second plan pour ces digital nomads à temps plein, qui financent leurs pérégrinations grâce à leurs activités professionnelles respectives, qu’ils ont tous deux pu dématérialiser. Rendezvous compte: en trois ans, ils n’ont visité « que » trois pays, l’Espagne, le Portugal et la France. Un bilan totalement assumé, comme le laisse deviner leur mantra : « L’important ce n’est pas la destination mais de profiter du voyage. » Car si, comme ils le disent, « on ne va jamais aussi loin que quand on ne sait pas où on va », Maggy et Gilles aiment avant tout prendre leur temps, ce dernier étant une commodité dont beaucoup aimeraient profiter. La différence subtile entre voyager par la route, et vivre sur la route… ◆
L’important, ce n’est pas la destination mais de profiter du voyage...