Charlotte casiraghi
Après s’être essayée au journalisme, à une carrière pro dans l’équitation, Charlotte Casiraghi est rattrapée par la philo. Restée proche de son professeur Robert Maggiori, qui l’aurait bien vue passer l’agrégation et faire une thèse, elle réfléchit à une autre façon de transmettre la philosophie au grand public, hors du cadre universitaire. Ils en discutent d’abord ensemble, bientôt rejoints par deux autres philosophes, Joseph Cohen et Raphael ZaguryOrly. Ces anciens élèves de Jacques Derrida s’engagent sans réserve au côté de Charlotte. « J’ai trouvé sa démarche très courageuse, explique le premier, enseignantchercheur à l’University College Dublin. Ça devait être compliqué pour elle de se lancer dans une aventure où rien n’était assuré d’avance. On aurait pu se casser la gueule mille fois, mais elle revenait toujours avec le même enthousiasme, de nouvelles idées. » Quant à Raphael ZaguryOrly, Israélien, traducteur de Gilles Deleuze en hébreu, il assure : « Charlotte a la tête métaphysique. Certaines personnes ont une sensibilité artistique, d’autres une sensibilité scientifique. Elle, elle a cette attirance pour ce discours très particulier qu’est le discours philosophique. » Cet automne, les rencontres entrent dans leur deuxième année, avec le corps pour thème. Et Charlotte s’y consacre pleinement, désireuse d’inscrire ce rendezvous dans la durée.
En 2004, l’écrivain et académicien Marc Lambron, membre du conseil littéraire du prix PrincePierredeMonaco, avait adressé une lettre publiée dans Vogue à celle qui fêtait ses 18 ans. « Vous devenez comptable de ce qui jusqu’alors vous était pardonné », lui écrivaitil. Aujourd’hui, il salue le chemin parcouru : « Il y a un récit entretenu depuis cinquante ans sur ce qu’est Monaco : une principauté de conte de fées, le wonderland de la Riviera, estimetil. Le défi de la famille princière est de déjouer le lieu commun, ce que la société du spectacle voudrait qu’elle soit. J’admire tous ceux qui, dans un jeu d’images obligées, jouent leur liberté en sortant par le haut. C’est ce que fait Charlotte. » Qui entend continuer à tracer sa voie loin des figures imposées. L’aventure de l’écriture la tente. Peutêtre le prochain chapitre de son histoire. �