Vanity Fair (France)

LE FILM etait Presque PA FAIT

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Entre le magnat Jean-David Blanc et l’héroïne de Grey’s Anatomy, Melissa George, l’histoire a débuté comme une comédie romantique. Elle s’achève en tragédie avec des accusation­s de violence, l’ombre de mystérieux oligarques et deux petits garçons en otage. SOPHIE DES DÉSERTS revient sur une affaire tristement moderne qui divise Hollywood et Paris.

Leur rencontre fut une évidence. Sur ce point-là, au moins, ils racontent la même histoire. Cette nuit glacée du 12 février 2012, le Royal Opera House de Londres s’illumine pour la cérémonie des Bafta (British Academy Film Awards). Melissa George virevolte dans un fourreau noir, sourire hollywoodi­en blanchi aux séries télévisées, de Friends à Alias et Grey’s Anatomy après une première apparition torride, à l’âge de 19 ans, dans Mulholland Drive. David Lynch lui avait dit qu’elle irait loin. Il ne lui manque plus qu’un grand rôle pour trinquer avec sa compatriot­e, l’Australien­ne Nicole Kidman, qui, ce soir, trône sur scène. Melissa aussi rêve de gloire. Ses yeux bleus percent la foule et tombent sur un quadra en smoking, puissant visiblemen­t. Jean-David Blanc est à la table des winners, avec Jean Dujardin tout juste sacré pour son rôle dans The Artist, le réalisateu­r du film Michel Hazanavici­us, son producteur Thomas Langmann ainsi que Harvey Weinstein, le grand manitou des Oscars, en grande discussion avec George Clooney. L’homme n’appartient pas au septième art, mais il n’en est pas loin : en 1993, il a fondé Allociné, une plateforme téléphoniq­ue devenue un géant du Web qui lui a rapporté des millions. Il s’est offert un nid d’aigle, superbe, avec vue plongeante sur la Madeleine, où les happy few viennent dîner. Il joue du piano, produit quelques films, investit dans des start-up et part de temps à autre s’évader en paramoteur au bout du monde. Un crash à 3 000 mètres d’altitude au Népal a failli lui coûter la vie un an plus tôt, comme il l’a raconté dans un livre dont son ami Guillaume Canet veut faire un film. Bref, le Frenchie a du charme, l’Australien­ne aussi. Ces deux-là se plaisent. Après quelques coupes de champagne, ils s’évaporent, enlacés dans les brumes de Londres. Au réveil, la belle actrice susurre : « Si on se revoit, c’est pour faire un enfant. »

C’était le début d’une romance qui, quatre ans plus tard, a fini dans un commissari­at. Tous les médias – du Parisien à Paris Match, de Fox News au Daily Mail – ont annoncé la tragédie le 7 septembre 2016 : « Melissa George battue à Paris par son compagnon, Jean-David Blanc, le père de ses deux enfants. » Consternat­ion dans les pays anglo- saxons, où l’actrice compte de nombreux fans. Elle est apparue lors de son procès, vestale aux joues pâles, égarée dans une longue robe blanche. Fin mars, elle a donné une interview saisissant­e à la télévision australien­ne, dénonçant l’enfer qu’elle vivait à Paris. « Je suis prisonnièr­e de cet homme », a-t- elle sangloté devant les caméras. Melissa George est devenue la « nouvelle voix des violences conjugales », comme l’a titré le site de L’Express. « Je parle pour toutes celles qui se taisent », souffle- t- elle dans le cabinet de son avocat parisien, Francis Szpiner. Ses mots roulent en anglais, en français, avec des sourires tour à tour onctueux, tristes, combatifs. La comédienne se redresse dans son chemisier à jabot, pantalon fleuri, talons hauts : « Qu’est- ce que je l’ai aimé, my god. Mais combien j’ai souffert, je sais ce que c’est que d’être maltraitée. » Melissa George règle ses comptes. Jean-David Blanc, lui, n’a jamais voulu s’exprimer. Il a lui aussi déposé plainte pour « violences conjugales », et pour « enlèvement d’enfants ». La guerre est totale entre les deux parents. Un psychiatre, mandaté par la juge aux affaires familiales, a tenté de les comprendre. « Ce couple se renvoie des événements, des incidents, comme des prises de vues d’un film qui ne sera pas un long-métrage, s’étonne l’expert dans un rapport écrit avec soin. Cela ressemble à une série d’aujourd’hui. » Tout est là, comme un condensé de la modernité folle, des vertiges du coeur à ceux de l’horloge biologique, des mythologie­s de la maternité à la vie réelle, avec deux bébés plongés dans un monde où valsent les tournages, les affaires, les nounous et même des gardes du corps payés par de mystérieux oligarques.

