Vanity Fair (France)

Par Bénédicte Burguet

Du blanc, du beige, de l’ivoire et de la douceur pour passer l’hiver.

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es aficionado­s d’art contempora­in l’ont certaineme­nt remarqué : à défaut d’avoir pu voir son travail exposé dans les musées, c’est dans les vitrines de Louis Vuitton qu’est exposé le travail d’Urs Fischer. L’artiste suisse, connu pour ses statues de cire et ses installati­ons monumental­es, est pour la seconde fois l’invité de la maison, après avoir conçu un sac de la collection Artycapuci­ne en 2019. Cette fois, Vuitton lui a proposé de revisiter son monogramme. Pas sur un sac, mais sur sept ainsi que sur des accessoire­s et du prêt-à-porter. En rouge et noir et en blanc et noir, il se transforme en version manuscrite, comme autant de « récits visuels » appelant, selon Urs Fischer, autant à la mémoire qu’aux effets de distorsion. « Je souhaitais donner une dimension tactile 1 2 et texturée au monogramme et pas simplement le représente­r sous la forme d’un imprimé en 2D », explique l’artiste, qui a mis au point avec les artisans de la maison un tuffetage spécial donnant un relief inédit à chaque pièce. « La collaborat­ion est extrêmemen­t riche, des articles de maroquiner­ie en édition limitée jusqu’aux sneakers, accessoire­s et modèles de prêt-à-porter, sans oublier le monde ultra-accessible des vitrines et des contenus numériques », poursuit Urs Fischer, qui, côté produit, a fait la part belle au sportswear, des T-shirts aux vestes à fermeture à glissière en passant par les pantalons, les robes et un top. Il invente aussi un drôle d’univers peuplé de chats, d’oiseaux, d’oeufs et d’avocats – et même d’une peau de banane –, déclinés sur un carré de soie. C’est ce qu’on appelle avoir l’art sur la peau. �

l est 5 heures, la peau s’éveille. C’est en effet quand notre corps se repose que notre épiderme s’active : régénérati­on, réparation, accélérati­on de la microcircu­lation sanguine... De nombreuses études démontrent que la multiplica­tion cellulaire atteint son niveau maximum à 1 heure du matin, quand le nombre d’agressions extérieure­s diminue. On comprend mieux, dès lors, le rôle d’un soin de nuit : stimuler le processus naturellem­ent mis en place par nos tissus pour se régénérer et de profiter d’une plus grande perméabili­té de la peau pour la gorger d’actifs. Longue est la nuit. �

orsqu’on pense au Japon, ce n’est pas le curry qui vient en premier à l’esprit. Et pourtant, les Japonais sont friands de ce mélange d’épices introduit à la n du XIXe dans l’archipel et qu’ils ont su transforme­r à leur façon. Il n’en fallait pas plus pour attirer l’attention du chef Olivier Roellinger durant un voyage pour un congrès sur les ressources halieutiqu­es, où sa traductric­e n’était autre que l’autrice culinaire Ryoko Sekiguchi.

« Nous sommes allés plusieurs fois au Japon en famille et la présence de ces currys nous avait étonnés », explique la lle du chef, Mathilde, ex-avocate, aujourd’hui chargée du commerce d’épices familial – le meilleur des voyages gastronomi­ques depuis bientôt un an. C’est pendant le con nement que le projet d’un livre et d’un mélange d’épices se forme sur la côte bretonne, dans la cuisine de la famille. « Ryoko avait rassemblé toutes sortes de currys. On a travaillé avec du fenugrec – qui apporte un côté animal, comme le musc en parfumerie –, de la coriandre et du curcuma, mais il manquait de la profondeur pour retrouver une sensation d’umami, poursuit la parfumeuse de palais. Nous avons nalement travaillé la laitue de mer et un hatcho miso de soja et de blé vieilli plusieurs années, ainsi qu’un poivre et un piment peu piquants. »

La mère de Ryoko Sekiguchi goûte au mélange, travaillé avec un roux. Ce curry-là a pour la vieille dame « le goût de la nostalgie ». « C’est d’autant plus touchant que c’est un apport récent à la cuisine japonaise. Puis nous avons imaginé tous ensemble ce petit livre. Dix recettes, pas plus : cinq japonaises et cinq plus occidental­es, à partir de risotto et d’huîtres ou de cocos de Paimpol. » Car pour Mathilde Roellinger, « les mélanges d’épices sont comme de la musique : il y a une partition, mais chacun adapte à sa façon les mélodies préexistan­tes. C’est le goût de la liberté » – celui qui nous a tant manqué.

ssez de Saint-Moritz ! En 1919, au sortir de la Première Guerre mondiale, les gothas français et allemands skient ensemble sur les pistes de la vallée de l’Engadine comme si de rien n’était. Ou presque car, pour Noémie de Rothschild, c’en est trop. Cette fervente patriote, lasse de croiser le baron Krupp, décide de fonder une station française plus huppée encore que sa rivale suisse. Elle choisit Megève, un village perché à 1 350 mètres d’altitude o rant un panorama à couper le sou e pour installer l’établissem­ent de ses rêves : le Palace des neiges. Dès 1921, cette constructi­on rustique- chic accueille toute la noblesse française et internatio­nale qui apprécie son luxe version Heidi millionnai­re, sa patinoire, ses remontées à chenillett­es et le premier spa de montagne du monde. La famille Rothschild fait de la station un rendez-vous hivernal immanquabl­e. Ski, fête & fun. Dans les années 1960, la petite ville devient le Saint-Tropez d’altitude. Edmond de Rothschild, ls de Noémie, fait construire les chalets du mont d’Arbois pour héberger une centaine d’invités conviés à la fête des Cent Heures.

Aujourd’hui couvée par Ariane de Rothschild, épouse du petit- fils de

Noémie, la station n’a rien perdu de sa superbe. Même si, selon la baronne, elle s’était quelque peu endormie : « Lorsque j’ai lancé la constructi­on de l’hôtel Four Seasons [inauguré en 2017], il fallait absolument faire bouger les lignes, insu er une énergie nouvelle tout en respectant la magie du lieu. » Le groupe Edmondde-Rothschild Heritage est donc à la tête de deux établissem­ents placés sous l’enseigne Four Seasons. « Mon but est de proposer deux expérience­s, explique Ariane de Rothschild. Les chalets du mont d’Arbois sont typiques et familiaux alors qu’au Four Seasons, j’ai plutôt livré ma propre interpréta­tion des séjours à la montagne. J’y ai marié les références alpines traditionn­elles avec des oeuvres d’art contempora­in et des clins d’oeil à des cultures lointaines. » Un goût qui se retrouve dans les 55 chambres (dont 14 suites) comme au restaurant La Dame de Pic/Le 1920, qui accueille depuis octobre 2020 la che e multi- étoilée Anne-Sophie Pic.

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