Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Crowdfounding : les voies du seigneur sont aussi sur Internet
Toujours en pointe en matière de communication, l’évêché du Var vient de lancer le premier site Internet de financement participatif diocésain. Une manière de trouver de nouveaux donateurs
Design raffiné, interface intuitive. D’un point de vue ergonomique, le site Internet n’a rien à envier aux références du genre que sont « Leetchi » ou « Ulule ». Le 15 octobre, le diocèse du Var a mis en ligne sa plateforme de financement participatif, disponible à l’adresse don.frejustoulon.fr. Une première nationale, pour une entité cultuelle, mais pas une révolution culturelle, souffle-t-on du côté du diocèse. « Historiquement, l’Église a l’habitude de travailler autour du don », pose Yann de Rauglaudre, délégué épiscopal à l’information et à la communication.
Quatre millions d’euros de masse salariale
De fait, depuis 1905 et la loi de séparation des Églises et de l’État, les diocèses ne peuvent compter que sur la générosité des fidèles pour fonctionner. Si l’argent collecté lors de la quête sert plutôt à entretenir les églises (1), le « denier du culte » permet avant tout de rémunérer les hommes d’église. Ainsi, chacun des 272 prêtres varois perçoit une redevance mensuelle d’environ 450 (2), le diocèse prenant également en charge les cotisations sociales estimées à 700€. Si l’on ajoute les salaires des vingt laïcs employés par l’évêché, on arrive à une masse salariale de près de quatre millions d’euros. Une sacrée somme que l’évêché parvient à collecter, année
après année, auprès des croyants. Car si dans de nombreux départements le montant des dons s’érode, les chiffres varois sont plutôt dans le vert.
« Fidéliser les fidèles »
Yann de Rauglaudre y voit le fruit du travail mené depuis plusieurs années par son service : « Nous avons pris conscience depuis longtemps qu’il ne suffisait plus de laisser des enveloppes au fond d’une église pour que les gens nous adressent des chèques. Aujourd’hui, ils attendent un peu plus. » Comme si les donateurs avaient besoin de « voir pour croire » que leur don a été utile. La politique de transparence et de pédagogie, mise en place passe par l’envoi régulier d’éléments de communication contenant courbes et graphiques, rappellerait presque une « lettre aux actionnaires » d’une entreprise cotée en bourse. « Il faut expliquer à quoi sert concrètement l’argent, reprend le délégué épiscopal, suivre les donateurs, les relancer afin de les “consolider ” ». Comprendre : en faire des donateurs réguliers qui optent pour un prélèvement automatique mensuel. Ces fidèles parmi les fidèles représentent un quart des donateurs, mais contribuent à 44 % du montant total des dons.
« On ne vend pas des indulgences »
Déjà présent depuis quelques années sur Internet, le diocèse espère lancer une nouvelle dynamique avec son nouveau site inspiré du crowdfounding, ou financement participatif. Double objectif : rajeunir le 1. L’entretien des églises bâties après 1 905 n’est pas pris en charge par l’État. Cela représente environ 40 % des lieux de culte à Toulon. 2. Cette redevance est complétée par une somme prélevée sur les offices, ce qui amène leur rémunération mensuelle à environ 875 euros.