« Pendant près de six mois, j’avais interdicti­on d’entrer chez moi. » Jean-David Blanc

Derrière la porte blindée, le sourire est fébrile. « J’ai accepté de vous voir car on m’a tellement traîné dans la boue sans que je puisse répondre. Je laissais la justice faire son travail, je voulais d’abord protéger mes enfants, je ne pense qu’à eux », insiste Jean-David Blanc en nous accueillan­t, fin février, dans son lumineux repaire de la Madeleine. Jean, polo bleu, il s’assied dans le coin cuisine d’une pièce immense où le bonheur passé se devine entre les jouets des enfants, les portraits des parents, tous les deux musiciens, et les nombreux instrument­s – piano, batterie, guitare – posés devant les fenêtres. « J’ai du mal à jouer en ce moment, dit-il en dévissant un jus de légumes. Je retrouve progressiv­ement mes marques, ma maison. » Soudain la voix se durcit : « Pendant près de six mois, j’ai été sous contrôle judiciaire, avec interdicti­on de pénétrer chez moi. Je n’avais le droit de voir mes enfants que quelques jours par mois. J’ai même eu du mal à obtenir le droit d’aller dans mes bureaux, qui se situent juste au- dessous. » À l’époque, Blanc accélérait le développem­ent de Molotov, le site de télévision à la demande qu’il a créé avec Pierre Lescure, l’ancien PDG de Canal +. Les plans médias étaient prêts, les interviews calées. Mais c’est un autre cocktail explosif qui l’a propulsé dans l’actualité.

Dans la nuit du 6 au 7 septembre 2016, Melissa George débarque en Uber au commissari­at du VIIIe arrondisse­ment de Paris. « Sommes avisés de la présence d’une femme se disant victime de violences conjugales par conjoint, note un policier dans un procès-verbal consigné à 3 h 15. Cette dernière est en état de choc, en pleurs, elle nous dit avoir des vertiges, des nausées et mal au niveau de l’oreille gauche suite aux coups qu’elle a pris. Elle dit que l’auteur des faits n’a pas consommé d’alcool ou de produits stupéfiant­s mais qu’il est très stressé par son travail. » L’actrice est aussitôt transporté­e aux urgences de Cochin. Le médecin de garde, qui constate « plusieurs ecchymoses et un oedème de la joue gauche » lui accorde dix jours d’ITT (interrupti­on temporaire de travail). Quelques heures plus tard, Melissa George détaillera devant les enquêteurs la scène du drame : 23 heures, elle dormait, Jean-David Blanc s’est couché auprès d’elle. « Le bruit des chips m’a réveillée, je lui ai donc demandé de faire moins de bruit mais il s’est plaint qu’il avait faim. J’ai donc haussé un peu le ton en lui demandant d’arrêter. Il s’est jeté sur moi, m’a saisi le poignet violemment pour m’immobilise­r sur le lit, m’a craché au visage, m’a donné plusieurs gifles. Je l’ai griffé au niveau du torse et du cou pour me défendre. » Jusqu’ici, précise- t- elle, le père de ses enfants n’a jamais été violent.

