L’ALLURE DE...
...Jerry Hall par Antonio Lopez, mars 1975.
Quelques mois avant, n’était qu’une AméJerry Hall ricaine de 19 ans, la tête pleine de rêves, tenant dans une main une valise bon marché remplie de robes achetées par correspondance, et dans l’autre un aller simple pour le sud de la France. À Saint-Tropez, la jeune beauté est repérée par un photographe qui l’envoie manu militari à Paris pour devenir mannequin. À peine arrivée, elle tape dans l’oeil de l’illustrateur prodige d’origine portoricaine , en exil doré rue Bonaparte. Il a Antonio Lopez fait du petit appartement que lui prête une Karl Lagerfeld usine à cover girls. Antonio et son compagnon Juan Ramos se servent des jeunes filles comme les sculpteurs d’un bloc de marbre, affinant chaque jour davantage leur identité. Ca, belle Américaine aux origines Chippewa, en thee Dahmen couple avec , star ténébreuse du Roméo et Leonard Whiting Juliette de Franco Zeffirelli ;
Pat Cle, réincarnation électrisée de Joveland séphine Baker ; , icône
Donna Jordan pop platine et maquillée comme une sérigraphie d’Andy Warhol ;
Grace , dont Lopez sera le premier Jones pygmalion avant qu’elle n’achève sa transformation avec Jean-Paul Goude ou , qui aban
Jessica Lange donnera pour une carrière au cinéma, sont toutes passées entre leurs mains. Il ne manquait que Jerry, tout droit sortie d’un film de série B. Avec ses vêtements d’un autre temps, ses longs cheveux blonds à la Veronica Lake, une bouche qui lui dévore le visage, des jambes sans fin et une énergie hors du commun, elle semble née de l’imaginaire du dessinateur et colle exactement à l’esthétique camp (mauvais goût assumé et glamour surdimensionné) qui l’obsède au milieu des années 1970 et d’où émergera l’esthétique disco.
Le mannequin novice et l’illustrateur star (il travaille alors étroitement avec Karl Lagerfeld chez Chloé, pour l’édition anglaise de Vogue et le magazine d’Andy Warhol Interview) formeront même un moment un couple surprenant. Lorsque la rédactrice de mode britannique et le photographe Grace Coddington Norman Par
décident de photographier la beauté blonde en Jakinson maïque, Antonio fait naturellement partie du voyage. Quand le jeune homme n’est pas cadré dans l’image avec Jerry, il documente avec son Polaroid cette prise de vue. Mais les nuages ne tardent pas à poindre à l’horizon : en bonne Texane lucide et terre à terre, Jerry Hall se sépare vite du dessinateur pour se fiancer avec le dandy rock du moment, l’Anglais Bryan Ferry du groupe Roxy Music. La romance immortalisée par une pochette d’album ne résiste pas au sex- appeal du leader des Rolling Stones, l’infidèle Mick Jagger, avec qui elle aura quatre enfants. Il faudra attendre 2016 pour qu’un homme passe finalement la bague au doigt de Ms Hall : au mois de mars dernier, le richissime magnat australien des médias Rupert Murdoch, de vingt- cinq ans son aîné, a obtenu de la toujours blonde Jerry ce « I do » si longtemps attendu. —