Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Monaco fait sensation
Le promu au jeu rapide, co-leader du championnat, est bien parti dans sa quête des play-offs...
De la troisième division (N1M) à la première place exaequo de Pro A en deux ans : la renaissance express de l’AS Monaco commence à faire du bruit sur la planète basket. Pas encore de quoi faire trembler les gros, mais le choc des co-leaders, dimanche à Strasbourg, en dira plus sur les moyens de la Roca Team. « Strasbourg est une équipe d’Euroligue, supérieure à nous, mais certainement pas invincible », note Zvezdan Mitrovic, coach de cette équipe monégasque qui a passé à la moulinette Rouen Métropole, lundi soir à Gaston-Médecin (90-58). Les moyens injectés (4,8 millions de budget) par le président-mécène ukrainien, Sergei Dyadechko, expliquent en bonne partie le phénomène Roca Team. Mais pas que. Nancy (zéro victoire) s’appuie grosso modo sur un budget identique à celui de l’ASM. En fait, le promu de la Principauté commence à imposer son style, et aussi (un pari qui n’était pas gagné à l’avance) à remplir les gradins de Gaston-Médecin (2000 spectateurs contre nanterre, 2300 contre Rouen). « Monaco défend bien et joue vite, avec beaucoup de contre-attaques, de jeu de transition sous les 7 secondes, à la façon NBA, qui provoquent aussi des fautes adverses », note l’ancien coach et recordman des sélections en équipe de France, Hervé Dubuisson, qui a remis en mains propres lundi soir son autobiographie(1) au Prince Albert. « C’est un basket plaisant à voir, avec des joueurs qui tiennent bien au sol, forts en pénétration. À Monaco, on ordonne un système une fois que le jeu ne s’est pas déroulé, et non l’inverse ». Billy Yakuba Ouattara (11,8 pts, 2, 8 rebonds, 61% aux shoots), l’ancien arrière de Denain, révélation du début de saison, illustre cette débauche d’énergie. Et comme les nombreux shooteurs de l’ASM peuvent faire exploser n’importe quelle zone (Shuler, Cel, Kanté, Gladyr, Ouattara, Nelson...), Monaco devient compliqué à arrêter. Plutôt petite dans la peinture (pas un joueur de plus de 2,04m), la Roca Team compense par du muscle (Mbida et Uter). Amara Sy, l‘‘Amiral’’, n’hésite pas à porter secours sous les panneaux.
Nelson sur le départ ?
« On est encore perfectibles, mais tout le monde participe, on se sent une vraie équipe », note l’international polonais, Aaron Cel. « L’objectif reste d’atteindre les play-offs. Et si possible, disputer une Coupe d’Europe la saison prochaine », témoigne l’ancien shooteur de Nanterre, l’Ukrainien Sergii Gladyr. La Roca Team pourrait cependant être confrontée à un écueil : appelé pour une pige d’un mois en remplacement de Lary Drew II, blessé, DeMarcus Nelson s’est vite imposé comme un pion majeur (10,2 pts, 4 rebonds, 5,4 passes). Or, le CDD de l’ancien joueur du Panathinaikos prendra fin au lendemain du match à Strasbourg. Et du côté de l’ASM, on reconnaît que financièrement parlant, les chances de garder Nelson (gros CV qui pourrait attirer les puissants d’Euroligue) sont plutôt minces. Drew de retour, Nelson indiscutable, Darrel Mitchell est resté en civil contre Cholet et Rouen. Un luxe (trois meneurs US pour deux places) que l’ASM aura donc du mal à se permettre. Si D. Mitchell retrouve son niveau de la saison passée, et si Larry Drew ajoute la finition à ses grosses qualités de dribbleur et passeur, Monaco aura encore du répondant à la mène.
1. « Une vie en suspension », éditions Ipanema.