Melissa George n’est pas rentrée quand ses fils, Raphaël, 2 ans et Solal, 10 mois, se réveillent. Mais elle a appelé la nounou qui vit avec la famille. Le père est prévenu : « Melissa est allée cette nuit à la police... » Jean-David Blanc tombe de l’armoire. Il a bien eu une dispute avec sa compagne dans la nuit, mais rien de grave à ses yeux. La fatigue, l’énervement font partie de la vie quand on a des enfants en bas âge. Par précaution, il se rend quand même, à 8 h 45, au commissari­at du VIIIe arrondisse­ment, pour livrer sa version des faits : il regardait une série, Narcos, avec son casque sur les oreilles, quand Melissa, furieuse d’avoir été réveillée, s’est mise à hurler, à le griffer. Il n’a, dit-il, jamais frappé sa compagne, mais l’a repoussée avant d’aller se rendormir dans la chambre d’ami. Jean-David Blanc soulève son T- shirt, les photos des griffures sont aussi dans son Iphone. Il relativise les faits : l’actrice travaille beaucoup, elle est à cran depuis quelques mois, fatiguée après deux grossesses rapprochée­s, proche d’un burn out, sans doute. Ça passera. Les policiers n’écoutent pas les explicatio­ns d’un homme dont la compagne a déboulé en pleurs au coeur de la nuit. Blanc est placé en garde à vue. Une jeune procureur le prévient : « Les types de votre espèce, il faut les soigner. »

La clinique du docteur miracle

Ils en ont fait du chemin, les amoureux du Royal Opera House. Trois jours après leur rencontre, Melissa George a débarqué place de la Madeleine avec ses valises et son petit bouledogue Glee (joie, en anglais). L’endroit lui a plu, idéal entre ses tournages, non loin des macarons Ladurée et des boutiques de mode dont elle raffole. « Awesome », jubilait- elle en croisant Karl Lagerfeld dans la rue. L’entente fut immédiate avec Rebecca, la fille que Jean-David a eue avec la productric­e Sarah Lelouch. L’adolescent­e, alors âgée de 17 ans, a toujours vécu avec son père, en garde alternée d’abord, puis à temps plein. Aucune femme n’a, jusqu’ici, troublé durablemen­t leur paradis de la Madeleine. Jean-David Blanc y veillait, soucieux de sa liberté, mais on change à la quarantain­e, surtout quand on a vu de près la mort. Après ce miracle au Népal, Melissa ressemblai­t à un nouveau cadeau du ciel. « Elle était saine, sérieuse, sportive ; ado, elle était championne de patins à roulettes, rappelle le compagnon, visiblemen­t ému de remonter le film du naufrage. Courageuse, elle a quitté sa famille à 15 ans pour aller vivre à Sidney, avant de tenter sa chance à Hollywood. » À Paris, l’actrice prenait des cours intensifs de français. Il y avait encore un léger fossé culturel – Melissa a dîné avec Alain Delon sans lui adresser la parole, ignorant qui il était –, mais Claude Lelouch l’a trouvée charmante, tout comme Guillaume Canet, Michel Hazanavici­us et son épouse Bérénice Bejo, qui s’est liée d’amitié avec elle. Une crème, cette Melissa, et indépendan­te, de surcroît, avec ses cachets confortabl­es, ses biens immobilier­s loués à New York et à Los Angeles. Il ne lui manquait désormais que ce bébé dont elle parlait sans cesse. Devenir père à nouveau... pourquoi pas ? Jean-David voulait réfléchir, prendre son temps. « J’en ai plus, moi », pressait- elle en rappelant qu’à 36 ans l’horloge tourne dans le ventre d’une femme. Elle avait quitté son ex-mari, un réalisateu­r chilien, précisémen­t parce qu’il ne voulait pas d’enfant, comme elle l’a raconté dans plusieurs interviews. À l’époque, la comédienne, abonnée aux rôles de femmes fortes, parfois borderline, tournait la série d’espionnage Hunted à New York, après une apparition dans The Good Wife. Ses copines actrices l’avaient envoyée voir Zev Rosenwaks, le pape de la fertilité à Manhattan. En quelques injections, il disait pouvoir faire des miracles. « Je ne pensais qu’à ça : un bébé », confie Melissa George lors d’une seconde rencontre dans un café du Louvre. Elle parle cash devant trois feuilles de salades, lèvres roses, regard bleu acier : « C’était mon obsession. Je voulais aller vite, optimiser les chances en passant par la science. Je

ne l’ai jamais caché à Jean-David, c’était à prendre ou à laisser. »

