Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
En plein potage
Tandis que les pilotes n’en finissent plus de se demander s’ils se trouvent encore du bon côté du manche, les restaurateurs sont implicitement priés par l’Organisation mondiale de la santé de réécrire leurs cartes. Aux grands chefs dont la condamnation des viandes rouges et de la charcuterie remet en cause les plus succulentes spécialités, je voudrais, en reconnaissance des conseils gastronomiques qu’ils me prodiguaient depuis des décennies, soumettre quelques suggestions pour un nouveau menu idéal. On commencerait par des carottes râpées dont les maîtres d’hôtel feraient remarquer qu’elles n’ont aucun rapport avec l’enseigne lumineuse des bureaux de tabac, responsables d’encore plus de morts que la côte de boeuf et les rillettes. On enchaînerait avec quelques radis mais sans gros sel ni tartine beurrée, stigmatisés par les cardiologues. Après un potage aux légumes, une farandole de salades (sans assaisonnement mais servies par des maraîchers en costume folklorique) préluderait à l’arrivée des fruits de saison cueillis à la main et lavés à l’eau de source. Le tout serait arrosé de sirop d’orgeat, la boisson préférée des enfants et des adultes souhaitant conserver leur permis. Les convives ne creusant plus leur tombe avec leur fourchette et n’ayant plus rien à découper, seraient autorisés à manger avec leurs doigts. Ne dramatisons pas. Ce n’est pas la fin des haricots. Mais leur retour.