Vanity Fair (France)

Tatiana de Rosnay écrit sa amme à Tamara de Lempicka.

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hère Tamara, On peut se tutoyer ? D’après ce que je sais, ça ne devait pas trop t’offusquer, qu’on te tutoie. À vrai dire, ça devait même te plaire. Lorsque j’annonce que je viens de terminer un livre sur toi, une fois sur deux, on me dit : « Ah oui, Lempicka, le parfum ? » Tu aurais détesté, évidemment. Car il n’y a qu’une Lempicka. Une seule. Toi. Mais ceux qui connaissen­t ton travail ne t’ont pas oubliée. Cela te console, d’être inoubliabl­e.

Pour écrire ce livre, j’ai parlé à ta petite-fille, Victoria, et à tes arrière-petites- filles, Marisa et Cristina Doporto. Elles prennent ta défense, lorsque j’évoque ton égocentris­me, ta vanité. Tu n’avais pas le choix, selon elles. Tu étais arrivée à Paris avec presque rien. Tu as tout construit, seule. J’entends la fierté dans leurs voix. Tu as été la première de ta génération à devenir une self- made woman, à imposer ton propre marketing, à contrôler ton image. Cristina m’apprend que tes tableaux se vendent aujourd’hui à 10 millions de dollars. Tu aurais tant aimé cette consécrati­on. Elle me fait remarquer qu’elle descend d’une lignée de femmes, entourée par des femmes. Toi, tu as grandi avec ta grand-mère adorée, tes tantes, ta mère, ta soeur. Plus tard, tu as eu ta fille Kizette. Cela s’est

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