Lui, il n’est pas le genre de type à prendre des décisions à la légère. Geek dans l’âme, au point d’avoir créé à 16 ans sa première entreprise de logiciels, Blanc a l’habitude de tout anticiper, tout scanner, tout contrôler. Quand il s’est installé place de la Madeleine, rêvant d’un spectacle plus pur, d’une église moins sombre, il a convaincu la Mairie de Paris de modifier la circulatio­n et de rénover les lieux, en se démenant pour trouver des fonds privés. Puis, il est allé solliciter le célèbre artiste américain James Turrell afin d’imaginer un bel éclairage la nuit. Blanc est un ultraperfe­ctionniste. Un drôle d’oiseau capable de lever des millions puis de s’échapper un week- end avec un vieil ami, son ancien professeur de lettres de terminale, pour s’immerger dans les musées de Rome ou de Saint-Pétersbour­g. Dans le business, il a une réputation de « killer ». L’amour, c’est autre chose, une boîte noire... prudence. Après avoir rencontré la famille de Melissa à Perth, demandé conseil à ses copains du cinéma qui lui ont dit « warning », l’entreprene­ur a consulté l’avocate Michèle Cahen qui l’avait épaulé lors de sa première séparation. « Là, tout est rose, tout va bien, a prévenu cette figure du barreau parisien, experte en divorces de puissants. Mais comment ça se passera si les choses tournent mal ? » Elle a rencontré Melissa George avant de suggérer un « contrat parental », sorte de business plan avant que l’enfant paraisse. Tout a été posé noir sur blanc : la seule compétence des tribunaux français en cas de conflit, les conditions de vie (fixée à Paris), l’éducation religieuse et scolaire, l’engagement des futurs parents « à dialoguer pour le choix des établissem­ents, des programmes d’études » et même pour « un camp d’été ou une colonie, l’utilisatio­n d’un ordinateur, d’un téléphone portable ». Les juges écarquille­ront les yeux en lisant le pensum. « Intuition ? Présomptio­n ? Précaution ? » s’interroger­a l’expert psychiatre. Quoi qu’il en soit, Melissa George n’a jamais rien signé et Jean-David Blanc, lui, s’est plié au programme du docteur miracle de Manhattan. Un an plus tard, Raphaël naissait à l’hôpital américain de Neuilly-sur-Seine. Les parents posaient avec le nouveau-né, fous de bonheur avant de se remettre au travail. Lui à Paris, tout à ses projets ; elle aux ÉtatsUnis, en tournage un mois après l’accoucheme­nt, bébé au sein pendant les pauses, nounou au garde à vous nuit et jour. La vie conjugale par Skype, pas facile, mais des retrouvail­les si douces. Un jour, l’actrice appelle son amoureux de New York : « On fait un second bébé ? Je suis prête à me faire inséminer. Il ne manque que ton accord. » Le père apprend alors qu’il reste cinq petits embryons congelés dans la clinique du docteur miracle. Vertige, mais va pour un deuxième enfant, puisque Melissa le veut ; au moins, Raphaël ne sera pas seul. Et la jeune mère reprend son marathon, entre les piqûres d’hormones, les tétées, les sunlights. Aujourd’hui, les traits tirés sous la poudre beige, elle dit : « Je me sentais seule, si seule. À la minute où je suis tombée enceinte, il a disparu, il ne s’occupait plus de moi. » Et lui, regard désolé du mâle qui n’a pas tout compris, répète à ses proches : « Melissa gérait tout comme une machine. Je me sentais démuni. »

Un adorable chérubin, Solal, naît le 3 novembre 2015. Xavier Niel et sa compagne Delphine Arnault viennent l’admirer à l’hôpital américain. Et la vie d’actrice de nouveau, déménageme­nt pour cinq mois à Los Angeles dans la maison de Natalie Portman, près des plateaux de cinéma, les petits en coulisses, le père au téléphone, venu quand même une semaine embrasser la famille et régler quelques affaires. Puis l’Australie, pour les besoins d’une série. Entre deux tournages, les parents se ressoudent à Paris, à Marrakech, au Festival de Cannes, radieux devant les photograph­es. Au printemps 2016, ils posent encore sur les marches de l’Élysée non loin de François Hollande et de Manuel Valls, lors d’un dîner donné en l’honneur du gouverneur général australien, Peter Cosgrove. L’été, ils partent en Corse, où l’actrice dort beaucoup, exténuée malgré la présence d’une nounou 24 heures sur 24. Pour ses 40 ans, le 6 août, elle reçoit une jolie bague, en attendant le diamant commandé chez un joaillier. Début septembre, trois jours avant le drame, les parents invitent la chanteuse Régine dans une trattoria proche de chez elle, non loin de l’avenue Montaigne. Ils lui demandent d’être la marraine de Solal.

Les molosses de l’oligarque

Dans sa caverne alibabesqu­e, au milieu des photos, des costumes, des bibelots, l’ancienne reine de la nuit, 87 ans, traîne un peu la patte mais son esprit galope. Régine se souvient parfaiteme­nt du coup de fil lui annonçant, ce 7 septembre 2016, la garde à vue de Jean-David Blanc : « Je tombais des nues, je n’y croyais pas. » L’entreprene­ur est comme un fils, compagnon de soirées, de dimanches, de vacances, à Saint-Tropez, à Gstaad... Naturellem­ent, elle a adopté Melissa, qui la considère comme « sa maman à Paris ». L’actrice venait souvent chez elle pour un déjeuner, une pédicure entre femmes, des séances de froufrou avec toutes ces robes vintage dont croulent les placards. Ce 7 septembre, au matin du drame, elle débarque chez Régine : « Melissa avait un grand chapeau, comme si des hordes de paparazzi la traquaient, raconte Régine. Je lui ai dit : “Tu ne peux pas faire ça, c’est pas possible, il ne t’a pas frappée, réfléchis bien, c’est le père de tes enfants.” Elle était prête à retirer sa plainte, je l’ai accompagné­e au commissari­at puis, au dernier moment, elle a refusé. » Melissa George réitère ses accusation­s devant les enquêteurs. Mais plus que de la violence, elle parle de la vie avec son compagnon :

« Jean-David ne voulait pas de bébé, c’est moi qui ai insisté et, de ce fait, il m’oblige à tout gérer au niveau des enfants. Aucun échange, il m’ignore, pas de sortie à quatre le week- end, il me reproche que mes enfants font trop de bruit ou salissent la maison... Je dois tout anticiper pour ne pas qu’il s’énerve. » Les policiers retranscri­vent ainsi les reproches. Le lendemain, ils organisent une confrontat­ion entre les parents. Question : « Souhaitez-vous continuer à vivre ensemble ? » Lui répond : « Oui, nous avons tout pour être heureux. » Elle fait non de la tête puis confesse : « J’ai rêvé du prince charmant mais je me rends compte que je suis souvent seule en France. Mon mari préfère aller au travail et quand il est avec nous physiqueme­nt, il est tout le temps au téléphone. »

L’accusé retourne dans sa cellule au dépôt. Au bout de quarante-huit heures, un juge le libère, en lui rappelant qu’il n’a pas le droit d’approcher sa femme et donc, de rentrer chez lui. Sur les conseils de son avocate, Blanc file à la préfecture afin d’établir une interdicti­on de sortie du territoire pour ses garçons, avant de demander à sa fille de prendre leurs passeports. Il craint que Melissa George ne les emmène aux États-Unis. Dans ce cas, avec une plainte pour violences conjugales sur le dos, il risque de ne plus revoir ses fils. Réfugié dans une chambre du Royal Monceau, avant de louer un meublé, le père peine à trouver le sommeil. Le 13 septembre, la nounou lui téléphone : « Monsieur, il n’y a plus personne dans l’appartemen­t, même le chien est parti. » Grâce à l’aide d’un détective, Jean-David Blanc retrouve la trace de sa famille à l’aéroport du Bourget, dans le jet d’un milliardai­re russe, Alexeï Kouzmitche­v, dont l’épouse s’est liée à Melissa lors d’un gala de charité. L’oligarque, proche de Poutine, a aussi envoyé une demi- douzaine de gardes du corps, dont une championne de boxe et un ancien de la Légion étrangère, pour protéger l’actrice. Elle rentre donc sous bonne escorte avec ses fils place de la Madeleine. Melissa George prétend qu’elle n’avait pas l’intention de fuir. « J’avais des castings pour des séries de Netflix », jure-t- elle aujourd’hui encore. Blanc n’en croit pas un mot : « Son objectif était clair, dit-il aux policiers. Il fallait qu’elle m’élimine en partant, en obtenant ma condamnati­on, en m’interdisan­t l’accès au territoire américain. » Le père n’est pas au bout de l’enfer. Pour récupérer quelques affaires, il envoie chez lui son frère, aussitôt placé en garde à vue sur un coup de fil de l’actrice. Elle dépose plainte pour vol de passeports, fait changer les serrures de l’appartemen­t. La fille de Jean-David Blanc ne peut plus rentrer chez elle. Les caméras de surveillan­ce de l’entrée filment Melissa George souriant devant la Madeleine. Sur Instagram, elle poste des photos d’elle au défilé Schiaparel­li, en compagnie de Kylie Minogue. Blanc devient fou. Quelques relations d’affaires le regardent désormais de travers. Un psy lui dit : « Prenez ça à la légère, ça va bien se passer. » Mais les molosses de l’oligarque continuent de vivre chez lui. Il les entend au- dessus de sa tête quand il rejoint ses bureaux. Il les voit le matin conduire Raphaël à l’école Montessori et garder Solal. Le père engage à nouveau un détective et découvre que son bébé de 1 an est souvent laissé seul, dans le froid, à l’arrière de la voiture du chauffeur quand celui- ci va au café. Tout est consigné dans un rapport remis à la justice. Blanc réunit aussi des dizaines de témoignage­s, la mère de sa fille, sa femme de ménage durant quatorze ans, les nounous qui, toutes, dessinent un homme non violent, un « bon père ». Certaines employées évoquent les crises fréquentes de Melissa George quand elle était fatiguée. L’une d’elle témoigne : « Monsieur Blanc me disait alors : “C’est comme une poêle chaude, il ne faut pas y toucher.” » Melissa George, elle aussi, a produit quelques lettres de nounous américaine­s attestant de sa douceur maternelle. Aucune ne mentionne une quelconque violence de l’ancien compagnon. Il a fini par récupérer son appartemen­t. La justice a renvoyé dos à dos les parents, les condamnant tous deux pour violences conjugales, lui à un mois de prison avec sursis, elle à 5 000 euros d’amende. La garde des enfants a été fixée en résidence alternée à Paris. L’ordonnance rendue le 23 février est sévère pour la mère, pointant son « attitude égocentriq­ue laissant peu de place au père et aux besoins des enfants ». Melissa George tremble en lisant le jugement : « On me reproche tout, et aussi de continuer à allaiter. Est- ce que je reproche aux femmes françaises, moi, de fumer devant leur bébé ? Ma famille me manque, mon pays me manque. En fait, notre histoire avec Jean-David, c’est un clash de civilisati­on. » L’actrice a fait appel. En attendant, elle ne peut pas, comme elle le souhaitait, partir vivre avec ses fils à New York, ni même les emmener en tournage à l’étranger. Il faudrait pour cela que le père donne son accord. Mais pour l'instant, loin d’écouter le conseil des psys, il ne prend rien à la légère. �

« J’ai rêvé du prince charmant mais je me rends compte que je suis souvent seule. » MELISSA George aux polIciers

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ENTRE DEUX RÔLES Melissa George avec Jean-David Blanc à Paris en mai 2014. Page de droite : avec Laura Harring dans Mulholland Drive de David Lynch (2001) et dans Triangle (2009).
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 ??  ?? Photo souvenir confiée par Melissa George, avec son compagnon Jean-David Blanc et leur fils né en 2014. LORSQUE L’ENFANT PARAÎT
Photo souvenir confiée par Melissa George, avec son compagnon Jean-David Blanc et leur fils né en 2014. LORSQUE L’ENFANT PARAÎT
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 ??  ?? LIAISON FATALE Melissa George et Jean-David Blanc le 11 mai 2016 au Festival de Cannes pour la projection Caféde Café Society, Society, de Woody Allen.
LIAISON FATALE Melissa George et Jean-David Blanc le 11 mai 2016 au Festival de Cannes pour la projection Caféde Café Society, Society, de Woody Allen.
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